Rappel du premier message :


Ina était restée à Vannstad pour sa tranquillité. Si elle avait su, elle aurait emménagé dans une ville avec un centre commercial ! Après avoir mangé le pain sec de la boulangerie du coin et les produits frais de l'épicerie, il ne restait que les conserves et les céréales secs.

Il y avait cinq bouches à nourrir en comptant Eyra, la chienne. Par habitude, elle se porta volontaire pour l'expédition jusqu'à l'épicerie. Armée de son arc de compétition légèrement amoché et munie d'un sac pour transporter la quincaillerie, elle prit donc la fenêtre avec sa coéquipière de toujours harnachée à elle.

Elle l'avait dressée pour l'avertir silencieusement de présence vivante comme morte-vivante. Ce n'était pas un chien d'arrêt mais ça faisait l'affaire.

C'était le matin, le soleil venait de se lever. Elle descendit le long de la corde et laissa les autres remonter celle-ci et guetter son retour. Elle lâcha ensuite la chienne et contourna les zombies pour aller jusqu'au bâtiment aux vitres brisées. Par chance, aucun cadavre ambulant n'était visible. Mais restons prudentes !

Son interlocutrice proposait une solution plus adéquate que sur la table à la vue du premier curieux venu - ce qui rasséréna Ina - et insistait sur l'éducation à la chasse.
"si j'ai réussi à lui apprendre pour les zombies alors je dois pouvoir faire de même avec les animaux de la forêt. Le truc c'est que je reste à la ville d'habitude."
Trouver de la nourriture renouvelable est devenu une aptitude précieuse. Il y avait tant de choses à mettre en place et si peu de temps.

- Si je continue à te fournir en lapin, je pense que tu pourras te servir de leur peau pour la dresser non ? Ca sera plus simple pour toi après lors de la chasse.

Pourquoi elle l'aidait déjà ? Elle aurait mieux fait de se taire que de lui trouver des solutions pour s'auto-suffire.

- Tu veux rester te poser un peu ?

Voilà qui était curieux, la jeune femme était redevenue gentille après l'avoir mise en garde. Ina ne la comprenait pas.
"Merci, c'est une bonne idée. Oui pourquoi pas, il y a encore beaucoup d'heures avant que la nuit ne tombe..."
Ina sortit donc une de ses deux gourdes d'eau filtrée (elle en avait deux au cas où l'une se perce ou qu'il y ait besoin de nettoyer une plaie. Elle remarqua qu'Eyra reniflait le sac de croquettes avec intérêt. Elle lui en donna une grosse poignée.

Nikki les observa un long moment avant de se poser dans un fauteuil. Son arme toujours à porter de main.

- Du coup, tu as grandi ici, c'est ça ? Ou bien, tu es arrivée par hasard ?

Cette escapade s'était transformée en discussion décontractée, un événement rare.
"J'ai grandi ici, je suis partie pour mes études et revenue ensuite. Et toi ?"

Tout le monde avait l'air plutôt détendue. Nikki se pencha un peu en avant pour présenter sa main à Eyra et qu'elle puisse la sentir.

- Je suis arrivée dans cette ville suite à... Tout ça. Mais j'ai grandi en Norvège. J'ai été à Skolden un petit moment avant de décider de bouger ici. Y avait des rumeurs d'un camp militaire ou quelque chose comme ça.

Eyra renifla la main tendue avec curiosité.
"Quel genre de rumeurs as-tu entendu sur la camp militaire ? Si tu crois qu'ils accueillent, aux dernières nouvelles c'est chacun pour soi. Ils acceptent juste du troc et encore ils sont très suspicieux."

- Mouais... Vaux mieux rester dans les parages. Peut-être que quand ils auront besoin de l'aide des civils, ils ouvriront. Et puis, si la rumeur se repend, il y aura plus de personnes qui viendront ici et donc, peut être plus de troc.

Les doigts de Nikki s'aventurent doucement entre les oreilles du chien pour y donner une grattouille rapide.

Eyra plissa les yeux et remua de sa queue enroulée. Les gratouilles lui faisaient toujours plaisir. Ina la laissa faire, il y avait peu de chances que l'autre tentât un geste malveillant.
"Tu as raison… Plus de troc c'est bien mais… Je n'aime pas la foule."
Plus de monde dans les parages signifiait aussi plus de concurrence au niveau des ressources. L'apocalypse n'avait pas rendu les gens plus bienveillants et équitables.

- On est deux... Si nous sommes trop, la ville sera vidée en un rien de temps. À moins que les militaires aient des plantations de patate dans leur bunker... Va vite falloir bouger.

Le chien avait l'air content des papouilles. Elle continua doucement, un sourire aux lèvres. Nettement plus heureuse d'interagir avec l'animal plutôt qu'Ina.

"Je n'ai jamais fait pousser des patates. Il doit bien y avoir quelqu'un qui sait dans cette ville."
Mais où ? était la question. Pendant ce temps Eyra ne pensait pas au patates mais aux papouilles. À cecqu'il paraissait, les animaux avaient un effet calmant sur les Hommes.

- Ouais... Je ne sais pas si se mettre à l'agriculture est une bonne idée en ce moment. Faudrait faire un gros périmètre de sécurité... Construire des murs anti-zombis... Un château...

Nikki était clairement distraite par les papouilles pour le chien et vagabondait dans ses pensées.

"On jurerait que tu as toujours rêvé d'avoir un chien !" dit Ina qui voyait bien que l'attention de son interlocutrice était ailleurs que dans la conversation.

- Hein ?! Nan ! Non-non... Juste que... ils sont plus simples que les humains. Surtout en tant d'apocalypses, si tu vois ce que je veux dire.

Ils n'avaient pas d'arrière-pensée, de manipulations. Ils ne pouvaient pas te planter un couteau dans le dos.. Surtout, les chiens avec leur partes, ce serait difficile à tenir.

Ina haussa un sourcil et sourit d'un air amusé.
"Je ne t'ai pas accuser de préférer les chiens aux Hommes. Mais pour être honnête, je vois tout à fait ce que tu voulais dire. Moi aussi je préfère les chiens aux Hommes. Mais l'époque où j'écrivais des histoires pour eux me manque."

- Tu écrivais des histoires pour chiens ?

Le ton moqueur de Nikki et son sourire en coin voulait très bien dire qu'elle avait compris. Elle donna quelques caresses en plus a Eyra avant de se mettre dans le fond de son canapé.

- Et ça marchait bien tes histoires pour Humain ?

Soit Ina n'avait pas d'humour, soit la blague n'était pas drôle, difficile à dire. La jeune femme ne se dérida après la remarque de Nikki en tout cas.
"J'avais mon petit succès, assez pour me faire éditer, ce qui reste un exploit."
Bon, aujourd'hui, il faudrait un miracle pour se faire éditer.
"Et toi ? Que faisais-tu avant l'apocalypse ?"
Question un peu obsolète mais malgré tout, on pouvait encore en apprendre sur son interlocuteur.

- Pas grand chose...

Pas besoin de s'étendre sur le sujet. La plupart des gens, même après apocalypse avaient encore un balai trop enfoncé dans le cul pour voir ce qu'elle faisait d'un bon œil. Elle-même aussi parfois.

- Actrice Porno.

Ina était un peu surprise, pas tant par la réponse de son interlocutrice mais par le fait qu'elle ne l'avait pas envoyé chier. Elle ne s'y attendant pas au premier abord mais elle peut avoir avoir une vraie discussion avec une étrangère à son cercle de survivants.
"Désolée, je n'en ai jamais regardé… J'imagine que ce que tu préférais était la performance artistique, ça nous fait peut-être bien un point commun."

- Pas besoin de t'excuser...

Nikki eut un petit sourire. La performance artistique ? C'est vrai que pour le côté actrice, c'était pas mal... Mais ce qu'elle préférait par-dessus tout, c'était rendre fou de rage ses parents.

- Être survivantes dans une apocalypse aussi, nous fais un point commun.

"Ouh, ça fait un paquet de monde et puis… ce n'est pas que quelqu'un est un survivant que j'ai envie de le côtoyer. J'ai rencontré beaucoup de survivants me menaçant d'une arme contre un abris ou un paquet de nourriture. D'où ma méfiance avec toi au début."
Ina resterait méfiante encore un peu avec Nikki. Elle avait peut-être l'air sympa là tout de suite. Qui savait si dans six mois, un an, elle n'allait pas la poignarder dans le dos à son tour.

Ina avait clairement un bon instinct de continuer de se méfier de Nikki. Pour l'instant, elle n'était qu'un pion a ressources pour faire du troc. Juste un pion, pas vraiment une pièce maîtresse du coup, si elle empiétait trop sur les intérêts de Nikki, celle-ci n'hésiterait pas la sacrifier.

- Tout le monde est désespéré... Plus rien ne ressemble à ce qu'ils ont pu connaître et ils ne savent pas survivre. Je peux le comprendre sans le cautionner.

"Les temps sont durs. J'aimerais croire qu'un jour l'humanité saura spontanément faire preuve de générosité mais… je dois déjà penser à comment survivre jusqu'à ce soir."
Ina ne cachait pas son sentimentalisme, elle avait bien conscience que certains cyniques lui riaient ensuite au nez. Mais s'ils avaient besoin de son aide en retour, elle donnait alors une bonne leçon d'humilité.

- Hn... On ne sait même pas ce qu'il reste de cette humanité... Mais il vaut mieux rester un tantinet souder pour pouvoir survivre à cette merde.

Au moins avec les boîtes de conserve, elles auraient toutes les deux de quoi se nourrir pour un moment.

À travers la fenêtre de la cabane, Ina voyait des nuages s'approcher.
"Je ferais mieux de rentrer, la pluie me ralentirait. À une prochaine fois, Nikki Boyd. Je reviendrai avec des vis et des clous."
Ou pas. Rien n'était sûr avec les zombies qui rôdaient en masse. Chaque sortie était un risque de mourir.

[Hrp : on peut faire une ellipse après ça]