"Par Óðinn !" siffle Leif en serrant les jambes pour arrêter Krákagrár. Des arbres à droite, des arbres à gauche, devant et derrière lui aussi. Il est perdu ! Malgré sa boussole, sa carte et son sens de l'orientation. "Machineries de gnomes, à ne pas en douter." grommelle-t-il en se frottant les yeux d'un air las. Il n'a pas dormi en position couchée depuis qu'il s'est aventuré dans cette forêt deux jours plus tôt et la fatigue commence à se faire ressentir.

Heureusement qu'il sait qu'il va toujours vers le sud et que Puffífl lui fournit des rappels de l'heure. Il a même pu noter qu'il s'éloignait un peu trop de la côte grâce au délai plus long mis par l'oiseau pour le rejoindre suite à ses virées de pêches. Avec la menace des zombies, Leif n'est cependant pas friand de l'idée de quitter le sentier plus ou moins dégagé. Encore moins de dormir plus profondément qu'une somnolence sur son cheval avant d'être dans une plaine où il pourrait vérifier aux jumelles les environs.

Des rires étouffés titillent ses sens et il soupire plus longuement. "Que Freyja m'accorde sa patience..." marmonne-t-il avant de calquer un sourire sur son visage fatigué. "Ô gnomes des forêts, veuillez accorder votre bénédiction à un voyageur égaré. Je partagerai mon repas avec vous." Il y a un silence puis des bruissements dans les feuilles d'un arbre sur la droite attirent son regard. "Merci." dit-il en faisant changer de cap à Krákagrár.

HRP:

Foutu pays, foutu apocalypse zombie. Cela faisait déjà plusieurs mois que toutes cette folie avait commencé à Yuan en avait ras le cul. Pendant un temps, il avait espérerai pouvoir rentrer chez lui et prendre sa soeur dans ses bras, mais il avait dû vite se rendre à l'évidence : il n'y arriverait jamais. Il priait donc pour sa sécurité, tous les soirs, pendant que lui traversait ce foutu pays. Il ne savait même pas où il était, la seule chose qu'il savait, c'est qu'il y avait une forêt sur sa gauche, mais qu'il était hors de question de risquait sa peau là dedans où il n'aurait aucune visibilité. Même si la faim le tenaillait... Bordel !

Les gnomes le menaient hors du sentier. En grimaçant, Leif stoppa à nouveau Krákagrár en marmonnant dans sa barbe. Elle commençait à le démanger, d'ailleurs, il sentait plus le cheval et la sueur que la rose. A ses oreilles, le vent charriait toujours les rires amusés des gnomes et il n'arrivait pas à savoir s'il lui était faste ou non. Il lui sembla soudainement qu'un toucher délicat s'attardait sur sa cuisse et il capta du coin de l'oeil une chevelure blonde : Hind, l'huldre qui l'avait sauvée quelques jours plus tôt. Il se décida alors à s'enfoncer dans les taillis... sortant subitement de la forêt tel un diable d'une boîte.

HRP:

Yuan marchait d'un pas prudent, silencieux, un oeil toujours en direction de la forêt, au cas où une de ces saloperies surgirait subitement, avide de chair fraîche. Autant dire que quand il vit sortir un cheval d'entre les arbre, avec un cavalier sur son dos, il fut nettement plus surpris que s'il s'était agi d'un mort-vivant. Surpris, il s'arrêta alors pour regarder ce drôle de personnage et surtout se poser la bonne question : ami ou ennemi ?

La présence d'un autre être humain le surprend tout autant que ce dernier semble saisi. Krákagrár se fige en roulant des yeux, les naseaux piaffant et les oreilles couchées. En bon cavalier, Leif n'est pas déstabilisé par le mouvement de défense de son cheval. Il lui permet de se positionner face au possible ennemi, la main sur son fusil de chasse. En un bond, Krákagrár peut se lancer hors de portée pour lui permettre d'être suffisamment à distance pour tirer. Mais il ne veut pas gaspiller de cartouche. "Bonjour." dit-il en norvégien. Les gnomes et Hind l'ont mené à lui, il ne doit pas être un ennemi. Mais autant vérifier.

Les yeux de Yuan tombèrent immédiatement sur le fusil de chasse à portée de main de l'inconnu. S'il te voulait pas finir en zombard, il allait devoir être prudent. Même s'il avait abandonné l'idée de rentrer au pays, ce n'était que partie remise et il avait bien l'intention de retrouver sa soeur, vivante. Aussi quand l'homme parla, il vint répondre le plus calmement au monde, en norvégien. Il lui en fallait plus pour être effrayé.
❝ Bonjour à vous. ❞

Leif ne quitte pas des yeux l'inconnu mais il prend le temps d'observer son environnement. Ils sont sortis de la forêt mais aucun élément du paysage ne lui permet d'identifier où il se trouve et il ne se voit pas de lâcher son fusil pour observer sa carte. "Savez-vous où nous sommes ?" demande-t-il finalement en se ressayant dans sa selle. Le mouvement apaise Krákagrár mais la méfiance demeure dans les yeux du cavalier comme de son cheval.

Bien que restant attentif aux alentours, ne voulant pas se faire surprendre, une grande partie de son attention était néanmoins reporté sur le grand daddy à cheval, armé d'un fusil. Fallait dire que dans cette situation, c'était lui la principale menace. Lorsqu'il lui posa sa question, il haussa les épaules, accompagné d'un mouvement de ses mains, visant à lui montrer que contrairement à lui, il n'était pas armé.
❝ Aucune idée, je ne connais pas assez le pays pour le dire. ❞

L'homme n'a pas l'air armé et, si l'envie lui prend de s'attaquer à lui, il va faire la connaissance des sabots de Krákagrár. Son ami est capable de fracasser le crâne d'un loup sans subir une seule morsure. Précision, rapidité et puissance dans un petit corps endurant... que demander de plus que ce merveilleux compagnon de voyage ? Leif rattache son fusil aux fontes de son cheval. "Je suis Leif, c'est Krákagrár. On vient de Trondheim, au nord. Tu as vu des zombies récemment ?"

Yuan fut un brin soulager en le voyant ranger son fusil. Bon au moins, il n'avait visiblement pas l'intention de tirer sur ce ce qui bouge, vivant, ou à moitié vivant. Mais ce n'est pas pour autant qu'il baissa sa vigilance, être trop prudent valait toujours mieux dans ce monde de dégénéré.
❝ Moi c'est Yuan. J'ai croisé un petit groupe de zombie, une dizaine à peu près, à deux heures de marches, plus au nord d'ici. Sinon, juste un ou deux par-ci par-là. ❞

"Et t'as pas été mordu ou griffé ?" demande Leif, un brin sarcastique. Son sourire crispé témoigne de deux choses : il ne s'attend pas à une réponse honnête (pas quand l'autre sait qu'il possède un fusil) et il n'a pas eu d'interactions humaines depuis un moment. Le cri étouffé, limite plaintif, de Puffífl déchire soudainement le silence et Leif s'apaise tandis que l'oiseau se pose maladroitement sur son épaule, du hareng tressautant plein le bec ; s'il crie, c'est qu'il n'y a pas de zombards dans le coin. Il n'en grimace pas moins devant l'offrande à moitié vivante.

Yuan le regarda, étonné par le ton sarcastique qu'il venait de prendre en posant cette question.
❝ Bien sûr que non. Je ne suis pas idiot au point de me faire prendre aussi facilement. ❞
Il haussa de nouveau les épaules, visiblement vexé.
❝ Et vous alors ? C'est pas très discret, un cheval. ❞

"Tu ne nous as pas entendu arriver." rétorque Leif avec un ton qui oscille entre le taquin et le mordant ; il ne sait pas encore comment se positionner. "Et le tölt de Krákagrár me permet d'échapper au moindre zombard qui se présenterait. Puffífl nous sert d'alarme." Il récupère les harengs du bec de l'oiseau pour les ranger dans une besace accrochée à la selle puis le chasse de son épaule avant qu'il ne lui crotte dessus. Alors que l'adrénaline retombe, la fatigue se rappelle à lui. "Deux heures au nord, tu dis ? Je viens du nord-ouest, pas vu depuis deux jours. Au nord-est, donc." Il note le tout sur le croquis qu'il tient dans son carnet.

Yuan eut un petit rire à sa remarque. Il avait pas tord le papy, il ne l'avait pas entendu venir avant qu'il ne sorte de la forêt. Un point pour lui.
❝ Faites gaffe quand même. Un cheval, ça n'a pas de porte, si vous vous retrouvez coincé dans une horde, il vous sera bien très utile. ❞

Un ricanement lui échappe alors qu'il sourit sans joie. "Toi, tu ne connais pas la race islandaise. Leur tölt est aussi rapide que le galop mais en étant bien plus endurant. Et ils n'ont pas besoin d'avoine, l'herbe leur suffit. Ce sont les chevaux de nos ancêtres vikings, par le grand Óðinn ! L'idée, c'est de rester à distance. Et si le zombard se rapproche, Krákagrár a des sabots qui peuvent fracasser le crâne d'un ours. Et un cœur digne de Þórr."

HRP:

Oula. Sur quelle drôle d'énergumène il était tombé ?
❝ Hm, si vous le dite. ❞
Bon, mais maintenant, il faisait quoi ? Visiblement, ils allaient prendre la même direction, ça allait donc être difficile de s'éloigner de lui et faire bande à part.
❝ Vous allez dans le sud ? ❞

C'est peut-être con mais Leif s'hérisse devant cette remise en cause silencieuse de ses propos. Il va voir, celui-là, que Krákagrár est exceptionnel. "Envoyé des gnomes, nouvelle manigance." marmonna-t-il en islandais alors qu'il fait s'avancer le cheval vers Yuan. Krákagrár renifle sans menace : pas de zombification alors. Il fait confiance au 6e sens de son ami. "Ouais, j'vais vers le sud. Que Freyja éclaire la route, j'espère trouver un coin où chasser et dormir." Il tend la main, le sourire goguenard. "On te dépose si tu me décris les environs, pour cartographier le territoire."

Yuan vit ses lèvres bouger, mais il ne comprit pas ce qu'il disait, ni même n'entendit le moindre mot. Bah, de toute façon, il avait l'air un peu barjo alors s'était pas si étonnant.. En tout cas, il eut confirmation qu'il allait aussi vers le Sud. Donc dans la même direction, quoiqu'à cheval, il irait nettement plus vite que lui, en priant que le bruit des sabots n'attirent pas les zombies et le mette lui, dans la merde. Il fut néanmoins étonné quand il s'approcha et lui tendit la main, après que le cheval l'eut reniflait. Il voulait juste lui serrer la main ou l'inviter à monter derrière lui ?
❝ OK, mais je suis jamais monté à cheval. ❞

"T'as qu'à te tenir, tu seras bien calé sur les fontes." Leif tire le jeune homme derrière lui sans grand effort. A force de passer ses journées à cheval en se nourrissant de la pêche et de la chasse, sa masse musculaire n'a pas à rougir aux fidèles des salles de sport. "Et le tölt est une allure confortable... Paré ?"

Yuan allait d'étonnement en étonnement, se retrouvant en rien de temps sur le cul du cheval, collé au dos du papy. Par prudence, il passa ses mains autour de sa taille et vint ainsi se tenir à lui.
❝ Euh ouais, je pense. ❞
S'il avait su qu'il viendrait à monter à cheval pour la première fois pendant une apocalypse zombie, il l'aurait jamais cru. Déjà parce que c'était difficile de croise à une apocalypse avant de le vivre.
❝ Vous êtes... ❞ merde, comment ça se dit en norvégien ? ❝ islandais ? ❞

"Oui, je suis né à Reykjavík. Mais j'ai... j'avais de la famille à Trondheim. Donc Islandais et Norvégien." Il tient autant aux deux et se reconnaît dans les deux cultures. Même si leur civilisation n'existe plus, il se sent toujours fier d'être un citoyen nordique. Un claquement de langue et Krákagrár part au tölt, survolé par l'ombre de Puffífl. Ils atteignent rapidement une vitesse avoisinant les 40 km/h mais Leif sent que son cheval tiendra la cadence moins longtemps que d'habitude avec la charge supplémentaire. Il le ralentit donc plus vers une allure de trot tranquille car il n'y a pas d'urgence. "Et toi, Yuan. Chinois ?"

HRP : le tölt:

Yuan jetait de temps en temps de coup d'oeil derrière eux, s'assurant principalement qu'ils n'étaient pas suivis par quelques indésirables. Par chance, le coin était plutôt tranquille, il avait d'ailleurs pu le jugé par lui-même, puisque après avoir croisé le groupe de zombies, au niveau d'un village de pêcheurs, il n'avait croisé pratiquement aucun mort-vivants sur la route.
❝ En effet. J'étais venu ici pour étudier la mythologie. Autant dire que je le regrette amèrement. ❞

"Le macareux va crier si un zombard se rapproche." indique Leif à son passager nerveux. Krákagrár avale la distance sans sembler se fatiguer mais il connaît son ami : il sent la fatigue qui s'installe dans ses muscles qui roulent sous ses cuisses et l'essoufflement qui fait renifler ses naseaux. "Je ne pense pas qu'un seul endroit de cette pauvre Terre ne soit épargné par la... maladie." Il n'ose imaginer le désastre dans les mégapoles. Quand la forêt apparaît à nouveau devant eux, deux heures plus tard, Leif arrête son cheval. "Je vais monter en hauteur avec des jumelles. Faut monter le camp."

Quand il parla du reste du monde, Yuan ne put s'empêcher de repenser à son adorable petite soeur, restait au pays, à la peur qu'elle devait ressentir. Elle lui manquait terriblement et se sentait impuissant face à la situation. La Chien était bien loin et tenter d'y retourner dans la situation actuellement relevé du suicide. Perdu dans ses pensées, il ne vint rien répondre et resta silencieux. Hochant la tête à sa directive, il commença à rassembler du bois pour le feu de camp et fouilla dans son sac à la recherche de quelques provisions. Il tomba alors sur un petit morceau de sucre, qu'il donna au cheval, pour le remercier de l'avoir porter.

Devant l'offrande, Krákagrár couche les oreilles et détourne la tête. A mi-chemin de la cime de son arbre, Leif voit la scène. "Freyja soit remerciée." dit-il en islandais, une formule dont le cheval a l'habitude pour accepter la nourriture des touristes. Il croque donc avec avidité le sucre, effleurant à peine la main de Yuan. En haut de son arbre, Leif n’aperçoit aucun zombie aux alentours qui sont suffisamment dégagés pour garantir une heure de repos avant de checker à nouveau. Il se laisse glisser au sol et va enlever le mors de son cheval et le désangler. Mais il n'enlève pas la selle. Pas assez d'assurance.