Il n'avait pas froid. Ni chaud. Il ne ressentait rien du tout, d'ailleurs. Si, tiens ! Il se sentait léger. Libre. Cela dit, quelque chose lui manquait. Cruellement. Il lui fallait un corps sans vie. Le spectre eut un dernier regard pour le stylo explosé au sol, puis il fouilla les rayons. Il flottait vite et avec aisance. Ah ! Le squelette et le culturiste sont downés ! Bien joué les gars ! se dit Aldo tout en s'approchant des deux lascars, qu'il avait rapidement repérés. Aldo le savait, il le sentait : un gaillard tout en muscles comme lui, c'est le corps du culturiste qu'il lui fallait. Il attendit tout proche et se tint prêt.

Ce dernier était dépité. Il s'était tenu prêt, pourtant... mais visiblement, le drone avait été trop rapide. Le destin avait décidé que le drone du culturiste aurait le temps de récupérer ce dernier avant qu'Aldo ne puisse l'intercepter. Tant pis pour lui. Il allait devoir se trouver un autre corps, intercepter un autre drone. Il mémorisa mentalement l'endroit où ses équipiers se trouvaient sur la carte. Il tenta même de leur envoyer des ondes spectrales pour leur signaler sa présence, mais rien n'y faisait. Il lui fallait un corps. Après un dernier regard pour ses équipiers, notre défunt héros se mit en chasse d'un corps à hanter.

Après de longues minutes de traque, Aldo trouva enfin sa proie. Sa victime avait une bonne carrure, mais elle était... bizarre. Il s'agissait d'une créature aqueuse ; une membrane transparente qui laisse voir l'intérieur du corps : juste de la flotte. Chouette ! se dit Aldo. Dans la peau d'une créature pareille, fini le mal de dos ! Effectivement, la créature aqueuse au regard bienveillant et à l'indéfectible sourire était dépourvue de squelette. Aldo attendit patiemment qu'elle se fasse prendre en chasse, ce qui ne tarda pas étant donné qu'elle était mal cachée et qu'elle n'avait pas d'équipiers.

Prise en sandwich par trois équipiers bien organisés, la créature aqueuse ne put rien faire malgré son fusil à pompe lourd légendaire. Au moment où le drone apparut pour récupérer le corps aqueux, Aldo le bombarda d'ondes spectrales, ce qui le court-circuita. Une fois le drone hors service, notre héros tout de muscles vêtu s'approcha du corps du Barbotte et fut aspiré dedans. Reprenant très vite ses esprits, et très à l'aise dans son nouveau corps imposant mais léger et très souple car sans squelette, Aldo profita de la surprise du trio et les aligna en trois headshots bien sentis. Se sentant plus puissant que jamais, il chercha ses potes.

Aldo les remarqua au même moment. Regardez-les ; il se font une p'tite virée en bagnole au calme sur un air latino ! se dit-il tout en agitant les bras vers eux. Houhou les copains ! cria-t-il, tout content de les revoir. Il oubliait juste une chose : il avait désormais l'apparence d'un Barbotte, et donc potentiellement d'un ennemi à dégommer. Cible facile. Bruyante. Et pas du tout sur ses gardes.

Stoppé dans son mouvement, le Barbotte ne bougeait plus. Il était comme statufié, la bouche grande ouverte d'indignation. Il retrouva soudain ses esprits, et s'écria : Non mais vous êtes malades ou quoi ? Qu'est-ce qui vous prend de m'attaquer ? Il les rejoignit tout en pétant son câble, grimpa à l'arrière de la voiture et claqua la porte en signe de mécontentement. Non mais c'est vrai, quoi ! En voilà des manières ! J'aurais su j'aurais pas venu ! ronchonna-t-il dans sa barbe.

Aldo ne décolérait pas. La preuve en images : il était devenu tout rouge. Littéralement. Il voulut pousser un nouveau coup de gueule mais, remarquant son changement d'apparence, il fut stoppé net dans son élan et passa de la colère à l'extase. Oh ! Trop bien ! J'ai une emote intégrée réactive en fonction de mon humeur ! Effectivement, tout content qu'il était devenu le Barbotte passa du rouge au jaune. Il s'amusait d'ailleurs si bien qu'il ne vit pas la balle de sniper lourd arriver droit sur lui. Par chance, elle se logea dans l'appui-tête de son siège. Aldo eut si peur d'avoir ainsi frôlé la mort qu'il en devint bleu foncé.

Aldo était couvert de boue. À vrai dire, ce n'était pas désagréable. C'était frais. Mais pas le temps de flâner. Aldo dégaina son fusil à pompe lourd légendaire et attendit, tapi dans la boue, planqué parmi la végétation, que le trio se jette dans la gueule du loup... ce qui ne tarda pas. L'alien fut le premier à être cueilli par Aldo, qui fit causer son fusil à pompe. Un tir, un mort. En pleine tête, à bout portant. Le drone récupéra l'alien.

L'athlète très mastoc, qui suivait l'alien de près, subit le même sort que son pote. Aldo se demanda tout de même où était passée la jolie ballerine. Il devait la trouver pour l'assommer ; il n'avait pas à cœur de tuer si belle créature. Au contraire, il allait la rallier à sa team, et ensuite ils... Ses pensées s'interrompirent tout aussi brusquement qu'un pistolet venait de se poser sur sa tempe. La ballerine le tenait. Il regretta amèrement de s'être laissé aller à ses rêveries. Ah, les femmes... pourquoi sont-elles toujours si cruelles ? pensa-t-il en attendant la mort.

Ciaran venait de lui éviter une mort certaine. Une fois de plus. Notre héros tout de muscles vêtu se releva et fit un gros câlinou à son frère d'armes. La peluche est peut-être en danger... il faut faire vite, hors de question qu'on perde une bestiole aussi mignonne ! fit-il en se lançant sur les traces de la mascotte de leur trio. Comme d'habitude. À l'instinct.

Je vais l'avoir au pompe ce fumier ! se dit Aldo en se ruant sur l'ennemi. Mais ce dernier était armé jusqu'aux dents ; il se saisit de son pistolet-mitrailleur légendaire et arrosa l'italien avant qu'il puisse dire ouf. Deuxième membre du trio instantanément downé. Tout reposait désormais sur Ciaran.

Super, merci Ciaran ! fit Aldo en se relevant. Il prit le brumisateur qui se trouvait dans son inventaire et s'en aspergea abondamment avant de le vider sur ses équipiers pour les soigner. Après avoir bu avec gourmandise une grosse potion de bouclier parfum fraise des bois, il prévint : Ne restons pas là ! Avec tout le potin qu'a fait notre fusillade, on va avoir vite fait de se faire repérer ! Puisqu'on est entourés de végétation, trouvons-nous un gros bosquet bien touffu pour nous y planquer !