Rappel du premier message :




Klyde s'était figé à peine la porte de son appartement ouverte, bloquant le passage du roux par la même occasion. Un truc avait changé mais quoi ? {J'ai trouvé la première} s'amusa l'Ange, signe qu'il pouvait le remarquer d'où il était. Et la seule chose qu'il voyait, était sa corbeille de fruits remplie à ras-le-bord. Jamais il n'avait autant de réserve !

Le jeunot ne dit rien mais libéra l'entrée pour vérifier. Et effectivement, sous les pommes se cachaient deux petits sacs de toile. "Oh. Nous avons eu la visite de notre Ordre" confirma Klyde en sortant un caillou d'un des sacs, avec un symbole qu'il ne connaissait pas. "Ce doit être les tiens, tu reprends du service ?" Peut-être le mot qu'il y avait avec les petites pierres répondrait pour eux : C.St.Nicolas. Un lien avec les rumeurs en ville depuis ce matin ?

Oui, avoua-t-il, sans expliquer pour quelle raison ça le dérangeait. Mais tu n'as pas eu l'idée de me faire rencontrer ce milicien. C'était une coïncidence. Ils étaient partis pour observer la cathédrale, après tout. Tomber sur l'ami de Klyde avait juste été une surprise désagréable. Pourquoi tu as fait un malaise avant qu'on aille au café ? Il savait déjà pourquoi la crise avait amplifié après.

Triturer sa main blessée était aussi une manie qu'il devrait abandonner, surtout qu'il n'aurait pas le temps de la soigner s'il rouvrait bêtement la plaie. "Je ne sais pas trop. Du début, vous ne vous êtes pas entendus et... la tension qu'il y avait, ça... j'ai eu peur. De vous deux."

Il n'était toujours pas sûr de comprendre. Peut-être devrait-il lui poser la question différemment. Et qu'attendais-tu de notre rencontre exactement ? S'il pouvait comprendre les intentions de Klyde derrière cette "idée", il pourrait peut-être en tirer ses conclusions.

Même s'il atteignait la vingtaine, la même innocence brillait dans les prunelles glacées. "Je t'avais dit que je ne voulais garder aucun secret pour toi, que je te dirais tout. Maintenant, tu sais à quoi il ressemble et qui il est. A vrai dire..." Klyde eut une petite moue. "Je savais bien que vous ne deviendrez pas amis mais je ne pensais pas que ça se passerait aussi mal."

Il pose trop de questions. C'est pas qu'il lui en voulait. Poser des questions faisait partie de son boulot. Mais l'interrogatoire qu'il avait subi tantôt avait senti trop... personnel. Ses questions étaient trop ciblées. Tu devrais t'en méfier toi aussi. Ah. Il se rappela d'un détail qui l'avait chiffonné. D'ailleurs, tu lui as parlé de Saratov ?

"C'est un milicien", comme si le mot expliquait tout. "Non, uniquement ce que j'ai dit au café. Un prieuré avec des orphelins comme il y en a des milliers en Russie. J'ai aussi appris que la Volga qui passe à Saratov est le troisième fleuve le plus grand du pays et que des tas de villes s'étaient construites sur ses rives. Qu'on y a grandit ensemble et qu'on m'a demandé de suivre ma propre voie quand j'ai eu l'âge de partir." C'est qu'il avait potassé son sujet ; c'était parfois utile d'être trop curieux.

Et tu aurais "oublié" le nom de ta propre ville ? Il ne semblait pas convaincu. Vu comment il lui avait posé la question, Pasha avait eu l'impression qu'il tentait de le piéger dans un mensonge. Tu sais ce qu'on va devoir faire s'il continue de poser trop de questions, oui ? Klyde le savait sûrement, mais il oubliait parfois de penser aux conséquences de ses actions. J'ai toujours dit de venir de Moscou et d'y avoir vécu ma vie entière. Je sais que la chance qu'il tombe sur l'unes des personnes qui me l'a demandé est faible, mais elle y est. Tu n'aurais pas dû m'inclure dans ta couverture.

"Tu m'as dit que tu ne parlais pas aux gens, comment je pouvais savoir ?" Klyde s'en voulu encore plus dès sa reproche prononcée. "Je suis désolé... j'ai mal fait, ma faute, pardon..." baissa-t-il de nouveau la tête, triturant sa main. "Je veux juste être un bon Guide mais je ne suis pas aussi doué que toi... et... et je tuerai Maksim s'il le faut pour garder notre secret." En cela, l'Ange resta étonnamment muette. Validait-elle ses paroles ou voyait-elle quelques choses qui lui échappait ?

Il voulut lui répondre qu'il n'avait pas vraiment le temps (ni l'envie, honnêtement) de récapituler chaque conversation qu'il avait eu ces derniers trois ans, mais Klyde avait aussi raison. Ne rien dire marchait peut-être avec un Guide qu'il ne voyait qu'une fois tous les deux ans, mais celui-ci avait l'intention de rester dans sa vie. Ce n'est pas ta faute. J'aurais dû en parler avant. Il faut simplement qu'on se mette d'accord sur nos couvertures pour éviter ce genre d'incohérences. Tu as le temps ce soir ?

Le caneton jeta un coup d'oeil curieux au plus grand. Il arrivait à revoir le Pavel de son enfance, pas celui qui l'avait accueilli si froidement à la gare il y a quelques mois. "Je peux venir chez toi pendant ma ronde dans ton quartier." Le "sauf si je traque un démon" était naturellement sous-entendu. "J'essayerai de ne pas arriver trop tard pour ne pas te réveiller" avança-t-il en se souvenant que l'autre n'avait pas le même rythme de veille/sommeil que lui.

D'accord. Il analysa le visage de Klyde pendant quelques longues secondes, cherchant à trouver quelconque signe d'une autre crise qui se cachait derrière ses yeux de caneton, mais il avait sincèrement l'air d'aller mieux. Sûrement pas "bien"... mais mieux. Je peux te laisser alors ? demanda-t-il quand même, question de s'assurer qu'il n'allait pas rouler en boule dans un coin quelque part dès qu'il avait le dos tourné.

Il se sentait rougir sous l'oeil vert fixé sur lui, sûrement à cause du froid qui le reprenait à force de rester immobile. "Oui, je vais faire mes rondes. Et ne t'en fais, rajouta-t-il dans un soupire fatigué, "Sveta veille."

Pasha tapota son sac. A plus tard alors. Par réflexe, il leva le regard pour voir s'il pouvait facilement escalader le mur pour se déplacer en hauteur, avant de se rappeler que de mettre de la pression sur son bras était certainement une mauvaise idée. Il fit donc demi-tour pour retrouver son appartement à l'ancienne : par la porte d'entrée.