Rappel du premier message :



Le chantier de la cathédrale était décidément bien trop fascinant pour ne pas retourner voir son avancement. Cette fois, Raïetchka était seule, Tsillia s’étant portée volontaire pour aider Katioucha à trainer leur garçon manqué de soeur pilote s’acheter une belle robe pour l’inauguration.

La place fourmillait d’activité, et, sauf erreur de sa part, les miliciens semblaient encore plus visibles que lors de son dernier passage par le chantier. Une conséquence de la tentative de dégradation, sans doute. Qu’à cela ne tienne : elle n’avait rien fait de mal et elle n’avait donc pas à s’inquiéter de ces mines sévères en uniforme.

Le nez en l’air pour scruter le haut des énormes tours du bâtiment, elle aurait sans doute mieux fait de regarder autour d’elle. Elle ne remarqua donc le soudain mouvement de foule qu’une fois coincée dedans, et sacrément déséquilibrée. Plus soucieuse de ne pas s’étaler par terre que de ne gêner personne, elle se rattrapa comme elle le put aux vêtements des personnes les plus proches pour éviter de valser par terre. Mais à peine rétablie, elle fut à nouveau bousculée, puis encore une fois, balancée de droite à gauche par une foule qui allait dans la direction opposée de la sienne.

"Je ne pourrai pas repousser le mariage éternellement et le temps m'est comptée" avança-t-elle sans s'expliquer d'avantage."Par ailleurs, nous voilà arrivées à destination Mademoiselle Azarova" enchaîna Ineska alors que Perle se stoppa au milieu de la place.

Le temps lui était compté ? Voilà qui sonnait bien sinistre. Et pourquoi cette hâte de se marier ? Vu ses vêtements et son cheval, elle était tout sauf dans le besoin, elle n’avait pas besoin d’un mari pour y pourvoir. Mais voilà que l’arrivée à destination risquait d’empêcher Raïetchka de creuser le sujet. « Merci pour votre aide, Mademoiselle. » Elle hésita à descendre de cheval, mais elle préférait éviter un torticolis si elles devaient continuer cette conversation. « Si ce n’est pas indiscret, pourquoi le temps vous est-il compté ? »

Le regard bicolore se posa sur la jeunette, même si en tournant ainsi la tête elle ne pouvait voir que le bleu. "Parce qu'il me reste que deux options d'ici la fin de cette année : épouser un homme que mon père aura trouvé digne de notre famille ou entrer dans les Ordres." La jument baissa la tête, les oreilles se tournant à l'arrière. "Une troisième possibilité serait que je trouve moi-même avec qui je voudrais me marier... ou de tracer mon propre chemin en une seule année." Et il lui faudrait un miracle dans les deux cas.

« C’est… drastique », fut tout ce que Raïetchka put répondre. Elle ne s’imaginait pas faire face à un choix dont aucune alternative n’était envisageable. « Vous avez des pistes d’homme avec qui vous voudriez vous marier ou du chemin que vous voulez tracer ? » Elle avait déjà rejeté les deux autres options, qu’elle refusait catégoriquement d’envisager.

"Je pense mademoiselle que nous arrivons à un sujet bien trop personnel pour une simple rencontre fortuite, qui plus est à cheval au beau milieu d'une place publique." Les cavaliers civils attiraitment forcément l'attention. "Mais à vous de voir si vous êtes disposée à en reparler ultérieurement dans un lieu plus propice... bien que je ne vois pas les raisons qui vous y pousseraient." Que pouvait-elle apporter à une enfant si bien entourée de toute manière ?

Elle marquait un point. À vrai dire, elle avait déjà été plus ouverte que Raïetchka n’aurait probablement envisagé de l’être avec une parfaite inconnue. Elle ne savait d’ailleurs pas trop comment prendre la proposition d’en reparler ultérieurement. Simple politesse ? Non, même la politesse n’exigeait pas que la cavalière fasse cette offre. Elle répondit donc prudemment : « Mon but n’était pas d’être indiscrète, rien ne vous oblige à me répondre. Mais si vous êtes disposée à le faire, ça fera une expérience de plus dont je pourrai apprendre. » Elle avait bien dit qu’elle apprenait des expériences de ses aînées.

Ineska mis pied à terre la première, nullement gênée par son ample manteau qui cachait un pantalon plus confortable que riche. Aimablement, elle proposa sa main la fillette sans pour autant la lui mettre sous le nez, elle de la saisir ou non. "L'expérience nous sera profitable à toutes les deux je pense. Vous menez une vie qui m'est totalement inconnue. Où voudriez-vous que l'on se retrouve ?"

HRP:

Raïetchka n’avait pas spécialement besoin d’aide pour descendre de cheval, mais elle n voulait pas non plus être malpolie et ignorer la main tendue. Elle la saisit donc et se laissa glisser à terre avec aisance. « Est-ce que vous connaissez l’église Saint-François de la Roche ? La boulangerie Smirnov, en face, fait d’excellents borodiskis. »

"Du tout" lui avoua-t-elle sans emphase. "Mais le nom du quartier où se trouve votre boulangerie devrait m'aider, puisse sa réputation faire le reste." Ineska connaissait plus les terrasse de Saint-Pétersbourg, pardonnez-la, mais à sa décharge, elle n'était pas contre se mêler de temps à autre au petit peuple pour découvrir de nouveaux horizons. Certaines rencontres étaient même plutôt marquantes (et elle avait appris jouer au billard !). "Quand cela vous conviendrait-il ?"

« Saint-François de la Roche, comme l’église. » Quiconque avait nommé le quartier manquait clairement d’imagination*. « En semaine j’ai des cours le matin et le dimanche on le passe en famille, donc soit un samedi, soit un après-midi en semaine. Qu’est-ce qui vous va le mieux ? »

*Ce commentaire ne s’applique pas du touuut à la joueuse qui l’écrit...

Est-ce qu'elle avait prévu quelque chose ce samedi...? Avec sa mère, sûrement. "Jeudi, 14h ?" imposa proposa-t-elle. La question n'était que de courtoisie, inutile de faire traîner les politesses des heures durant. "Je vous retrouverai donc à l'église." Et ceci sonnait quelque peu comme un au-revoir tacite.

« C’est parfait pour moi ! Je vous attendrai devant l’église. » Ou l’autre l’attendrait si elle arrivait en avance, mais si elle devait chercher son chemin, c’était moins probable. « À jeudi, et merci pour votre aide tout à l’heure ! » Elle n'était pas complètement bouchée et avait donc parfaitement compris le message implicite de la jeune femme.