Rappel du premier message :



Klyde connaissait le froid et les longues heures à rester dehors, le ventre vide, à attendre que les prêtres acceptent qu'il puisse enfin retourner sous la chaleur relative de ses couvertures. Il serait bien resté toute la nuit à attendre que le possible démon qu'il traquait se soit enfin décidé à traverser une zone moins fréquentée.

La chance -la Providence !- fit que l'homme à l'allure peu engageante paraissait chercher quelque chose, ou du moins se croire en discrète filature d'une jeune femme, et plus les minutes passaient, plus Klyde avait un réel doute de ses intentions envers elle ; chance donc qu'il n'avait pas à déterminer de la nature démoniaque de sa cible pour agir, un péché en valait un autre.

Aussi, il prit le pas du cadavre en devenir dans la rame de métro déserte alors qu'il suivait la femme, restant dans son coin à planifier mentalement une approche pour le renvoyer en Enfer sans mêler une civile. Au pire, si Dieu le voulait, il aurait deux corps à faire disparaître ce soir.

Il était nerveux... Peut-être que l'adrénaline avait baissé et laissait place a autre chose maintenant.

- C'est très louable de votre part. Cependant, vous êtes un peu jeune pour mourir face à un démon à cause d'un acte héroïque. Vous devriez vous engager dans la milice si c'est vraiment la voie que vous voulez suivre.

Elisabeth continuait de l'observer avec un regard doux, peut être qu'elle demanderait une évaluation approfondie du médecin sur lui.

Il fit la moue, autant pour le "un peu jeune pour mourir" que sa proposition. "Vous êtes la deuxième à me demander de vous rejoindre, le premier était un capitaine après... une autre attaque de démon." La dame paraissait vraiment gentille et Klyde focalisait son attention sur elle en espérant ignorer les ombres qui s'agitaient derrière.

HRP:

Son sourire s'étira encore plus.

- Qu'elle drôle de coïncidence, je suis aussi capitaine. On dirait bien que vous avez le chic pour intervenir lors des attaques de démons non ?

Il paraissait vraiment nerveux et semblait jeter des petits coups d'œils derrière elle. Sa tête se tourna pour s'assurer qu'il n'y avait rien avant de le regarder à nouveau.

- Tout va bien ?

"Je... je n'étais pas intervenu l'autre fois." Lui parler, la regarder elle, ignorer le reste. Satan avait vraiment un sens du timing, et bien, démoniaque pour lui envoyer ses fantômes maintenant. "Le démon avait attaqué le capitaine sur un marché et il l'a tué, j'étais simplement à côté. Je... ça va. Vous êtes très belle Madame." Sveta eut l'équivalent d'un sourire haussé à sa remarque, son protéger perdait pied.

Elisabeth fut surprise à la remarque. Elle n'en perdit pas moins son sourire, un peu flattée. Il avait vraiment l'air mal à la fixer comme ça. Que faire ? Que faire... ? Qu'est-ce que sa tante faisait quand elle était jeune ? Elle posa doucement une main sur son front pour s'assurer qu'il n'avait pas de fièvre avant de sortir un gâteau de son sac et de lui donner.

- Merci, vous avez l'air pas mal secoué... Il y a quelque chose que je peux faire pour toi, Trésor ?

Après le pansement posé avec soin, la main sur sa tête. Ça, c'était la méthode infaillible de Pasha pour le rassurer et même si l'effet était moindre avec une inconnue, elle fonctionna. Klyde inspira profondément, apprécia le visage doux de la dame à moitié éclairé et ne remarqua à peine le biscuit tendu : elle avait dit le mot magique. "Vous..." peina-t-il à faire le tri dans ses pensées. "Vous faîtes déjà beaucoup pour moi Madame."

- Vu votre air effrayé, je ne sais pas vraiment si je fais assez...

La lumière se ralluma d'un coup, signe que le tram reprenait sa course et créant pendant quelques instants une auréole au-dessus de la tête de la milicienne. Ses pas se rapprochèrent du haut-parleur de secours pour demander une unité de miliciens à l'arrivée.

- Cela vous va si vous restez un petit peu avec moi à quai ? Je ne voudrais pas que vous rentriez comme ça, Trésor.

Un "Merci Seigneur" raisonna dans son esprit à la lumière et vit l'halo lumineux comme un signe : Klyde n'avait pas suivi ce démon une journée entière par hasard. Son gâteau dans les mains et les lumières revenues, il put de nouveau reprendre pleinement conscience. "Heu... oui je peux, pourquoi ?" Il n'allait pas refuser la demande d'une femme que Dieu avait mis sur son chemin, non ?

- Histoire de nous assurer que tout va bien pour vous. De plus, le couvre-feu est passé et je m'en voudrais que vous ayez des ennuis à cause de cela.

Le tram rentra à quai dans une secousse. Les miliciens avaient déjà établi un périmètre de sécurité. Elle sortit avec le jeune homme, laissant les troufions en charge s'occuper du corps et elle le traîna vers le médecin.

- Il lui faudrait un pansement propre et... Murmurant. Quelques calmants pour le choc.

Quel couvre-feu ? Depuis quand... ? A cause de la reconstruction de la cathédrale de Saint Nicolas ? Quoiqu'il en soit, Klyde suivit docilement la milicienne en gardant la tête basse devant ses collègues jusqu'à arriver devant un autre qui avait un uniforme un peu différent. "B-bonjour Monsieur ?" essaya-t-il en constatant que l'homme le dévisageait à présent, un biscuit dans une main et une échappe violette à moitié en sang dans l'autre.

Le milicien lui fit un léger sourire avant de faire un pansement meilleur que 4 bouts de scotch et une compresse. Puis, il lui mit un petit flacon dans les mains.

-Une pilule avant de dormir, cela devrait vous aider.

Puis il s'éloigna, laissant Elisabeth avec l'homme ébahi.

- Comment vous appelez vous Trésor ?

Il avait maintenant un bandage autour de la gorge, comme un collier blanc qui le serrait mais il pouvait encore respirer convenablement. Et il commençait à avoir trop de trucs dans les mains. "Je m'appelle Klyde, Madame" l'informa-t-il en se décidant enfin à manger le biscuit (trop goûtu pour lui d'ailleurs). "Et vous ?"

- Elisabeth. Et c'est Mademoiselle, je ne suis pas encore mariée.

Il mangeait un peu, c'était déjà ça. Elle se décala un peu histoire de s'éloigner de la scène du Tram. Elle n'avait pas pu s'arrêter là ou elle le prenait habituellement. Peut être que d'aller au travail à cheval serait plus prudent la prochaine fois.

- Vous habitez encore loin ?  

Une capitaine Elisabeth dans la Milice et non mariée, il devrait pouvoir la retrouver facilement si besoin. "Oui mais je peux aller chez un ami qui habite par là" préféra enchaîner Klyde, ne voyant pas trop quoi dire au sujet du mariage. "Vous craignez que je rencontre d'autres démons dans la soirée ?"

- Oui, je m'en voudrais beaucoup d'apprendre qu'il vous ait arrivé quelque chose sur le chemin du retour... Peut-être que je peux vous offrir un trajet en calèche ? À moins que vous ne préféreriez aller chez votre ami ?

Elisabeth continue de sourire, plutôt sereine. Le médecin revient quelques instants vers elle pour lui coller un pansement sur la joue. C'est vrai qu'elle était coupée !

"Je ne tenterai aucune action inutilement héroïque, je vous le promets Mademoiselle" tenta autrement le Guide. Il n'avait pas non plus l'idée de passer la nuit chez Pasha. La calèche serait une bonne idée, il pouvait toujours fournir une fausse destination au cocher. "Ne vous en faites pas pour moi, vous avez sûrement mieux à faire."

- À vrai dire... Non. Je comptais juste rentrer chez moi voyez-vous.

Ses pas descendirent doucement les escaliers tandis qu'elle le regardait sous un œil protecteur.

- Aucune action inutilement héroïque hein ? J'ai du mal à vous croire.

Ça lui faisait toujours bizarre, qu'on prenne soin de lui. De Pasha et Sveta il en avait l'habitude, de Maksim un peu, mais de personnes inconnus cela restait étrange. "Je voulais juste vous protéger... je ne pouvais pas rester sans rien faire alors que ce monstre allait vous blesser C'est un... acte civil, non ?"

- Oui. Vous avez raison. Mais que ce serait-il passé si je n’avais pas été de la milice ?

Mauvaise habitude, elle sortit une cigarette de son sac pour l’allumer et se détendre un peu. Il faudrait sûrement qu’elle médite sur ce qu’il venait de se passer. Pourquoi avait elle du tuer un frère zootrope ? Qu’est-ce qui l’avait poussé à l’attaquer elle ? Devait elle reprendre l’entraînement devant un niveau aussi faible ?

- Quel âge avez vous, Trésor ?

L'emploie du surnom de Sveta l'aurait poussé à être un peu plus franc si l'Ange ne veillait pas, gardienne silencieuse dans son esprit mais Klyde la ressentait mieux qu'il la voyait (ce qui arrivait rarement au demerant). "19 ans Mademoiselle et... je l'ignore. Me battre jusqu'au bout j'imagine, pour me présenter sans honte devant Saint Pierre." Ce qui restait une vérité.

Elisabeth eut un sourire encore plus grand à la mention de Saint-Pierre. Elle secoua la tête quelques instants avant d'inspecter la rue.

- Vous prenez une calèche alors ? Ou bien rentrez chez votre ami ?

"Chez mon ami, ce n'est pas loin. Merci beaucoup Mademoiselle" la salua Klyde avant qu'elle ne change d'avis et le suive. Un dernier "bonne soirée" et il profita qu'un milicien interpelle la capitaine pour filer en douce.