Rappel du premier message :



"Par Óðinn !" siffle Leif en serrant les jambes pour arrêter Krákagrár. Des arbres à droite, des arbres à gauche, devant et derrière lui aussi. Il est perdu ! Malgré sa boussole, sa carte et son sens de l'orientation. "Machineries de gnomes, à ne pas en douter." grommelle-t-il en se frottant les yeux d'un air las. Il n'a pas dormi en position couchée depuis qu'il s'est aventuré dans cette forêt deux jours plus tôt et la fatigue commence à se faire ressentir.

Heureusement qu'il sait qu'il va toujours vers le sud et que Puffífl lui fournit des rappels de l'heure. Il a même pu noter qu'il s'éloignait un peu trop de la côte grâce au délai plus long mis par l'oiseau pour le rejoindre suite à ses virées de pêches. Avec la menace des zombies, Leif n'est cependant pas friand de l'idée de quitter le sentier plus ou moins dégagé. Encore moins de dormir plus profondément qu'une somnolence sur son cheval avant d'être dans une plaine où il pourrait vérifier aux jumelles les environs.

Des rires étouffés titillent ses sens et il soupire plus longuement. "Que Freyja m'accorde sa patience..." marmonne-t-il avant de calquer un sourire sur son visage fatigué. "Ô gnomes des forêts, veuillez accorder votre bénédiction à un voyageur égaré. Je partagerai mon repas avec vous." Il y a un silence puis des bruissements dans les feuilles d'un arbre sur la droite attirent son regard. "Merci." dit-il en faisant changer de cap à Krákagrár.

HRP:

Yuan fut d'abord déçu quand il constata que le cheval n'allait pas accepter sa petite offrande. Il n'aurait su dire ce qu'avait dit Leif, le mot mot compréhensible pour lui était Freyja, mais en tout cas, sa monture fini par accepter le carré de sucre. Esquissant un petit sourire, il continua de fouiller dans son sac pour en sortir cette fois-ci, une gourde, qu'il proposa d'abord à son compagnon.
❝ Soif ? ❞

Il pose le dernier sabot qu'il vient de curer quand la gourde rentre dans son champ de vision. La chevauchée l'a assoiffé en effet mais Krákagrár encore plus. "Commence, je dois m'occuper de mon cheval." dit-il finalement en détachant une grosse outre en peau au fond de laquelle clapote de l'eau. Presque vide. "Faut trouver un point d'eau..." marmonne-t-il alors qu'il l'attache à la bride du cheval. Un dernier tour aux fontes lui permet de récupérer un reste de viande séchée et de racines qu'il dispose entre Yuan et lui alors qu'il ouvre sa carte pour essayer de trouver où ils sont exactement.

Yuan hocha légèrement la tête et but une gorgée d'eau avant de laisser la gourde à disposition. Il y en avait encore de quoi faire pour un moment, en économisant. Il ignora dans un premier temps la nourriture et s'intéressa plutôt à la carte, jetant un coup d'oeil sur les côtes pour voir s'il pouvait retrouver le village qu'il avait croisé. Il se souvenait encore de la géographie des lieux et après quelques minutes, il posa son doigt sur le lieu trouvé.
❝ C'est ici que j'ai vu le petit groupe de zombie. ❞

Leif jette un coup d'oeil au point indiqué par Yuan puis attrape son carnet qu'il ouvre sur la page où il a croqué le plan de cette partie de la carte. Il préfère gribouiller dessus, même si, n'étant ni géographe ni cartographe, sa technique laisse à désirer. "J'aimerais trouver un lieu en hauteur et dégagé. Une colline nue serait parfaite." Le besoin de dormir se fait pressant, il doit en convenir. Grignotant un bout de viande séchée, il étudie du doigt les lignes de relief.

Yuan étudiait avec attention la carte, en essayant de voir, en se basant sur le lieu du village et le temps parcourut à pied, puis à cheval et compte tenu du fait qu'il y avait une forêt, où ils pouvaient être à l'heure actuelle. Mais il n'avait pas assez de données géographiques et de bonnes connaissances pour les situer avec précision. Cependant, il allait bien falloir dormir à un moment ou un autre. L'avantage d'être deux, c'est que l'un pouvait monter la garde pendant que l'autre dormait. Au pire, il pouvait peut-être lui, dormir pendant la chevauché tandis que son cavalier dormirait maintenant.
❝ Vous avez déjà dormi dans un arbre ? ❞

"Je dors sur Krákagrár 90 % du temps." marmonne Leif en réponse à la question. Un arbre ne lui semble pas un mauvais choix : au pire, il n'a qu'à s'installer à cheval sur une branche, dos au tronc, et son corps prendra automatiquement le relais. Ayant fini de gribouiller sa carte - il a repéré une colline avec un ruisseau au sud-ouest - Leif se relève pour enlever l'outre d'eau de la bride de Krákagrár. "Que la foudre de Þórr soit dans tes sabots." lui murmure-t-il en islandais. L'étalon se met aussitôt sur le qui-vive. "Il n'acceptera pas les caresses dans cet état." prévient-il Yuan avant de grimper s'installer sur l'arbre. "Une heure."

Yuan s'en serait un peu douté, il avait l'air d'avoir une confiance aveugle en son cheval, ce n'était donc pas étonnant qu'il dorme sur celui-ci. Lui qui n'en possédait pas, avait développer sa petite technique pour dormir sans avoir à se soucier des ramper, à savoir dans un arbre, en s'assurant avec une corde, même s'il n'était pas du genre à bouger dans son sommeil. Le papy sembla saisir l'idée.
❝ OK, je l'approcherais pas alors. Je vais voir si je peux trouver quelque chose d'intéressant pendant ce temps. ❞

Leif fixe la branche d'un air dubitatif quand Yuan lui indique qu'il part en ronde. "Que Freyja te garde." lui échappe alors qu'il teste de s'installer comme sur un cheval... bien mieux ! Il n'est pas un singe. Alors qu'il ferme les yeux, Puffífl vient se lover contre lui. "Surveille les zombies, toi." ronchonne-t-il en islandais mais son mouvement manque de vigueur pour faire partir l'oiseau. Mais bon, il ne lui a jamais fait défaut.

Yuan n'avait pas l'intention d'aller bien loin, mais il lui avait semblé voir une petite cabane abandonné, peut-être celle d'un trappeur ou d'un chasseur. Il n'espérait pas grand chose, à vrai, il ne s'attendait plus à rien depuis l'apocalypse, mais il aimerait bien avoir un peu de chance pour une fois. Évidemment, il aurait dû s'en douter, une fois encore, elle n'était pas avec lui. Il ne trouva rien d'intéressant, à la limite, une vielle toile et un bout de corde, mais rien de plus. C'est donc déçu qu'il retourna vers le petit campement de fortune, se contentant de monter la garde bien sagement. Quand est-ce qu'il deviendra chanceux ?

Quand son horloge interne le réveille, Leif n'ouvre pas les yeux dans l'immédiat, préférant retrouver pied avec le monde le plus calmement possible. Il n'est pas tomber de l'arbre, c'était déjà ça, et il se sent reposé, même s'il n'a dormi qu'une heure. Et Puffífl n'a pas sonné l'alarme, il peut donc ouvrir les yeux sur leur "camp" vide de zombards, encore mieux. Même pas de crotte de macareux ! Louée soit Freyja. Leif baille et s'étire puis monte au sommet de l'arbre pour étudier à nouveau les environs aux jumelles.

Toujours déçu de son p'tit tour infructueux, Yuan était un peu ronchon alors qu'il faisait vaguement l'inventaire de ce qu'il lui restait dans sa besace. Ce n'était d'ailleurs pas terrible. Il lui restait un peu de sucre, deux barres de céréales, un petit morceau de viande séchée non-identifiée, une vieille boite de conserve, mais rien pour l'ouvrir et sa gourde d'eau au trois quart vide. Ouais, pas terrible. Mais bon, côté positif de la situation, il ne s'était pas fait emmerdé par des zombies et son camarade semblait finalement se réveiller.
❝ Bien dormi ? ❞

"Suffisamment." répond vaguement Leif en sautant de l'arbre avant de s'étirer pour dénouer ses muscles. Puffífl volette autour de lui puis se rapproche de Yuan par curiosité. Un petit sourire en coin tranche le visage du cavalier. "Fais gaffe, ses crottes sentent vraiment très mauvais. Agite le bras pour le chasser si besoin... Mais ne le blesse pas." Son ton devient dangereux sur sa dernière recommandation.

Leif se détourne vers Krákagrár pour lui caresser le chanfrein. "A la prochaine pause, on sera plus tranquilles. Promis. Je te panserai avec attention, mon ami." lui murmure-t-il contre sa tête. Il embrasse son museau et va le resangler en vérifiant qu'aucune plaie de frottement ne soit apparue. Son cheval est néanmoins en sueur. Il espère vraiment trouver une rivière sûre. "Prêt à repartir ?" lance-t-il à Yuan.

Yuan termina de ranger ses affaires tandis que son camarade descendait de l'arbre et s'approchait de lui. OK, visiblement, il pouvait s'estimer chanceux de pas avoir reçu de crottes de macareux. Il fronça légèrement les sourcils à ses derniers mots. Pourquoi voudrait-il blesse le piaf ? Haussant vaguement les épaules, il rangea la dernière boîte de conserve dans sa besace avant de la passer sur son épaule. Bien. Le temps qu'il prépare son cheval, il fit en sorte d'effacer toutes traces de leur passage, juste au cas où, afin que personne ne puisse soupçonner que des humains -vivants- se sont attardés ici. Puis, enfin, il se tourna vers son compagnon d'infortune et lui adressa un petit sourire.
❝ Je suis prêt. ❞

Son camarade de voyage ne semble pas savoir que le macareux est un oiseau comestible. Leif en a goûté dans son enfance, et doit avouer qu'il avait aimé, mais la protection autour de l'oiseau n'avait fait qu'enfler avant l'Apocalypse ; les colonies de macareux moines doivent prospérer maintenant que l'humain n'est plus là en masse pour exploiter le hareng.

Mais il s'égare. Une fois en selle, l'Islando-Norvégien met le cap vers le sud-ouest, là où ils devraient croiser la route de cette colline près d'une rivière. Un spot idéal pour établir un camp plus pérenne. "Je compte ensuite finir de franchir la forêt pour arriver au village au sud." finit-il d'expliquer à Yuan. "Vannstad, je crois. Tu connais ?"

Yuan repartait donc avec son nouveau camarade, son cheval et son oiseau. Autant dire que le groupe était assez particulier... Mais au moins, il n'y avait pas trop de mauvaise rencontres, celle du genre pas tout à faire morts. Et puis ça faisait un bon bout de temps qu'il avait quitté le dernier groupe de survivant et qu'il marchait seul, de fait, dans le fond, il était plutôt content de voir quelqu'un de vivant et surtout, qui n'essayait pas de le tuer. Pas comme certains... Le monde est devenu tellement dingue. Enfin bref.
❝ Nop, pas du tout. J'étais arrivé depuis peu avant que les emmerdes commencent, je n'ai pour ainsi dire pas eu le temps de me familiariser avec le pays. Y'a quelque chose de spécial là bas ? ❞

"C'est juste le prochain village sur ma route." réponds vaguement Leif. Mais il n'écoute plus vraiment Yuan depuis qu'ils se sont engagés dans les buissons de la forêt. Il a lâché les rênes pour tenir son fusil chargé, ne dirigeant son cheval qu'avec ses jambes. C'est qu'il n'aime pas chevaucher dans des terrains aussi couverts sans avoir effectué au préalable une reconnaissance minutieuse. Pas DU TOUT.

Krákagrár avance avec précaution, les muscles aussi tendus que ceux de son maître, homme et bête ne faisait qu'un dans leur surveillance aux aguets. Au moins Puffífl est encore avec eux pour sonner l'alarme si des zombards s'approchent. Leif espère trouver la colline avant qu'il ne soit l'heure de sa pêche du soir.

Un "Kwoaak !!" vrillant secoue soudainement le macareux moine dont le vol tourbillonne sur leur droite. "Accroche-toi !" siffle Leif à son passager avant de claquer de la langue pour faire bondir Krákagrár au galop.

HRP:

Yuan, qui avait veillé depuis trop longtemps pour se rappeler combien de temps, était en train de s'endormir, calé sur le dos du cheval et contre le dos de son compagnon. Autant dire que le cri de l'oiseau le réveilla en sursaut et il resserra immédiatement ses bras autour de la taille de Leif avant que celui-ci ne fasse partir son cheval au galop. Pour peu qu'il aurait manqué de réactivité, il aurait pu se retrouver le cul par terre. Et cela n'aurait pas été agréable.

Les buissons et les arbres sont trop resserrés pour le galop. Et à son grand dam, Leif sent sa peur panique des espaces clos le frapper en pleines tripes. Son coeur s'emballe si fort que Yuan, qui l'a attrapé pour ne pas tomber, doit le sentir vibrer, tout comme il doit entendre son souffle devenir erratique. Mais Leif ne veut pas mourir ici, pas par une attaque de panique, ce serait trop con après toutes les épreuves qu'il a enduré. Il se concentre sur le battement de coeur de Krákagrár sous lui pour calmer le sien et se retourne vers Yuan en décrochant son fusil de chasse. "Tu sais tirer ?" lâche-t-il rauquement, les yeux un peu fous.

Yuan, bien qu'il fut réveillé en sursaut, avec l'esprit encore un peu embrumé. Il ne parvint pas à saisir immédiatement la situation et tout ce qu'il comprenait, c'est qu'il avait fait partir son cheval au galop et que l'environnement autour d'eux n'était pas des plus favorables. Bien qu'installé dans son dos, il sentait que son compagnon n'allait pas bien et faisait sans doute une crise d'angoisse. Il ne pouvait pas oublier les effet avec sa petite soeur qui en faisait régulièrement, mais dans l'immédiat, il ne pouvait pas vraiment l'aider. Il fut, néanmoins, surpris par sa question.
❝ Je n'ai jamais essayé. ❞

"Alors on ne va pas défier Óðinn par une tactique bancale." grogne Leif en sautant subitement à terre alors que Krákagrár ralentit pour passer entre deux arbres. Leif court sur quelques mètres puis profite d'un tronc pour bondir à nouveau sur le dos de son cheval qui trottine plus qu'il n'avance. "Accroche toi à son encolure... et si possible me tenir." dit-il à Yuan qu'il a poussé par l'avant. Assis à l'envers sur l'arrière de la croupe, le dos de la selle lui vrillant les reins, Leif met en joue les formes indistinctes qui commencent à se rapprocher. "Krákagrár, tölt !" Le cheval s'engouffre comme il peut dans les buissons.