Rappel du premier message :

Le Seigneur a accompagné Ruf pour une nouvelle journée. Elle n'a pas encore tenté de parler à des hommes pour s'entraîner et se montrer digne de la confiance que Dieu a placer en elle. Elle a préféré s'occuper du potager, des clapiers et des enfants de l'orphelinat. Le quotidien paisible de la nonne allège son cœur et lui donne le sourire.

L'angélus sonne, annonçant midi. La nonne prend le temps de l'écouter assise sur un banc dans la rue de son quartier. Elle a encore le temps avant de servir le repas aux enfants et de manger le sien.

Darya se met à rire, d'un ton franche et léger.
"Il n'y a rien de compliqué avec les femmes ! Qu'est-ce qui vous parait obscur ? Ne pensez-vous pas cela juste parce qu'on vous l'a répété ?"

"Et bien... je ne sais pas trop" ne se vexa nullement Klyde, il avait l'habitude d'être moqué sur son ignorance. "Mais je n'arrive pas parler aussi naturellement. Puis y'a tellement de règles quand on est un homme envers les femmes... la bienséance, c'est ça le mot ?"

"Ah oui, la bienséance ça complique un peu les choses. Mais, ce n'est pas si handicapant ? Vous nous parlez bien à nous deux et nous sommes des femmes."
Ruf ne dit rien et observe la discussion avec bienveillance.

Le "Heu....." perdu ne fut pas prononcé mais il se lisait bien. "Ce n'est pas... la même chose. Oui vous êtes des femmes -de belles femmes qui plus est- mais vous êtes surtout des religieuses à Son service et..." Et Sveta ne l'aidait absolument pas sur ce coup, l'Ange restait muette comme une tombe. "C'est différent. C'est comme un prêtre ou un autre homme dans la rue, je ne parlerai pas pareil... ni des mêmes choses." .... ne pas se rappeler de Viktor, ne pas se rappeler de Viktor....

"Je ne suis pas encore officiellement une religieuse et tous les Hommes sont au service de Dieu en un sens. Je crois que vous vous prenez trop la tête avec ça. Soyez juste naturel et tout ira bien."
Ruf, par contre, comprend un peu plus ce que veut dire Klyde. Elle a elle-même du mal à parler aux hommes, surtout ceux qui n'appartiennent pas à la sphère religieuse.

"On me le dit souvent, que je pense trop... merci ma sœ... heur, merci Darya" concéda-t-il avant de revenir à son repas. Bon nombre des enfants avaient déjà fini mais attendaient sagement l'autorisation de sortir de table.

Il est temps de ranger la table et de remercier le Seigneur pour ce bon repas. Les enfants les plus âgés s'activent tandis que les plus jeunes vont jouer.
"Klyde, vous vouliez me parler, je suis là pour vous," signale Ruf.

"Je pourrais vous aider pour le repas ? Laissez-moi au moins faire la vaisselle pendant que nous parlons..... s'il vous plait ?" Ruf fut témoin du retour des yeux de petit chiot caneton, très désireux de rentre un temps soit peu la pareille.

"Oui, si vous insistez. Darya, occupe-toi bien des enfants pendant ce temps.
- Oui, Ruf."
Tous deux se trouvent maintenant seul à seule dans la cuisine de l'orphelinat.
"Alors, quels sont vos questions ? Je suis tout ouïe."

Assiettes et bols furent habillement empilés et portés vers le grand évier où Klyde retrouva ses vieilles habitudes du camp quand c'était son tour de corvées (ou qu'il était puni). "A vrai dire, il y a en plusieurs. Je suis sorti du prieuré il n'y a que quelques mois et... plus je passe du temps en ville, plus je me sens perplexe de ce que je vois et entends." Maintenant qu'il s'était lancé... "Vous avez mentionné l'amour d'un mari et sa femme mais... même sous les liens sacrés du mariage, l'époux peut-il se montrer violent envers celle qu'il a juré devant Dieu de protéger ? Comment est-ce possible ?"

Ruf lâche l'assiette qu'elle avait le malheur de tenir.
"Oh, je suis désolée."
Elle se penche pour ramasser les gros débris. Elle ne sourit plus, ses yeux fixent droit devant elle. Une certaine angoisse se lit sur son visage.

"Ma sœur !!" s'en voulu immédiatement le Guide, absorbé par sa vaisselle. Il aurait dû empêcher l'accident. "Non laissez, je vais m'en occuper. Ma faute, pardon" se précipita-t-il sans crainte de se blesser, il avait suffisamment peur pour elle. "Vous... vous allez bien ? Ma faute, pardon... je suis désolé ma sœur, je n'aurai pas dû vous importuner..."

Ruf s'écarte de l'objet brisé pour laisser faire le jeune homme. Ce dernier peut remarquer qu'elle tremble légèrement.
"Je ne suis pas importunée, j-- juste… surprise. Pourquoi me posez-vous cette question ?"
Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : Tu es mon Dieu !
Je n’ai pas d’autre bonheur que toi, récite Ruf dans sa tête.

Les plus tranchants des morceaux finissent dans sa main gantée mais l'attention du brun est tout à la femme angoissée devant lui. Peut-être qu'il aurait pû passer à côté mais après tant d'années à déchiffrer les micro-expressions de Pasha, son malêtre était aussi visible que ses yeux bleus argenté. "Vous avez connu un cas semblable, c'est cela ?" lui demanda-t-il d'une voix douce, presque un murmure. Au diable ses interrogations, il ne pouvait pas rester sans rien faire devant un malheur qu'il avait -involontairement- provoqué.

Tout vérité n'est pas bonne à dire. À quoi bon confirmer ou infirmer ?
"Il n'est pas normal de battre sa femme, ni aucune femme ou un enfant ou un autre homme. C'est aussi simple que cela."

Quelque part, il était rassuré qu'elle soit de son avis. Le problème ne venait pas de lui. "J'imagine que je devrais en informer la police dans ce cas... merci pour elle Sœur Ruf, je ferais ce qu'il faut pour aider cette femme." Mais le caneton restait toujours inquiet. "Ma sœur ?" voulu-t-il la ramener à lui. Quels souvenirs avait-il réveillé ?

De vieux souvenirs, quand Ruf était une toute petite fille. Mais elle est adulte à présent et en sûreté auprès du Seigneur.
"Je vais bien, merci à toi. Avais-tu d'autres questions ?"
Pitié Seigneur ! Des questions moins éprouvantes cette fois-ci !

A croire que le Père qui est aux Cieux voulait que son arme humaine ait ses réponses ou soumettre la sœur à une nouvelle épreuve car la prochaine demande du caneton n'allait pas en s'arrangeant. "C'est peut-être un peu délicat mais... j'aimerai vraiment l'avis d'une personne, uhm, pure sur un autre sujet. Il s'agit de l'acte charnel en dehors du mariage, je ne comprends pas toutes ces libertés qui sont prises. Les gens tiennent-ils si peu à leurs âmes ?" Question déplacée mais l'innocence infantile brillait dans les yeux glacés du Guide.

Ruf cligne des yeux devant l'étrange question.
"De quoi parlez-vous précisément ?"

"Et bien.... ce n'est pas quelque chose uniquement réservé aux couples mariés ? Pour faire des enfants ?" Il s'avait au moins ça, ce n'était pas si mal. "Mais beaucoup de gens célibataires semblent passer outre et je ne comprends pas." Aller contre les principes de Dieu, c'était tenté le Diable à son avis.... ou alors, c'était lui qui les tentait... ou les hommes qui échouaient aux épreuves du divin... Que c'était compliqué !

Ruf prend le temps de réfléchir à la question. Le sexe avant le mariage n'est évoqué d'après ses souvenirs qu'une fois dans toute la Bible et clairement condamné par l'apôtre Paul.
"Eh bien… L'acte charnel ne sert pas qu'à faire des enfants même si c'est son but premier. C'est une forme d'amour, un lieu entre deux individus, une source de plaisir et de joie. Mais c'est une mauvaise idée de le faire avant le mariage et hors du mariage car ce serait dramatique d'élever un enfant seule. Les jeunes gens se moquent de ces conséquences, ou les ignorent tout simplement."

"Donc c'est plus de l'inconscience qu'un non respect des interdits ?" résuma Klyde avec ses mots. Il voyait mieux l'attrait que d'autres garçons comme Maksim ou Viktor pouvaient avoir... peut-être tout de même leur rappeler pour les enfants à naître.... "Je peux vous poser une question ? Au sujet d'un ami et... heu...." rougit-il. "Sur un autre sujet, rassurez-vous." Penser trop souvent au milicien l'avait plus ou moins décidé à franchir le pas.

"Je n'ai pas dit ça. J'ai dit que les gens sont soit l'un soit l'autre. Allez-y, posez-moi votre autre question."
Ruf voyait très bien que les questions du jeune homme était celle d'un élève studieux et pieux qui venait de découvrir l'extérieur du prieuré. Il semble pourtant plus vieux que l'âge habituel. Sans doute est-il resté quelques année supplémentaires à étudier la voie du Seigneur.

Ah. Retour au départ. Tant pis, il ferait le tri plus tard avec Sveta. "Voilà.... un ami que j'aime beaucoup m'a avoué qu'il était albinos. Je sais que ça touche surtout les animaux mais... les humains ?" {Et tes recherches ?} Il ne les abandonnait pas mais l'avis de la bonne sœur compterait autant que ce qu'il trouverait dans les livres. C'était impossible de s'en remettre totalement à la science sans la foi.

Ruf ne s'attendait pas à une telle question. Klyde aurait pu lui demander si les humains pouvaient avoir des pieds exceptionnellement longs que ça aurait été pareil.
"Albinos ? Blanc avec les yeux clairs ? Je n'ai jamais vu de personnes ainsi… Mais ce n'est pas si étonnant. Les animaux albinos sont très rares dans la nature, il doit en être de même pour les Hommes. Et… il est probable que si de tels enfants aient vu le jour, de mauvaises personnes aient cherché à les abandonner."