Rappel du premier message :




Lulu par-ci, Lulu par-là. Sérieusement, ma soeur ne va pas me lâcher la grappe ! Depuis que je me suis pris une balle dans le bide, elle croit que je suis en sucre et me sûr protège. Si seulement j'avais le droit d'aller travailler pour avoir un peu de répit, mais non, ça non-plus j'y ai pas le droit "en attendant que tu sois remise". Ne vous détrompez pas, j'aime ma soeur, mais trop c'est trop. Alors je me trouve des activités, des associations qui bougent, des trucs à faire.

Présentement mon truc à faire c'est d'aller manifester sous les fenêtre d'un Ducon qui s'oppose à la ratification du Mutant Act, cette loi qui obligerait le recensement de tous les mutants et de leur pouvoir, nous permettant d'être un peu plus en sécurité dans notre pays tout de même. Bref un connard qui pense qu'on est égaux avec des mutants qui peuvent faire croire à votre collègue que vous êtes une cible et qu'il faut vous tirer dessus. Ce genre de trucs sympas quoi.

Il ne fait pas un super temps, mais au moins on n'a pas l'impression qu'on va se prendre une averse. On fera avec le froid.

"Ouai, vous rendrez des comptes aux prochaines élections, r'dites ça quand vous aurez r'tiré ces vêtements, qu'vous ne ferez plus honte à votre fonction, et qu'vous aurez écouté les gens qui sont v'nus vous parler. Vous votez en votre âme et conscience, mais vous nous représentez tous, alors si vous vous respectez pas, respectez nous."

J'écoute pas vraiment sa réponse, je me détourne, je viens de voir le pictogramme des WCs et j'suis saoulée.

Un instant, le maire était figé, écoutant Lucie avec l'air béat d'un enfant dans l'incompréhension. Puis, lorsqu'elle parla de son costume, il retira rageusement et maladroitement son hijab.

"Vous n'êtes pas venus me parler, vous êtes venus protester. Si vous étiez venus me parler, vous l'auriez fait pendant mes permanences, qui sont prévues à cet effet. Je représente ceux qui ont voté pour moi, c'est-à-dire la majorité des new-yorkais, pas une minorité bruyante !"

La peine de répondre que manifester pour se faire entendre était un droit constitutionnel ? Sérieusement, à quoi bon, un doigt d'honneur serait sans doute plus compréhensible pour lui. Je m'engouffre dans les water-chiottes réservés aux dames, ouvre un robinet et passe ma tête dessous. C'est relou.

"Vous avez entendu ça cher public ? Le maire refuse d'écouter les manifestants !" j'entends vaguement, le con a pas rangé son portable. Putain.

Il m'était venu une idée. Quand le jeune parla à son smartphone, tout le monde dehors se mit à crier et faire trembler ce qu'il avait sous la main, tandis que le maire lâcha ses bras pour les claquer sur ses cuisses, comme pour dire "J'abandonne."

Je m'approchai du jeune et me plaçai dans le champ de vision de l'objectif. Il ajusta le cadre, comme pour nous prendre tous deux en photos.
"Hey, salut tout l'monde. Ecoutez, euh... J'suis acteur, et je chercher un job..."

Et comment on peut être si con ? Il s'est fait canardé derrière sa propre mairie et il dit qu'il représente ses électeurs ? Putain j'aurais du le laisser faire connaissance avec ses électeurs de plus près ! J'ai les cheveux trempés, sans doute pas propre mais ça ne se voit plus autant. Mon manteau suit le même sort : eau + gel douche + essuis tout.

"Vous êtes acteur monsieur, et qu'est-ce que vous faites ici alors ?" demande à l'extérieur le reporter en herbe.

Recule pas ! Que je m'étais dit. Le type avait l'air d'avoir plein de téléspectateurs ; il fallait que j'en profite. Je bossais dans la pub', je savais à quel point ça coûtait cher.

"Bah, je suis également un citoyen, et comme vous...
- Hey, mais t'as la même voix qu'le doubleur des pub' Bosch !
- 'Wanna drill but not hard enough?'" Je tentai de lui sortir ma plus belle performance.

Après quoi, on me fit lire des commentaires des téléspectateurs avec ma voix publicitaire.

C'est pas possible, quand je reviens dans le hall je manque de m'esclaffer de rire en écoutant Is' lire les commentaires et le pauvre maire les écouter en se décomposant de plus en plus. C'est genre hyper violent quand même quand ça parle de cramer ses couilles en brochettes.

"Hm, vous feriez bien d'demander à vot' service d'ordre d'intervenir avant qu'ça dégénère encore plus..." j'lui dis quand j'ai atteint son niveau?

Il était temps que Lucie sorte des toilettes. Je commençais à sentir le regard du maire peser sur moi. Quelque chose me dit qu'il n'avait pas aimé m'entendre énoncer des jeux de mots graveleux sur son nom avec mon timbre de cowboy.

"On devrait peut-être y aller, genre, au cas où ça parte en couilles." Chuchotai-je à Lucie après m'être écarté de l'attroupement. D'autant que, comme pour répondre favorablement à sa proposition, le service de sécurité se pointait.

Rarement dans ma vie j'ai été aussi ravie d'une proposition. Pourtant, faut rester logique.

"Même si on se casse, on a été filmé, on s'en prendra plein la gueule, j'pense que le plus safe c'est de rester discret dans le coin avant d'être pris entre deux feux."

Eviter de se faire remarquer serait difficile. Elle avait peut-être une idée en tête.

"Okay, alors tu proposes quoi ? On va s'cacher dans l'bureau du maire ? On essaye de voir s'ils ont une cantine, ou une salle de r'pos, avec un frigo bien rempli ?"

Dans ce genre de situations, il fallait toujours rester pragmatique. La manif', c'est avant tout une grande foule. Si jamais un zombie devait débarquer là-dedans, on serait vite cernés et les rois du frigo seraient gagnants.

"Je crois que c'est pas une mauvaise idée... Ou p't'être trouver une autre issue de secours ? Je t'avoue que ça la fout mal pour une flic d'être arrêtée, même si on n'a fait qu'aider l'autre connard à ne pas se faire lincher jusqu'à présent..."

Je ne sais pas dans quoi je me suis fourrée, j'étais venue pour manifester pacifiquement... Et maintenant, je crois que je pourrais m'estimer chanceuse si j'me prends pas un procès.

Un instant, je réfléchis à l'itinéraire le plus sûr et rapide pour rejoindre une issue de secours. Puis je me souvins que je n'étais jamais venu ici auparavant et que je n'en avais pas la moindre idée.

"Okay, on fait comme ça !" Abondais-je, en prenant un couloir au hasard. Derrière, le volume sonore augmenta à mesure que les services de sécurité rejoignaient les fauteurs de trouble et le maire. Décidément, ces gens étaient vraiment incapables de s'entendre...

Bon, on est en territoire ennemi et on ne sait pas comment s'en sortir. Le plus safe ce serait peut-être de suivre les lumières vertes avec écrit sortie au dessus. En marchant au hasard je réfléchis.

"Sinon on se planque bien et on ressort lundi par la grande porte ?" plus mauvais plan ever. Au moins j'ai pas parlé de ramener les bijoux de la couronne à la maison.

Il semblerait que le monde n'était pas prêt pour cette blague. Dès que Lucie l'eut terminée, une alarme retentit et les sprinklers déversèrent une pluie intérieure. Juré, c'était la première fois de ma vie.

"'Tain ! Quand c'est pas les bornes incendie, c'est ça ! Attends, j'nous couvre !"
Je retirai ma doudoune le plus vite possible pour nous couvrir avec. Excellente idée : il pleuvait maintenant des restes de jaune d'œuf, en sus.

"Heu... Désolé."

Là j'hésite vraiment à dire qu'on a toucher le fond, parce que comme dit une très bonne amie à moi : si tu penses que le pire est arrivé c'est que tu n'as pas assez d'imagination.

"On va rentrer dans un bureau, genre là, viens ok comme d'hab il n'y a pas de système d'arrosage dans les bureaux ça pourrait niquer des trucs importants." je dis en m'effondrant sur un fauteuil en cuir.

"A la fin d'l'histoire, on va finir avec la CIA et des zombies ninjas au cul, j't'en fiche mon billet..."

Et comme pour confirmer mes dires, au moment où l'on entrait dans le bureau des permis de conduire, qui n'était pas verrouillé (occupé il y a peu, sans doute), c'était pour tomber sur une bande de jeunes - peut-être des manifestants - qui entraient par les fenêtres avec des bouteilles d'alcool plein les mains.

"Remarque, on sait comment sortir, maintenant..."

Non mais sérieux. Putain. Je croise le regard d'un des vandales et... Je referme la porte.

"Je préfère encore la douche putain."

Non je n'ai rien vu. Rien vu rien entendu. Làlàlà. J'entends rien. Je refuse. C'est quoi ce bordel. Gardes ton calme Lulu. Tout va bien. Tu n'as encore rien fait de mal mais si tu agis tu vas faire de la merde. Tout va bien.

Tout de suite après avoir fermé la porte, un vague bruit de musique se fit entendre. On aurait dit qu'ils avaient l'intention de faire la fête. Finalement, ce fut lorsque nous arrivâmes au bout du dernier cul de sac que nous tombâmes sur un concierge blasé qui nous ouvrit une porte de service.

"J'me prendrais bien une bite du maire, moi, maintenant."
Je réalisai trop tard ma tournure de phrase.

"Les hot-dogs, j'veux dire."

Alors lui... J'peux pas empêcher d'éclater de rire. La pression est redescendue d'un coup, d'un seul.

"Et si on partait un peu plus loin assouvir tes penchants homosexuels ?" je lui glisse, les teubs du maire risquent de mal finir ai vu des bruits qui nous parviennent droit la rue.

De toute façon, c'était foutu au moment où j'avais ouvert la bouche.

"Tu veux essayer d'me maquer avec le mexicain à l'angle ? Ca t'plairait bien, ça, hein ? Tu f'rais d'une pierre deux coups."

je frissonnais en m'imaginant le cuisinier ce pencher vers moi, la bouche en cul de poule et les yeux fermés.
"J'comprends vraiment pas c'qui peut bien passer par la tête de c'maire, n'empêche..."

"Mais quelle belle idée, tu crois que tu réussirais à m'obtenir des tacos gratuit si tu lustres bien ?"

La délicatesse tout ça.

"C'est un abruti, j'suis pas certaine d'avoir envie de comprendre un gars comme lui."

Un silence.

"Bon, on fait quoi ? Perso j'ai pas super envie d'y retourner."

Il me vint une idée.
"J'crois qu'on a suffisamment contribué comme ça. Et on a pu constater qu'la relève était assurée."

En repensant aux jeunes entrer par les fenêtres, j'avais comme un doute sur l'efficacité de la relève, mais bon.

"'Va pas tarder à être l'heure de la bouffe. C'est qu'le temps passe vite quand on s'amuse ! J'ai un pote qu'est chef de chantier, pas loin. Ils ont l'habitude de s'faire des barbeuc' de temps en temps. J'peux toujours l'app'ler..."

Raaaah le mot barbeuk a été prononcé. Mes yeux se mettent à pétiller.

"Clairement, appelle-le !"

J'ai peut-être répondu un peu vite, un peu fort... Mais que voulez-vous ? Au pire il comprendra que je suis un ventre sur pattes, ce que je n'ai jamais caché. Le gras c'est la vie.

"A s'demander comment tu fais pour avoir la ligne. Faut croire que remplir des plaintes, ça doit être épuisant..."

Moi, jaloux de la morphologie d'autrui ? Jamais ! Je sortis mon téléphone et composai le numéro dudit contact.
"Ouais, Bob, comment qu'c'est ?"

Il y avait un protocole à respecter, avant de poser la question. Il allait falloir que je m'informe sur la santé de son berger allemand.

"Tu sais, suffit de faire assez de sport à côté, j'peux t'aider à t'y remettre !"

OK ALORS CETTE PHRASE SONNAIT BEAUCOUP MIEUX DANS MA TÊTE ! Ok non mais là j'ai le choix entre faire normal il s'est rien passé ou assumer... Ou rien si faut il va pas relever ? S'il vous plait père noël !