Rappel du premier message :



Comme chaque année pendant le Festival Bouch-Croutte, Ryot et Anarchi se trouvent 120 pieds sous terre. Pas dans le sens où ils sont morts et enterrés (quoique pas nécessairement improbable vu leurs antécédents) mais qu'ils sont, comme le considère encore et toujours Maman Anarchi, chez eux.

Dosth n'est pas son chez soi. Il y a peut-être la même chaleur étouffante, mais les deux soleils n'atteignent pas les souterrains avec leur lumière éblouissante. L'odeur de la terre lui est familière, ainsi que la grande ville sous-terraine où il a grandi, mais sa caravane lui manque déjà. Son hamac. Ses coussins. Son frigo pourri. Ses macaronis au fromage. Sa sérénité.

Wesh, t'sais pas comment j'vais te couper en rondelles, 'spèce de banane flambée ! Echo de la chambre du voisin du dessus.

Il est 05h00. Ryot a peut-être dormi 2 heures et demi. Le matelas de l'hôtel F1 n'a pas le luxe de son hamac. Ca fait trois nuits qu'il dort sur une planche. Il a besoin d'un masseur — et pas n'importe lequel ! Un masseur sarien. Assez de bras pour masser les parties de son dos qui en ont besoin et assez costaud pour le faire avec la force qu'il a besoin. En plus, s'il n'a pas rêvé la conversation qu'il a eu y'a quelques jours (je vous avoue tout de suite qu'il était fortement alcoolisé), un vieil ami est supposé venir le voir aujourd'hui. Et le connaissant... Il a vraiment besoin de ce massage.

Raz adresse un pouce victorieux à son poto et sa tronche de ouf. Puis il poussa la gamine vers son frère. "On a chopé ce moustique qui traînait toute seule. C'est dangereux, putain. Sois un meilleur frère, connard, compris ?"

Il reçoit un pouce en l'air. Comme d'hab, Ryot ne pige pas trop ce qu'il a fait pour le mériter, mais un pouce en l'air c'est un pouce en l'air. Il ne faut pas toujours une raison. C'est tellement plus facile de simplement l'accepter.

C'est elle qui— Il avale l'accusation, ne souhaitant pas se mettre le duo à dos et finit par sagement hocher la tête.

Le type semble comprendre vite, au moins. Une fois que la gamine est balancée dans les bras de son frère, Raz se tourne vers Ryot en ronronnant si fort dans le mouvement qu'il en trébuche. "Ma peluche de zingou, maintenant !" Il s'extasie comme un enfant.

Oh... Il va se sentir mal s'il réussit pas à contourner les stratégies de triche du stand de tir maintenant, c'est sourd. Ca n'aide pas cette pression que Raz lui fout (inconsciemment) avec ses supplications. Ryot veut bien tenter de convaincre son poto qu'une défaite est imminente, mais il le connait assez bien pour savoir qu'il va juste le contredire aussi.

Ok.... on essaye......

"Ouiiiii !!" Le Valeth semble avoir jeté la dignité aux orties. Il y a une PELUCHE de ZINGOU plus GRANDE QUE LUI à gagner ! Comment peut-il rester calme, merde ? Mais il se met à distance de Ryot et essaye de se la fermer pour ne pas déranger son poto.

Ryot s'approche du stand de tir. Il n'est pas vraiment le genre de personne à stresser pour un rien, mais même lui sent la pression avec son poto qui fait de son mieux de garder la gueule fermé alors qu'on sait tous que ses pensées portent autant que sa voix.

Deux cartouches, svp. Il montre ses doigts en V et réceptionne le fusil en plastoc. Puis...... concentration.

Raz ne peut pas s'en empêcher. Il trépigne. Il ronronne. Il jure à tout va dans sa tête. Ses lèvres sont bouclées par ses crocs au point de s'en mordre.

Il n'en reste pas moins une présence hyper intense dans le dos de Ryot.

HRP:

Pew. Le premier tir est un test. Si le jeu est truqué, Ryot doit voir à quel point. Il sait qu'il a bien visé, mais sa balle a raté sa cible. Pew. Deuxième essai. Encore un peu de travers, mais au moins ça touche le côté de la cible. Pew. Troisième essai. Il vise comme s'il louche, mais peu importe tant qu'il réussit. Pew pew pew pew pew pew pew. Le reste est fastoche.

Raz en a la gueule ballante. Il se tient complètement immobile, si ce n'est le bout de sa queue qui frétille de joie, puis bondit sur son poto qu'il enlance en le soulevant et virevoltant dans son enthousiasme. "Wahou, putain ! T'es trop fortiche, mon p'tit connard ! Merde ! J'en ai les moustaches toutes retournées, putain !"

La gars qui garde le stand a moins d'émotion. Une fois que les pieds de Ryot ont retrouvés le sol, le zangolais pointe vers les prix affichés au-dessus de lui avec l'expression la plus blasé du monde. T'as l'choix entre ceux-ci. Evidemment, Ryot tourne vers son poto qui a le droit de choisir la peluche qu'il veut. C'était ça le but de cet effort, après tout.

"Le zingou !!" couine Raz avec tellement d'excitation que ses putains et merdes qui lui servent de points n'arrivent pas à passer sa gorge serrée d'émotions. Le forain lui tend la peluche d'un air blasé et le Valeth la serre contre lui en ronronnant si fort que des Zangolais de passage se tournent vers lui. Après dix minutes à roucouler, il se jette sur son poto pour le rajouter à l'étreinte. "Merci, mon p'tit connard ! Putain ! C'était trop chaud comme t'es doué ! Si c'était moi, merde, je me serai tiré dans la patte !"

Raz passe tellement de temps à câliner sa peluche que Ryot suppose qu'il a oublié sa présence jusqu'à ce qu'il soit écrasé entre ses bras. Pas oublié. Ch'ui sûr que non, répond-il, quand même un peu gêné par tous ces compliments.

"Je t'assure que si, mon p'tit connard." rit Raz à gueule ouverte. "Je parle de source connue, merde ! Je me suis putain d'éclaté la patte. Mais les autres cons ont tellement ri qu'ils se sont fissurés les côtes et bordel que j'ai eu du pot, j'suis docteur, moi, merde." Son sourire espiègle est démenti par le relent de souvenir de sa voix.

J'pense qu'même les d-docs ont b'soin d'savoir comment s'défendre. Surtout de nos jours. C'est rare les gens qui n'ont pas de confrontation à la mort. Ou peut-être Ryot en a tellement que c'est devenu tout à fait normal pour lui. Un truc de tous les jours. On va boire un verre maintenant ? La pauvre chose en a besoin.

"Bah ouais mais merde, j'me défends mieux au scalpel qu'au flingue ! Si tu savais comme c'est putain d'utile de connaître la disposition interne des organes de toutes les merdes d'espèces de cette galaxie." Raz finit sa démonstration dans un rire nerveux : il n'aime pas penser au retournement de ses connaissances. Donc il saute vivement sur la corde offerte par Ryot. Changement de sujet ! "OUAIS ! Merde, j'ai le gosier à sec !" Un bras s'avachit sur les épaules de son poto et il lui sourit de tous ses crocs.