New-York, la belle, la grande, la fameuse ! Une ville parfaite pour moi qui essayait de me fondre de la masse et de devenir le plus anonyme des anonymes.

Y avait du monde ici et c’était parfait. Détroit avait commencé à me paraître trop petite. Et peut-être aussi que j’étais retombé dans quelque uns de mes petits travers et que j’avais recommencé à me faire remarquer… J’avais été obligé de bouger, encore. Et comme je cherchais à me faire discret, une très grosse métropole me semblait être le choix idéal. J’avais hésité encore L.A et N.Y. Finalement j’avais opté pour Big Apple.

Evidemment, j’avais pas un rond. J’étais là depuis quelques jours, trois, cinq peut-être et mon seul billet de 10$ me sauvait la vie. Mais j’étais dans l’obligation de trouver une vraie solution pérenne pour poser mes fesses au risque de me faire prendre, encore, pour mes duperies.

En attendant je me traînais dans les bas quartier (pourquoi changer les bonnes habitudes ?) en rasant à moitié les murs. J’aperçus un rassemblement qui ressemblait de loin à un banal attroupement de SDF, mais il y avait là des gens un peu mieux fringués et moins édenté qui semblait parler à la populace, alors je me rapprochais par curiosité.

"Le système vous a peut-être laissé tomber mais vous pouvez vous relever ! Tracer votre propre voie et agir à votre manière pour un monde meilleur ! La normalité est un concept qui vous emprisonne. N'ayez pas honte de vos différences ! Émancipez-vous de ce carcan ! Venez nous rejoindre ! Nous la Confrérie des Mutants"
Ce n'était pas le travail que j'aimais le plus mais il paraissait que je n'étais pas mauvaise à galvaniser les foules et à vendre la Confrérie.

Je tendais l’oreille et me rapprochais de la foule. Je fis mon trou dans un coin, façon mec qui tente de se mettre devant la scène de son groupe préféré.

Dans le mot confrérie, il y a frère, mais y a con aussi. Je n’avais pas idée de qui était ce groupe de glandus mais ça titillait le provocateur en moi.

- Ah ouais ? Et vous faites quoi de plus que les autres ? Vous donnez du fric gratos ?

Un grommèlement collectif inarticulé fis écho a ma question.

Je me tournais vers celui qui avait parler. Il était grand et semblait encore assez vigoureux pour un clodo. Il devait l'être depuis peu de temps.
"Nous offrons tout d'abord un refuge, des rations et un suivi psychologique mais c'est tout. Le reste doit venir te doit. Une fois la tête hors de l'eau, tu dois nager jusqu'au rivage. La vie ne nous offre rien, ce n'est pas à vous que j'ai besoin de le dire. Mais vous pouvez faire mieux que de vous blottir autour d'un tonneau !"

Le silence revint. Un toit et de la bouffe ? C’était déjà pas mal, surtout quand il faisait -30 la nuit ! Le côté natation m’échappais alors je me concentrais sur ce qui était intéressant.

- Et en échange de quoi vous donnez tout ça ?

Parceque clairement, ici bas, rien n’était gratuit.

J'avais une réponse tout prête mais les gens étaient comme des enfants, ils étaient capables de poser des questions à l'infini. J'allais donc court-circuiter ce cercle vicieux. Je le détaillais davantage : son regard me semblait blasé. Je marchais dans sa direction avec ma théâtralité habituelle.
"En échange de tout ça, que proposes-tu ? Qu'es-tu prêt à donner ?!"

Ola, ma jolie.

Je détaillais la créature qui s’avançait vers moi d’un pas félin. Y avais pas à dire, ce joli petit lot était un plaisir pour les yeux. Elle avait quelque chose d’hypnotique et d’un poil coincé qui donnait envie d’approcher la bête.

Un sourire sans doute un peu niais fleuri sur mes lèvres. Je levais la main vers elle, baissant la tête pour accrocher son regard et vint effleurer son oreille de mes doigts. Je lui présentais ensuite la copie parfaite de sa boucle d’oreille.

Le mec changea de ton, il se mit à sourire et à se montrer charmeur. Je compris alors pourquoi il était si sûr de lui. C'était un mutant et il croyait m'acheter avec des objets. Je ne me faisais nulle illusion sur la fausseté de ce bijou, je me demandais quelle limite avait sa mutation mais aussi quelle utilité pouvait en tirer la Confrérie.
"C'est en effet une mutation très impressionnante."
Je fermais les yeux pour masquer l'aura violet de mes yeux et lui envoya une illusion qui disait "suis-moi après le discours".

La suivre ? Avec plaisir ! Où est quand elle le voulait ! Enfin, façon de parler évidemment. Mais j’étais toujours heureux d’être invité à passer du temps en bonne compagnie.

J’attendis donc que le discours se termine et que la foule se délite un peu. Je me fis discret jusqu’à ce que tout ça prenne fin, puis retrouvais la demoiselle qui m’avait invité.

- Alors, c’est quoi exactement votre confrérie ? Un groupe de pouilleux qui cherchent un sens à leur existence ?

Je finis donc mon discours et les SDF furent guidés jusqu'à un immeuble "loué" pour un mois. C'était une bonnes idée de jouer les bons samaritains. Et s'ils étaient mutants -- ce qui était bien souvent le cas -- c'était encore mieux.
Mais je me rends compte que l'un d'eux me suivait. Ah oui, c'était le duplicateur d'objets. Il n'avait pas entendu parler de Magneto et de sa Confrérie, étrange.
"Il s'agit d'un groupe de mutants qui luttent contre l'oppression humaine."

Oh. Oh ! Ça, ça pouvait être carrément cool ! Du genre... avoir une bandes de potes mutant pour se faire sauver les miches en cas de besoin... ouais, carrément utile !

- Cool. Je veux dire... ça à l’air sympa. Et y a des règles chez vous ou ça se passe comment ?

Ne pas mettre refuge en danger c’était assez vague quand derrière c’était ok pour les braquage de banque... mais je pensais savoir où elle voulait en venir. La perspective d’améliorer mes pouvoirs étaient quand à elle vraiment top et ça me donnait envie.

- J’vois ouais. Ok. Et donc, pour la confiance... faut que je passe un genre de test ?

J'avais tout à fait conscience du regard qu'il me jetait. Il avait beau avoir dans les cinq ans de plus que moi, je pouvais me défendre.
"Uh-hum, si tu le désires. Je ne force pas, tu peux rejoindre les gens dans le bâtiment pour ne pas juste crever de faim mais ce serait dommage si tu veux mon avis. Avec un pouvoir comme le tien, tu peux plaire à beaucoup de frères et sœurs de la Confrérie et obtenir des avantages."

Frères et sœurs, ah oui, ça ne rigolait pas ! Mais ce n’était pas ce qui allait me déranger, des frangins dans la rue j’en avais eu beaucoup.

- C’est sûr, je peux être pratique dans mon genre. Avec moi on tombe jamais à cours de munitions !

Vu qu’elle avait parlé de braquage, je restais dans le thème.

- Et du coup je devrais faire quoi ?

Mais c'était qu'il avait des idées lui ! Je n'y avais pas pensé, je l'avoue.
"Tu peux commencer à te présenter, parler de toi mais tu dois avoir faim. Nous serons mieux autour d'une table."
Il sentait un peu la mort mais je pouvais bien lui "offrir" le repas et me retenir de froncer le nez quelques minutes. Je fis signe à mes frères et sœurs que j'allais discuter avec ce type. Dont le nom était inconnu encore.

Je hochais la tête et lui emboîtait le pas pour entrer dans le bâtiment. Je ne dirais sûrement pas non à un peu de bouffe ! Je remplis mon assiette et m’installais avec elle dans un coin relativement tranquille, un peu à l’écart. Je commençait à manger et parlait la bouche à moitié pleine.

- J’m’apelle Morgan. J’viens de Chicago. Mais j’ai pas mal bourlingué. Je suis un gosse des rues. Et toi ?

Quitte à faire, autant avoir la réciproque de la part de la jolie poupée !

"Tu peux m'appeler la Mambo, c'est mon nom de code. J'ai dix-sept ans et je suis née en Caroline du Nord. J'ai passé la moitié de ma vie à NY."
J'affichais un sourire, je ne doutais pas un instant que l'annonce de mon âge puisse faire un choc. Il était déjà vrai que je faisais plus mature que mon âge ne laissait supposer.

17 ans ?! Sérieusement, 17 ?! Je m’étais arrêté de manger tellement j’étais sous le choc de la déclaration. Parceque elle faisait beaucoup plus ! J’aurais dit la vingtaine, facile ! Et d’un coup je m’en voulais d’avoir envisager une fille aussi... jeune. Bon ok, à 22 ans c’était pas non plus criminel, mais quand même, j’étais majeur et pas elle !

- T’as un sacré... charisme, pour ton âge.

Le mot « châssis » était pas passé loin...

Je me servis dans mon assiette tandis qu'il digérait tant bien que mal l'information. Oh, ça ne me dérangeait pas qu'il me drague, seulement j'aimais être honnête !
"Oui, je sais. Mais parlons de toi : comment se fait-il que tu n’aies jusque là jamais entendu parler de la Confrérie ? As-tu au moins entendu parler des X-men ?"

- Hum... ouais, de loin. Aux infos, ce genre de trucs. On va dire que j’avais d’autres chats à fouetter.

Je reprenais quelques bouchées en réfléchissant à la façon d’énoncer une vie aussi merdique qu’avait été la mienne tout en omettant les détails un peu trop compromettants.

- La majorité de ma vie a consisté à trouvé des moyens de survivre alors je me suis jamais vraiment intéressé à autre chose. Tu vois ?

Comme je regrettais de ne pas pouvoir lire dans les pensées. Je sentais qu'il ne me disait pas tout, notamment les choses inavouables pour survivre.
"Tu peux tout me dire. Pas mal d'entre nous faisons des choses à la limite de la légalité. Une fois que tu auras autre chose à penser que ta survie, est-ce que ça t'intéresserait d'accomplir des missions pour Magneto ? Ah, mais tu ne le connais pas, laisse-moi te présenter."
Je sortis mon téléphone.
"Duplique ça pour voir."

Je haussais les épaules à sa question. Des missions ? Pourquoi pas. Faudrait voir en quoi ça consistait. Niveau "j'ai mis ma vie en danger" j'avais déjà pas mal donné et de façon et bénévole en plus !

Je pris le téléphone qu'elle me tendait. Je jetais un coup d’œil à droite et a gauche avant de faire glisser ma main sur l'engin, créant son double parfait.

- C'est pour quoi faire ?

"Pour tester tes pouvoirs, je veux savoir si un objet dupliqué est fonctionnel. S'il fait illusion."
C'était tout à fait mon idée en effet.
"Connecte-toi sur Internet et tape donc Magneto, 18 janvier."
Il allait trouver la dernière intervention de ce dernier, ainsi qu'une maîtrise spectaculaire du métal. Je préférais Mystique et sa finesse personnellement.
"Naturellement, toutes les missions ne sont pas aussi tape-à-l’œil mais tu peux voir Magneto."

Oh, elle voulait voir ? Et bien elle allait être servi. Mes doubles n'était pas que de pale copie, des choses ayant l’apparence de- mais bien "clone" en quelque sorte.

Je fis ce qu'elle demandais et regardais la vidéo du vieux en train de... Wow, ok, c'était impressionnant.

- Et donc lui, c'est votre boss, c'est ça ? Bordel, il faudrait pas le mettre en rogne ! Vous êtes tous des...

Je baissais le ton.

- Des mutants ?