Rappel du premier message :



Il ne fallait pas se mentir, en dehors de la ville et ses vapeurs, il faisait frisquet. Le genre de petit vent froid campagnard fort peu agréable en début d'année mais Ineska pourrait toujours prétexter avoir attrapé un vilain rhume lors de sa galopade avec Perle. En tant que cavalière bien entendu, pas compagne équine. Courir la crinière au vent, à marteler le sol de ses sabots et se sentir entière et puissante à l'image de ces machines de cuivre et d'étain lui faisait un bien fou. Et qu'on ne lui sorte pas des idioties de communion avec son Moi animal, il suffisait de voir un cheval vous foncer dessus en plein galop pour comprendre. Sauf que le cheval, c'était elle.

Enfin, présentement, elle était plutôt une humaine frigorifiée à nettoyer la sueur de son corps pâle dans le cours d'eau, sa jument gardant sa robe au chaud (elle l'avait posée sur elle, Perle n'était pas assez délicate pour ne pas l'abîmer en se couchant dessus). Elle gardait ses dessous mais mon Dieu qu'il faisait froid !

"Les choses changent toujours mais seuls notre Seigneur et le temps pourront nous dire si c'est en bien ou en mal. S'Il vous donne la chance de pouvoir faire vos preuves et penchez la balance, saisissez-la." Le regard vairon, l'espace d'un instant, s'était fait plus terne en se posant sur sa jolie tasse vide de porcelaine teinté par le dépôt de sa boisson. "J'aimerai aussi améliorer les choses et je fais au mieux avec le peu de liberté que j'ai."

Il hocha la tête en la fixant. - C’est sûr que c’est avec le temps qu’on va savoir s’il aura des changements. Il était intrigué par ce qu’elle avait dit. - C’est possible de savoir ce que vous faites pour améliorer les choses ? Si ce n’est pas indiscret ?

"Rien d'indiscret. Puis qu'apparemment mon seul plus serait d'être aisée, je donne quand je le peux aux orphelinats ou aux soirées de charité. Dîtes," se reprit-t-elle en levant la tête, fixant Anatoli sans sourciller, "s'il actuellement j'exerçais un métier, lequel voyez-vous me correspondre ?"

C’était bien de donner aux orphelins, il l’écouta avant d’être surpris par sa question, il réfléchit un moment. - Au début j’ai cru à une chasseuse, mais je vous vois dans le métier de l’espionnage.

Elle cligna plusieurs fois des yeux, étonnée (et non maquillée ! Elle n'y pensait que maintenant !) par la réponse. "L'espionnage...? Vous avez des espions dans la police ?"

Il était surpris par la réaction de la jeune femme - Non pas dans la police, mais vous savez que chaque état à surement des espions, je pensais que vous le saviez. Le jeune homme avait baillé légèrement - Désolé je pense qu’il se fait un peu tard.

"Ciel ! Je n'avais pas vu l'heure non plus et j'ai encore de la route. Galoper en pleine nuit me sera tout bonnement impossible." Trifouillant dans un petit sac en bandoulière, elle put sortir assez de roubles pour les trois consommations. "Navrée de partir si précipitamment et encore merci Anatoli."

Anatoli sourit en ayant appelé pour payer et il allait surement prendre une chambre. - C’était un plaisir d’avoir discuté avec vous, j’espère qu’on pourra se revoir. Faite attention à la route, bonne soirée. Dit-il en lui faisant un signe de la main, il s’étira avant de se lever.