Rappel du premier message :




New-York, la belle, la grande, la fameuse ! Une ville parfaite pour moi qui essayait de me fondre de la masse et de devenir le plus anonyme des anonymes.

Y avait du monde ici et c’était parfait. Détroit avait commencé à me paraître trop petite. Et peut-être aussi que j’étais retombé dans quelque uns de mes petits travers et que j’avais recommencé à me faire remarquer… J’avais été obligé de bouger, encore. Et comme je cherchais à me faire discret, une très grosse métropole me semblait être le choix idéal. J’avais hésité encore L.A et N.Y. Finalement j’avais opté pour Big Apple.

Evidemment, j’avais pas un rond. J’étais là depuis quelques jours, trois, cinq peut-être et mon seul billet de 10$ me sauvait la vie. Mais j’étais dans l’obligation de trouver une vraie solution pérenne pour poser mes fesses au risque de me faire prendre, encore, pour mes duperies.

En attendant je me traînais dans les bas quartier (pourquoi changer les bonnes habitudes ?) en rasant à moitié les murs. J’aperçus un rassemblement qui ressemblait de loin à un banal attroupement de SDF, mais il y avait là des gens un peu mieux fringués et moins édenté qui semblait parler à la populace, alors je me rapprochais par curiosité.

La question aurait dû me bloquer. Habituellement je me serais rebiffé ou j’aurais chercher à changer de sujet. Mais au lieu de me tendre, je me sentais étrangement serein...

- Euh... principalement des types de la mafia de Chicago...

Je ne savait pas ce qui me prenait parce que je n’avais jamais donné cette information. C’était bien trop dangereux et franchement idiot...

"Je vois, c'est bien que tu nous l'aies dit. Comme ça, nous pourrons les accueillir, hein Blast ?
- Héhé ! Qu'ils viennent donc !"
De mon côté, je hochais la tête et Scorpia se mit à rire. Je n'avais aucune compassion pour les mafieux. Certains n'avaient pas le choix mais d'autres le faisaient pour le goût du risque ou de l’opulence.

J’étais agréablement surpris de leur réaction. Qui réagirait comme ça en sachant qu’ils auraient hypothétiquement des gens dangereux aux fesses ?! Et bien... oui, évidement, des mutants encore plus dangereux qu’eux sans aucun doute... Mon sourire, au départ hésitant, se fit large et radieux.

Je ne savais même pas quoi dire tellement j’étais étonné et... et bien oui, heureux.

- Merci.

Ce fut tout ce qui me vint à l’esprit.

La suite de la soirée se déroula bien. Morgan commençait à s'ouvrir, j'avais bon espoir d'avoir rameuté un membre à la fois fidèle et utile. Je buvais un verre d'alcool et commençait à me détendre un peu et un mec, visiblement alcoolisé, venait pimenter la fête en traitant Scorpia de monstre. Celle-ci lui flanqua une bonne pince dans le dos (de façon amicale) et l'homme s'effondra sur le sol sous le poids de la surprise.
"Oups, j'y suis allée un peu fort, désolée."

C’était complètement dingue de les voir s’assumer comme ça ! Ces mutants étaient genre... sans honte, sans complexe, comme s’ils étaient tout à fait normaux et j’avais très envie de me sentir comme ça aussi. En fait, dans ce groupe, je sentais que j’etais aussi à l’aise qu’eux. Alors ouais, je voulais carrément rester dans cette troupe de dingues !

Je me tournais vers Maureen et lui balançait un clin d’œil assorti à un sourire ravis. La belle m’entraînait dans un monde nouveau qui me plaisait déjà.

- C’était génial les gars ! On se refait ça quand vous voulez ! Et Scorpia... t’es magnifique.

Lui lançais-je assorti d’un clin d’œil.

Je vis Scorpia rougir comme une écrevisse devant son compliment inattendu. Cela me faisait presque de la peine de le soumettre sous peu à un test de fidélité ; il semblait sincèrement heureux. Je verrai avec lui à la fin de la semaine s'il tient tant à rejoindre le Refuge sous peu, sinon il pouvait rester au refuge des SDF encore une semaine ou deux. Nous nous quittâmes ainsi sur cette bonne note.
Comme prévu, je l'appelais quelques jours plus tard au téléphone pour lui parler :
"Alors, comment t'habitues-tu à NY ?"

J’étais resté au refuge. Je commençais à prendre mes marques ici, et j’avais revus plusieurs mutants que j’étais heureux d’appeler mes amis. Pour la premier fois depuis longtemps, je le sentait assez serein. Je ne vivais plus dans la peur constante qu’on me tombe dessus et c’était rafraîchissant.

Je répondis avec entrain a mon téléphone en voyant le nom de Maureen s’afficher.

- Salut ma belle ! Écoute, plutôt pas mal ! Ça caille toujours autant mais... grâce à toi j’ai trouvé une bonne compagnie pour découvrir la ville ! Et toi, quoi de beau poulette, tu veux qu’on se voit ?

Je le trouvais de vraiment bonne humeur et il qualifiait nos frères et sœurs mutants de bonne compagnie. Allait-il nous en vouloir de lui faire subir ce test ? Je n'avais pas à me poser la question dans le cas où il échouerait.
"Oui, j'allais te proposer un café pour discuter d'un endroit qui caille beaucoup moins, qu'en dis-tu ?"
S'il était intelligent, il savait ce que cela voulait signifier.

- Un café dans un café tu veux dire ?

Je rigolais tout seul à ma connerie mais oui, j’avais compris le principe !

- Avec plaisir ! Envoie moi l’info par sms et je te rejoins !

Une fois l’heure et l’endroit reçu, je la retrouvais et lui offrit un sourire en m’asseyant à la table en face d’elle alors qu’elle m’attendais déjà.

Je lui dit donc "salut" et lui envoyait l'adresse du café et l'heure du rendez-vous.
Plus tard, j'arrivais sur les lieux à l'heure convenue et attendit dans une table isolée, le dos à un mur pour surveiller le reste du café. Je commandais un café bien noir et chaud en l'attendant. Il arriva à l'heure et tout sourire, je lui renvoyais un sourire à ma sauce.
"Salut, alors qu'as-tu fait depuis la dernière fois ? Tu as trouvé à t'occuper ?"

Est ce qu’elle me demandait par là si j’avais trouvé du boulot ? Ah. Question épineuse. Moi et le travail, ça faisait 2 !

- Euh... ouais, plus ou moins.

Je restais vague, non j’avais pas de taf, non j’en avais pas cherché et franchement je ne comptais pas vraiment m’y mettre parceque... et bien même si ça m’avait apporté des ennuis, j’avais toujours vécu assez facilement grâce à mon don.

- Et toi, quoi de beau ?

Changer de sujet c’était bien comme tactiques

Je le trouvais peu sûr de lui dans sa réponse. Soit il me cachait quelque chose, soit il n'assumait pas son absence d'actions. Et il changeait un peu vite de sujet. Je ne pouvais pas lui dire qu'à cette époque, j'étais en train de suivre des cours de prestidigitation pour mes spectacles de magie. Dans l'esprit des gens, le pouvoir des sorcière était inné.
"Je me perfectionne auprès d'un maître en magie et c'est époustouflant si tu savais."

Je la regardais avec des yeux ronds sans vraiment comprendre de quoi elle parlait.

- Heu... ouais, ça doit l’être effectivement. Parce que... tu fais de la magie ? Genre... des spectacles et tout ça ?

Bizarrement j’avais du mal à l’imaginer sur scène avec un lapin sortant d’un chapeau mais après tout... pourquoi pas ? Rien ne devrait plus me surprendre après tout ce que j’avais vu l’autre soir en compagnie de ses amis. De mes amis ? De nos amis peut-être.

Je me retenais à grand peine de ne pas lui envoyer une illusion effrayante de mon cru pour lui montrer le genre de magie dont j'étais capable en plus des spectacles. Je devais me concentrer sur ce qu'il faisait.
"Au fait, la copie de mon portable a disparu. J'imagine que cela fait partie de ton pouvoir. C'est donc comme ça que tu gagnes de l'argent ? En échangeant des copies avec des faux ? Les films de Ocean* doivent te faire marrer."

Ocean's eleven, twelve etc.

Je haussais les épaules.

- Ouais, c'est ce que je faisais. C'était facile de faire une copie et de garder l'original pour le revendre... Avec les particuliers, c'était mieux, ils pensaient simplement avoir perdu leur truc. Avec les professionnels... c'était plus compliqué. Comment expliqué qu'un truc se volatilise dans une vitrine, hein ?

Je lui lançait un sourire un peu mitigé. Pas fier de moi, mais j'assumais.

"J'aime beaucoup les films de Ocean. C'est en effet dangereux d'affronter des malfrats tout seul sans pouvoir défensif. Pour revenir à ce que tu me demandais, je fais effectivement des spectacles. Je pourrais te proposer une place dedans si tu es intéressé par les paillettes. C'est très divertissant de travailler son personnage de scène."
Une serveuse arriva pour me servir mon café noir puis demanda à Morgan si celui-ci souhaitait commander quelque chose.

Pendant une minute, Morgan imagina la chose. Lui, assistant de la belle Maureen, faisant des tour de passe-passe grâce à son pouvoir… Sur scène, il passerait bien, c’est clair ! Et sa mutation ne passerait que pour une illusion bien travaillée ! Il eut un sourire ravi un instant, mais celui-ci s’effaça doucement. Qu’il ait des amis mutants ou non, mieux valait pour lui rester discret.

- Merci de la proposition, mais je préfère rester spectateur ! Tu m’invitera à l’une de tes représentations ? Je suis sûr que tu dois être impressionnante !

Et magnifique, soit dit en passant...

Je ne savais pas pourquoi il hésitait, il semblait pourtant partant. Quelle dommage de ne pas pouvoir entendre les pensées, mes illusions seraient aussi percutantes que cette du Professeur. Je lui dis donc que je l'inviterai sans problème à la prochaine.
"Et devenir un mutant de la Confrérie, ça te tenterait ? Être sous la houlette de Magneto ?"

Faire partie de la confrérie ? Officiellement ? Comme… comme les autres, se faire appeler “frère” et tout le bordel ? Je hochais vivement la tête.

- Ouais. Carrément qu’ça me plairait.

Retrouver des liens, une famille… j’étais pas le meilleurs des type mais tout ceux que j’avais rencontré avaient été si sympa et compréhensif… C’était un peu comme refaire partie de la mafia. Mais en mieux. Avec des types comme moi. Des mutants. Qui me jugeraient pas pour mes conneries ou mon passé.

- J’aimerais vraiment.

"Par fait, et est-ce que tu te rappelles de la condition sine qua non pour faire partie de la confrérie ?"
J'allais faire jouer sa mémoire, ce n'était pas quelque chose de bien compliqué à se rappeler. Une famille est une famille comme... la famille Addams. On ne touche pas aux autres membres ! Après, il pouvait faire ce qu'il voulait de son côté.

- Euh…

Ok, j’aurais surement dû savoir répondre du tac-o-tac, mais on avait parlé de tellement de trucs et ça faisait déjà un moment… je me triturait donc les méninges gentiment, avant d’avoir une illumination.

- Ah ! Ouais ! Le truc de la solidarité ou quelque chose comme ça, c’est ça ? Genre… tous frangins et on protège la famille !

Franchement j’étais fier de moi. Enfin, je le serais définitivement si j’avais visé juste !

Il avait visé juste mais trop lentement. Ce genre de chose devait être instinctif, pas le genre de chose qu'on donne parce que c'est ce que l'autre voulait entendre.
"Quelque chose comme ça, en es-tu sûr ? me moquais-je de lui. As-tu des exemples concrets en tête ?"

Ok… j’étais en train de passer un entretien d’embauche et c’était bien la première fois que je faisais un truc pareil ! Alors je repris mon sérieux et me concentrais un peu sur ma réponse pour essayer de ne pas dire trop de conneries.

- Euh, ouais, alors, hum… Genre… ce serait par exemple qu’un pote se fasse tomber dessus et qu’on se barre pas pour sauver sa peau mais qu’on le défende ?

Je la regardais d’un air de demander “j’ai juste ?”. Fallait me comprendre, moi, les règles, les groupes, la famille… c’était le genre de truc ou j’avais beaucoup de lacunes.

"Oui, par exemple..."
En vrai, les membres de la Confrérie ne se sauvaient pas mutuellement, c'était plutôt un truc de X-men. Ma priorité était mes sœurs > la Confrérie > les mutants > les humains > la vermine > les anti-mutants.
"Tu n'es pas obligé d'aller jusque là mais au moins tu ne dois jamais - je dis bien jamais - porter préjudice à la Confrérie. Surtout, notre Refuge doit rester secret à tout prix. Les X-men ne doivent pas en entendre parler, pas plus que la police ou les anti-mutants, vu ?"

Je hochais la tête vivement et avec sérieux.

- Vu.

Ok, c'était important. On peut laisser les autres en plan en cas de pépins mais on ne dénonce pas le nid. J'avais capté. En même temps ça se comprenait. Et j'avais intérêt à être sûr de moi en prononçant la suite si je ne voulais pas me faire définitivement refouler.

- J'ai compris. Je peux le faire. Motus et bouche cousu, je suis un tombeau ! Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer !

C'était déjà bien parti pour de toute façon...