Rappel du premier message :



Comme chaque année pendant le Festival Bouch-Croutte, Ryot et Anarchi se trouvent 120 pieds sous terre. Pas dans le sens où ils sont morts et enterrés (quoique pas nécessairement improbable vu leurs antécédents) mais qu'ils sont, comme le considère encore et toujours Maman Anarchi, chez eux.

Dosth n'est pas son chez soi. Il y a peut-être la même chaleur étouffante, mais les deux soleils n'atteignent pas les souterrains avec leur lumière éblouissante. L'odeur de la terre lui est familière, ainsi que la grande ville sous-terraine où il a grandi, mais sa caravane lui manque déjà. Son hamac. Ses coussins. Son frigo pourri. Ses macaronis au fromage. Sa sérénité.

Wesh, t'sais pas comment j'vais te couper en rondelles, 'spèce de banane flambée ! Echo de la chambre du voisin du dessus.

Il est 05h00. Ryot a peut-être dormi 2 heures et demi. Le matelas de l'hôtel F1 n'a pas le luxe de son hamac. Ca fait trois nuits qu'il dort sur une planche. Il a besoin d'un masseur — et pas n'importe lequel ! Un masseur sarien. Assez de bras pour masser les parties de son dos qui en ont besoin et assez costaud pour le faire avec la force qu'il a besoin. En plus, s'il n'a pas rêvé la conversation qu'il a eu y'a quelques jours (je vous avoue tout de suite qu'il était fortement alcoolisé), un vieil ami est supposé venir le voir aujourd'hui. Et le connaissant... Il a vraiment besoin de ce massage.

Oui. T'en veux ? Monsieur Moche Pas-Terriblement-Beau retourne ses poches à l'envers et en sort trois bonbons emballés dans un plastique rose pétant, qu'il offre amicalement au Valeth.

Les yeux du Valeth pétillent de joie et de gourmandise et il gobe en une seule bouchée les trois bonbons débarrassés de leur enveloppe flashy. "J'vais quand même pas trop en bouffer, putain, j'ai envie d'une moustache-à-papa, merde de miam." baragouine-t-il dans ses bouchées. Mine de rien, ils avancent petit à petit, en piétinant mais ils avancent.

C'est le moment approprié pour parler des banalités. La météo n'est pas trop intéressante sur Dosth vu qu'ils se trouvent en souterrain. Peut-être quelque chose à propos de son taf ? Non... Ryot n'en comprendrait pas la moitié. Euh.... l'amour alors ? C'est vague, mais ça peut marcher. Heu..... commence-t-il par habitude, alors euh... tu..... as... rencontré quelqu'un ? Il se gratte le nez. C'est peut-être pas le meilleur des sujets. Avec un peu de chance Raz le change lui-même.

La question le prend tellement au dépourvu de la part de Ryot qu'il reste à le fixer en clignant des yeux un petit moment. "Ah merde, tu sais, rien de sérieux depuis ma Toute Belle Kae'la, bordel." Un autre bonbon finit englouti dans sa gueule et il avance d'un autre petit pas. Merde. Il s'ennuie. "Et toi, tes emmerdes de courses ?" Il a bien dû accepter que son ami se mette volontairement en danger comme ça... son p'tit connard arrive au moins à ne pas se planter à tous les coups comme un certain Valeth.

Um.... j'ai gagné troisième place au dernier rally, raconte-t-il timidement. Il veut pas donner l'impression qu'il se vante vu que Raz a posé la question, mais Ryot a quand même ce sentiment d'avoir dérapé. C'est gênant. Mais euh y'avait pas d'prix.. donc... Donc voilà. Il bouffe quand même ses trucs en plastique.

Raz a fait la paix avec la passion dangereuse de son p'tit connard depuis un moment - sauf quand il voit les courses et craint de faire une crise cardiaque à chaque dérapé - alors il sourit largement en flanquant une sacrée baffe amicale dans le dos de Ryot. "Bravo, mon p'tit connard ! T'as bien fait fêté ça, ah que merde ? Le p'tit con a sorti le millésime j'espère, putain."

Si par "millésime" il entend une quinzaine de bouteilles de strotspi... alors oui. Ryot hoche la tête, se rappelant soudainement de sa gueule de bois et le fait que sa clef de crédits avait mystérieusement disparu entre bouteille numéro 14 et 15. L'prochain Rally l'est dans un mois. S'tu veux venir... Ah, faut peut-être spécifier quelque chose. L'est sur Manooine par contre. Il sait à quel point Raz'Sha déteste la planète.

Ce n'est QUE parce qu'il parle avec son p'tit connard, son vieil ami depuis des années, son plus grand poto, qui n'a jamais perdu patience avec sa grande gueule, que Raz se la ferme, cette grande gueule. Il pose un regard songeur sur Ryot puis sourit. "Si tu veux que je viennes, bien sûr que merde, mon p'tit connard ! Je subirais bien pire que le putain de sable de cette merdique planète qu'est Manooine pour mon poto. C'est quel jour exactement, merde ? Que je bloque le bordel ?"

Euh... chui pas sûr. S'il avait un calendrier ou un agenda ou quelque chose qui lui permettrait de s'organiser, il aurait bien vérifier mais la personne qui se charge de ça s'appelle Anarchi et Anarchi n'est pas là. J'te dirais. Anarchi aurait dit que c'est toujours "putain de bien" d'avoir un médecin dans le public vu le nombre d'accidents qui se produisent durant les rallys. Son poto a sûrement pas oublié son dernier accident.

"D'ailleurs, le p'tit con, il est où ?" Le Valeth fixe les Zangolais qui les entourent comme s'il va trouver le frère de son poto dans le lot. "Resté sur Manooine, putain ? Faudra le holappeler pour savoir le bordel, merde." S'ils n'oublient pas d'ici ce soir.

Non, il est là, mais il fait le festival avec sa copine. Ah oui. Ryot lui a pas dit pour sa conquête du moment. Ce n'est pas un sujet qui intéresse particulièrement son poto, il a l'impression. Quoiqu'il serait peut-être vexé de pas avoir entendre parler de "la bonne nouvelle", comme le disait la mère du zangolais.

Un ricanement échappe au Valeth. "Faut aller le déranger alors, putain !" s'exclame-t-il avec un sourire plein de crocs. Raz s'affale à nouveau sur Ryot. "Ca tombe bien, on arrive presque à cette putain d'entrée. Siiiii looooong, merde !"

Aller le déranger ? Euh... Ryot n'est pas trop sûr. Anarchi l'a fait jurer de rester tranquille. Raison de plus pour l'invitation du Valeth qui participe au festival pour la première fois. J'pense pas qu'il va aimer...

Ca fera 52 crédits pour l'entrée, annonce la zangolaise qui vérifie que tout le monde paye et scanne pour son entrée au festival. Ryot fait le paiement pour lui et Raz (vu que c'est lui qui l'a invité) et tend son bras non-bionique pour recevoir une puce tamponné sur sa main. Question de pouvoir quitter les lieux sans payer une seconde fois.

Un autre ricanement secoue le Valeth. "C'est justement le but..." ronronne-t-il d'un ton diabolique en se frottant les coussinets. Il est tellement à ses manigances qu'il ne remarque pas que Ryot a payé avant d'être entré dans le festival. "Oh ! Merci mon p'tit connard !" Il se jette sur ses épaules pour le câliner. "Laisse-moi te payer une moustache-à-papa, merde !" Et le voilà qui bondit à la recherche d'un stand, sa queue fouettant des Zangolais au passage alors qu'il fend la foule ; l'excitation a clairement chassé la fatigue.

Tsé, les zangolais aiment moins les sucreries que les valeths. Pas qu'il a envie de décevoir Raz, mais il c'est mieux que de le voir déçu après une première bouchée. Donc les barbes... ou moustaches... ou cheveux-à-papa, bah... sont moins sucrés. Heeeu... mais sinon t'peux m'acheter un verre. C'est pas lui le fan du sucre.

"Moins sucré ?" s'étrangle Raz qui manque de s'emmêler les pattes de surprise. "Putain ! Quelle est cette infamie ? Cette ineptie ? Cette connerie ?!!" gueule-t-il à tout rompre. Quelques regards se tournent vers eux mais le Valeth n'en a cure. Ses longues perches faiblissent et il se maintient sur Ryot. "Comment vais-je faire si les moustaches-à-papa sont dégueulasses, merde ? J'peux te payer un verre, putain que oui, mais je vais dépérir de manque de sucre, quel bordel !"

Mais t'as emmené tes propres trucs, non ? tente encore Ryot pour calmer son ami qui tire de plus en plus l'attention de la population indigène. Pis... j'ai pas dit qu'ça serait dégueulasse, mais... tsé... juste moins sucré... Tiens, d'ailleurs voilà un food truck qui vendait des sucreries. Raz va pouvoir tester lui-même.

"Mais je voulais une moustache-à-papa, merdeuuuh !" gémit pathétiquement la Drazma-Queen qui se soutient toujours à son ami. "Un festival sans ce bordel, c'pas un putain de festival !" C'est donc en chouinant qu'il se traîne vers le food truck. "Votre moustache-à-papa la plus putain de sucrée, s'il vous plaît !"

Le vendeur zangolais et Ryot se partagent un regard qui ne dure pas trop longtemps. Malgré ses bonnes intentions, les yeux de Ryot paraissent sévères et menaçants. Il a dû penser qu'il veut dire "Et que ça saute !" plutôt que "C'est pas grave, c'est un valeth, faites de votre mieux". Le vendeur a l'air aussi nerveux que Ryot quand il lui tend enfin sa moustache-à-papa multicolore.

Raz est totalement indifférent à leurs jeux de regard. Il n'a d'yeux, lui, que pour ses moutasches-à-papa et il s'en lèche les babines en se frottant les coussinets, un ronronnement au fond de la gorge, quand le vendeur lui tend sa friandise. Ni une ni deux, il l'enfourne dans sa gueule vorace, son ronronnement atteignant le rythme d'un tambour effréné. On mâche. On mâche. On mâche. "Mmmh, pas dégueu, putain !!" s'exclama-t-il soudainement après un long moment de silence pensif.

Ouf. Drama évité. Si Raz approuve, c'est que c'est bon. Ryot respire enfin (et se rend compte qu'il a oublié de respirer tout le long). Z'ont aussi des boissons que j'pense que t'vas aimer. Il pointe un autre stand avec cinq machines à slush* qui créent la délicieuse barbotine glacée aux sirops de fruits.

Pour le *:

Raz a la gueule trop pleine de moustache-à-papa pour répondre oralement mais un ronronnement fredonne dans sa poitrine. Il pointe sa sucrerie vers Ryot avec un oeil questionneur, enclin à partager avec son p'tit connard de meilleur poto. L'autre oeil dérive vers la machine à slush avec gourmandise.

Il secoue poliment la tête. Pas de sucre pour lui. Pas encore en tous cas. Trop tôt pour du sucré. Mais il dirait pas non à une omelette d'oeufs de gartyuu. Ou peut-être une brochette de glawa, même s'il se doute qu'ils sont pas très communs sur Dosth. Vais aller chercher à manger aussi. Il pointe un stand un peu plus loin que celui avec la machine à slush.

Occupé par sa moustache-à-papa, Raz suit docilement son ami. Un grondement lui échappe soudainement et il jure entre ses crocs alors que la chose gluante s'accroche à sa fourrure et ses moustaches. Un brin de toilettage ne serait pas de trop ! "Merde ! J'aurais dû prendre ce putain de truc en dernier, bordel." gémit le Valeth d'un air pathétique.

Ryot n'avait pas de poils pour subir les mêmes difficultés que son meilleur poto. Il avait déjà du mal à faire pousser des sourcils et des cheveux sur son crâne alors on pense même pas à la barbe. Heu.... doit bien y avoir des toilettes publics avec des lavabos... proposa-t-il à Raz'Sha, sachant que le niveau de propreté des toilettes publics allait peut-être le répugner plus qu'un peu de sucrerie collante dans ses moustaches.