Rappel du premier message :

La capital est un point de rencontre immanquable ! Le dragon-fée Fotafilis ne manque pas d'y passer régulièrement. L'endroit lui permet de rencontrer des confrères marabouts, de trouver des potions rares décoquetés par des alchimistes renommés, d'y trouver des livres sur tous les sujets et surtout d'y trouver beaucoup de clients.

L'agitation lui rappelle le temps lointain où il appartenait à une colonie. Déjà à l'époque, le jeune Fil aimait observer le guérisseur s'occuper des blessés et des souffrants. À présent, c'est lui qui s'en occupe. Il a plusieurs moyens à sa disposition. Il peut administrer des médicaments et des anti-douleurs, recoudre avec précision, masser des points précis, étudier l'intérieur de l'œil avec une luciole pour lumière, et cetera. mais aussi dans les cas les plus graves : recourir à la magie blanche.

Le dragon-fée a eu l'extrême honneur de prendre ses leçons auprès d'un elfe de la citée de Lalalariel après avoir aidé un dragon centenaire à rétablir l'équilibre d'une forêt. Il n'en dira rien au premier venu, il reste très modeste. Aussi modeste que sa taille de colibri blanc, ce qui l'oblige à se manifester par une pancarte.

Un aventurier se présente à la taverne bondée. Il est recouvert de tâches noires qui effraient les autres usagers car il s'agit de magie noire. Le frêle marabout se concentre et use de sa magie blanche pour le guérir.

L'évocation du nécromant fit naître une grimace, non retenue celle-ci, sur le visage de l'elfe. Ce qu'elle en pensait était assez explicite.

C'est donc surtout une question de choix... les soins sont-ils différents ?

"Pas vraiment, juste plus de travail pour le marabout," répondit Fotafilis tandis que l'aventurier sirop son verre d'alcool.

Devant la tournure de la conversation, la précision vint naturellement.

Je ne pense pas en faire mon métier. Je veux juste parer à toutes les éventualités. Le sourire de l'elfe se figea, mais les mots franchirent tout de même ses lèvres. ... trop d'aventuriers que je n'ai pas pu aider.

Cela Fotafilis peut totalement le comprendre. Il a vu Férocia mourir sans pouvoir rien y faire. Blessée dans la fuite, il n'avait ni le matériel, ni le temps de la soigner. C'était mourir avec elle ou s'enfuir. Il lui arrive parfois de regretter d'avoir écouter la voix suppliante de la princesse guerrière.
"C'est une bonne motivation. Combien de temps avez-vous devant vous ?"

Combien de temps cela pourrait-il prendre ?

Se voyant répondre à une question par une autre question, elle retint un rire qui s'envola, léger.

Je n'ai aucun engagement. Et par chance, je suis une elfe. Elle continua joyeusement, fière peut-être, de son trait d'esprit. En plus, j'ai quelques bases et suis plutôt habile de mes doigts. Par contre... Elle tapota sa joue, minimisant la moue déplaisante qui déformait ses traits. Je n'ai aucun talent magique.

Fotafilis a eu un professeur elfe, doué de magie blanche lui. Etant un dragon-fée, une créature naturellement magique, il n'a pas eu à se poser la question.
"Nous allons devoir faire l'impasse sur la magie blanche. Même sans ça, il a beaucoup à apprendre. J'ai étudié la médecine pendant trente ans et j'ai encore une soixantaine d'années devant moi."
De son côté, l'aventurier fait du pied à l'elfe.

L'elfe soupira, rassurée, craignant visiblement de se faire refouler pour son incapacité à guérir les malédictions. Puis elle remarqua avec un sourire l'insistance du voyageur sous la table. Il était évident qu'elle avait remarqué les œillades répétées, mais l'attention accordée au dragon-fée n'avait pas suffi à le dissuader. De fait, elle croisa ses doigts agiles sous son menton, clignant des yeux à l'attention de l'aventurier.

Tu n'es pas mal, pour un humain... Dommage que nous chassions le même gibier.

L'aventurier fait une drôle de tête devant le museau de Fotafilis qui n'a pas suivi l'affaire.
"Eh bien, qui sait, peut-être que d'autres patients se présenteront. Je me suis revigoré. Auparavant. Y a-t-il une race qui te répugne ou quoi que ce soit que tu puisses rencontrer ? Que cela m'évite des surprises."
Certaines personnes craignent le sang, d'autres les opérations aux yeux, par exemple.

Reprenant une posture détendue face au dragon-fée, elle répondit posément, gardant l'humeur de sa dernière réplique.

Je ne pense pas. Je doute juste pouvoir soigner des créatures trop... grandes. Elle fit un geste vague de la main, l'air réjoui. Mais ça n'empêche pas d'essayer !

"C'est peut-être mieux de nous concentrer sur les créatures humanoïdes dans un premier temps. Il sera toujours temps d'apprendre à soigner les dragons plus tard. Votre vie est longue. Mais il y a beaucoup de soigneurs, je suis légèrement étonné que vous ayez à vous tourner vers un marabout de ma race. Enfin, peu importe.
- Je vais vous laisser, je dois trouver le moyen de mettre ce misérable elfe noir au pas. Bonne journée à vous," dit l'aventurier avant de se lever.

Saluant succinctement l'humain sur le départ, l'elfe reporta vite son attention sur le guérisseur, ayant visiblement oblitéré la partie importante de son discours.

Etonné ? L'elfe gloussa. C'est toujours bien de profiter d'un point de vue... différent.

Fotafilis aurait pu dire qu'il avait lui-même perfectionné ses talents auprès d'un elfe de Lalalariel mais… il n'est pas bavard de nature. S'il agit en transparence, il ne se livre pas pour autant au premier inconnu venu.
"Commençons par ceci. Revoyons ensemble les bases."
Le dragon-fée sort un livre qui tient dans sa patte antérieure puis un parchemin. Avec le parchemin, il redonne au livre sa taille d'origine : une taille pour humanoïde. Le début de la leçon commence.

Les yeux rouges de l'elfe restèrent un instant posés sur le livre. Elle siffla entre ses dents. Bel artifice.

Malgré sa nature dissipée, l'elfe se montra une élève étonnamment attentive. Elle n'hésitait à poser aucune question, aussi incongrue soit-elle. Elle s'éparpillait parfois en rires et en plaisanteries, mais le sérieux de son professeur suffisait pour qu'elle l'écoute à nouveau.

Je pourrai te montrer ce que je sais faire ?

Elle avait déjà oublié sa promesse.

Fotafilis n'a jamais été professeur. C'est la première fois qu'il se fait le devoir de transmettre ses connaissances. Son ton est très rébarbatif mais l'elfe ne semble pas affectée, riant toute seule, un humour que ne comprend pas le dragon-fée si sérieux. Celui-ci se rappelle qu'avant de transmettre ses connaissances, un sujet requiert de s'y pencher : l'éthique qui sépare le marabout du mage noir.
"Que proposez-vous, Dame Sélène ?"

Enthousiasmée par ce répit dans l'apprentissage théorique, l'elfe frappa avec légèreté dans le creux de ses mains.

Une démonstration !

Elle regarda un instant la place désormais vide. Dommage, il aurait pu aider... Elle n'avait pas vraiment l'air de regretter, car elle reprit de manière aussi vive.

Même s'il n'y a pas de blessé ici, un volontaire pourrait servir... ! Et tu pourras m'interroger sur les onguents que l'on vient de voir, je connais les bandages mais très peu les cataplasmes.

Elle parlait toujours aussi rapidement : une nouvelle idée avait germé.

A moins que l'on sorte en forêt ?

Le dragon-fée est habitué au vif bavardage des autres, il ne prend pas moins son temps pour réfléchir à sa réponse.
"Les blessés ne manquent pas en ville mais je dois vous mettre en garde. Un bon soigneur a la lourde responsabilité de soigner correctement ses patients. Il... ne prend pas ses soins à la légère. Dans un premier temps, vous ne pourrez qu'observer et réfléchir. Mais vous pouvez le montrer un bandage sur une de vos "statues" de granite."

La pondération de son... professeur fit bien vite retomber l'enthousiasme débordant de l'élève. Elle baissa ses mains encore jointes, ne cachant pas la déception qui avait serré ses lèvres. Fixant le livre, elle respira profondément. Quand elle répondit, elle avait retrouvé un sourire certes plus modéré, mais son humeur n'en était pas réellement affecté.

C'est moi qui l'ai voulu après tout ! Je te regarderai faire. Et j'apprendrai.

"C'est bien. Vous pratiquerez très vite si vous êtes motivée et attentive. Attendons encore un peu à la taverne, mon annonce a dû faire le tour du quartier."
Et en effet, quelques minutes plus tard arrive un vieil homme marchand avec une cane.
"Connaissez-vous le marabout Fotafilis, ma Dame l'Elfe ?" demande-t-il à Sélène.

La proposition du dragon-fée avait du sens : elle l'avait elle-même abordé grâce à sa pancarte. A voir son visage, elle avait semblait-il, tout simplement oublié cette évidence. Elle profita tout de même de ce répit pour commander un nouveau thé - et un jus de fruits pour le guérisseur, avant que vienne un vieil homme à leur table.

Si je le connais ? Elle lui adressa un grand sourire. Bien sûr que je le connais ! C'est mon professeur !

Riant face à l'expression du vieillard, elle tendit les mains vers son minuscule voisin, un geste inutilement théâtral.

Voici Maître Fotafilis !

Le vieil homme se penche donc pour mieux voir le petit marabout. C'est la première fois que Fotafilis le rencontre. Il n'est pas difficile de voir ce qui l'amène ; certainement a-t-il des douleurs quelque part.
"Bien le bonjour, monsieur. Dites-moi ce qui vous amène. Vous pouvez parler en présence de ma nouvelle apprentie, le secret sera bien gardé."
Il tourne distinctement la tête vers elle, pour s'assurer de sa discrétion, autre condition pour devenir guérisseur.

A l'évocation du secret, l'elfe adressa à son professeur un sourire aussi convenu qu'ambigu, et pressa un doigt sur ses lèvres avant de mimer une bouche cousue. Elle revient à une pose beaucoup plus sobre lorsqu'elle regarda à nouveau le vieillard, attendant patiemment qu'il confie ses problèmes. Elle réagissait à sa manière mais semblait prendre très au sérieux les consignes du dragon-fée et les avait jusqu'ici toujours appliqués à la lettre.

"Eh bien, j'ai un mal carabiné au dos depuis quelques temps, ce qui m'empêche de dormir. avez-vous une potion pour retirer la douleur ?
- Je vais traiter le mal à la racine, sans potion. Veuillez demander à l'aubergiste une chambre.
- Une chambre ? Mais je croyais que vous étiez marabout !"
Le vieil homme ne semblait pas très coopératif…