Ina était restée à Vannstad pour sa tranquillité. Si elle avait su, elle aurait emménagé dans une ville avec un centre commercial ! Après avoir mangé le pain sec de la boulangerie du coin et les produits frais de l'épicerie, il ne restait que les conserves et les céréales secs.

Il y avait cinq bouches à nourrir en comptant Eyra, la chienne. Par habitude, elle se porta volontaire pour l'expédition jusqu'à l'épicerie. Armée de son arc de compétition légèrement amoché et munie d'un sac pour transporter la quincaillerie, elle prit donc la fenêtre avec sa coéquipière de toujours harnachée à elle.

Elle l'avait dressée pour l'avertir silencieusement de présence vivante comme morte-vivante. Ce n'était pas un chien d'arrêt mais ça faisait l'affaire.

C'était le matin, le soleil venait de se lever. Elle descendit le long de la corde et laissa les autres remonter celle-ci et guetter son retour. Elle lâcha ensuite la chienne et contourna les zombies pour aller jusqu'au bâtiment aux vitres brisées. Par chance, aucun cadavre ambulant n'était visible. Mais restons prudentes !

Ceux qui se lèvent tôt, on la journée pour eux. Nikki traînait aux alentours de Vannstad depuis un moment. C'était facile de se reposer dans des endroits à l'abri en dehors de la ville, mais aussi dedans. Le gibier était bon, mais ne manger que ça n'était pas forcément le meilleur. De plus, elle se serait bien cherché une couverture de plus pour résister aux nuits d'hiver de la Norvège. Ses pas se dirigeaient sans bruit vers une epicerie qu'elle avait remarqué.

Grâce aux vitres (sales et parfois brisées) du bâtiment, Ina voyait devant elle sans avoir besoin de lampe. Elle progressa sans bruit à l'intérieur. Elle surveillait du coin de l’œil le comportement d'Eyra. La chienne ne détectait encore aucun zombie. Prudemment, elles avancèrent encore, enjambant les débris et ignorant les traces noires sur le sol. Il s'agissait plus de crasse que de sang.

Sur son chemin, il y avait eu un petit détour vers un magasin de meubles. Il n'avait pas été totalement pillé et ferait une bonne réserve de bois. Dedans elle avait trouvé une couverture qu'elle avait fourré dans son sac avant de repartir vers l'épicerie. Les zombies semblaient avoir déserté la ville. Dans tous les cas, son attention ne se relâchait pas. Il pouvait toujours y avoir des non-morts. Une fois arrivée devant l'épicerie, elle s'arrêta pour juger l'intérieur.

Ina s'arrêta devant le rayon de conserve et choisit un peu de tout : légumes, couscous, champignons, maïs etc. Il fallait que les repas soient variés et autant chiper tout ce qui contient de la viande. Contrairement à sa vie d'autrefois, Ina ne se souciait plus du sucre ajouté. Elle allait bientôt remplir son sac, elle fit attention à ce qu'il ne soit pas trop. Les boîtes de même taille étaient empilées et coincées entre des vieux tissus pour atténuer le bruit.

Il avait l'air de rester des choses dedans. Elle posa un pied à l'intérieur, regardant les vitres brisées. Ses yeux se posèrent sur un chien harnaché tandis qu'elle avançait à pas de chat. Son fusil fut enlevé de son épaule et elle le mit en joue à la recherche d'un autre survivant. Elle avait croisé assez d'autres humains pour se méfier. Tout le monde n'était pas saint en temps d'apocalypse. Le chien l'avait vu aussi et il fit le tour pour aller retrouver son maître ?

Eyra revint vers Ina et gratta légèrement avec sa patte, signe qu'une menace ne se trouvait pas loin. Ina mit son sac chargé sur ses épaules et sortit une flèche mais elle ne prépara pas son arc. Elle analysa la situation. Aucune odeur de chair morte ne se faisait sentir, il devait s'agir d'un humain bien vivant et potentiellement dangereux mais pas forcément. Elle sortit un miroir et l'utilisa pour voir les angles morts au prochain carrefour.

Le chien avait disparu entre les allées. Toujours sur ses gardes, Nikki évalua la situation. Elle ne se sentait pas tranquille d'aller chercher les conserves. Le temps de les fourrer dans son sac, elle ne serait pas très attentive. Pourtant des conserves feraient du bien à son hygiène de vie. Il y avait bien d'autres magasins qu'elle pourrait aller fouiller. Ses pas rebroussèrent doucement chemin.

Ina progressa lentement, vérifiant la zone à chaque fois, écoutant son odorat et son ouïe. Elle vit enfin l'humain qui avait alerté Eyra. C'était une femme adulte, armée... Mieux valait jouer la prudence et trouver le moyen de sortir de l'épicerie en ruine. attendre semblait bien puisqu'elle partait déjà. Quelle malheur que ce bâtiment intéresse déjà quelqu'un d'autre ! Ils devront trouver de nouveaux moyens de survivre, la chasse peut-être.

Ses pas s'arrêtèrent devant la sortie du magasin. Toujours sur ses gardes, elle sortit une craie de sa poche pour écrire sur le mur dans le plus grand silence.

"Friendly ? Hunt meat = Cans ? "

Pas le temps d'écrire plus. Elle rangea sa craie rapidement avant de mettre un pied dehors. Aucune odeur de chair en décomposition. Elle pourrait déclencher la perte de l'autre potentiel humain en attirant les zombis pendant qu'il était toujours dans le bâtiment. Cela ferait de la concurrence en moins.

Ina vit la femme écrit en anglais sur le mur. "Amicale ? chasse viande = conserves" Qu'est-ce qu'elle veut dire... ? La jeune femme ne comprenait pas. Qui chassait ? qui voulait des conserves ? Comment même répondre "amicale" sans se faire canarder ? Car l'autre femme est armée et sortir son arc sera considéré comme un geste non-friendly.

Bon, une fois dehors, il fallait quitter la ville. Elle n'aurait qu'une partie de ce qu'elle était venue chercher. Ses pas s'éloignèrent du magasin tandis qu'elle faisait très attention à ce que l'autre survivant ne lui plante pas au couteau dans le dos. Sur le mur en face du magasin, elle écrit toujours en anglais.

"Do you have a safe zone where we can bargain ?"

"Bargain", qu'est-ce que ce mot veut dire ? se demandait Ina devant le nouveau message de la femme mystérieuse. Et pourquoi écrit-elle en anglais ? Vu le contexte, je dirais qu'elle veut parlementer mais comment faire ? Il faudrait un téléphone... Ina réfléchit encore et opta pour un bricolage entre deux gobelets de métal et un long fil. Avec une pierre, elle inscrivit "HERE" et laissa le premier gobelet puis s'éloigna avec le deuxième gobelet relié au premier. Simplicité.

Bon, pas de réponse immédiate. Peut être que l'autre survivant ne comprend pas l'anglais. Elle regarde un moment vers le magasin pour s'assurer que ses messages étaient bien visible. Un "Here" était gravé sur le mur. Elle s'approcha avec prudence avant de s'accroupir pour attraper le gobelet métallique et de sourire un peu.

- Salut ?

Toujours son fusil en main, ça pouvait être un piège.

Caché derrière un pan de mur en ruine et armée de son arc elle-aussi, Ina entendit donc le "salut" et répondit en norvégien : "Bonjour, je ne suis pas hostile mais je n'hésiterai pas à me défendre si tu tentes quoi que ce soit d'inapproprié. Qu'est-ce que tu veux "bargainer" ?"

Un moment de silence. Au moins elle a l’honnêteté de lui dire ses intentions.

- Pas de problèmes. Tu étais avant moi dans l’épicerie donc je dirais des boîtes de conserve contre du gibier... ? Si ça t’intéresse. J’ai quelques autres trucs aussi mais pas ici.

Tout sur ses gardes, sa voix reste basse et elle est prête à tout moment de reposer la conserve et de décamper.

Obtenir de la viande fraîche contre quelques boîtes de conserves de carottes ? Oui, pourquoi pas, c'était un échange très intéressant. "Très bien, quelle quantité de gibier as-tu sur toi et pour combien de conserves en vends-tu ?" Il fallait malgré tout rester prudents, les derniers mois avaient évincé la confiance d'Ina en la générosité humaine.

- Sur moi, pas grand chose. Je dirais... un demi lapin séché. Le reste est à mon camps. Je t’échangerais ça contre 2 conserves. J’ai des croquettes pour chien aussi à mon camp.

Pas pour se faire un compagnon, c’était sur. En temps de survie, on mangeait tout ce qu’on pouvait attraper. Même si des fois cela faisait mal au cœur.

Ina resta interdite à la mention de croquettes pour chien. Loin de penser que des gens se jetaient dessus par dépit, elle cru que la voix féminine lui parlait de sa chienne ! Hors il n'y avait plus de croquettes spécialement pour elle dans l'épicerie pour une obscure raison puisque les conserves de légumes étaient restés.
"D'accord, je te suis."
Ina sortit donc, son arc toujours à la main et accompagnée de sa chienne.

Comment ça, je te suis ? Nikki n'avait aucune envie d'emmener quelqu'un d'inconnu à son campement. Elle vit l'autre survivante sortir avec son arc et son chien. Ok, elle avait des boites de conserves...Comment ça, je te suis ? La femme se releva et la toisa quelques instants, méfiantes avant d'avancer prudemment vers la sortie de la ville.

La situation était tendue. Ina avait décidé de suivre l'inconnue même si c'était un piège. Elle devait à la fois surveiller cette dernière et d'éventuelles embuscades. Heureusement, Eyra faisait ce dernier boulot. Et elles marchèrent donc toutes les trois en silence (pour ne pas attirer les zombies). Ina réalisa alors que l'inconnue dont elle ignorait le nom l'emmenait hors de la ville.

Ses pas continuaient sans bruits mais rapidement. Elle n'avait pas installé son camps en ville de peur qu'il y ait trop de survivants autour. La rumeur d'un camp de militaire avait attiré beaucoup de curieux dont elle. Les survivants étaient peut être pire que les non-vivants. Elle ralentit un peu pour être à côté de sa nouvelle compagnonne et murmurer.

- Il est a 5 min de Vannstad.

Ina avait décidé de faire (relativement) confiance, elle avait donc laissé l'étrangère s'approcher. Evidemment, elle ne la connaissait pas. Vannstad avait beau être une petit ville, bon nombre d'habitants lui était inconnu. Elles marchèrent donc encore.
Soudain, Eyra se figea dans une pose qui ne voulait dire qu'une chose : zombies.
Ina bande son arc, à l'affût !

Sa marchande du jour s'arrêta net avec son chien avant d'armer son arc. Rien de bon ne se présageait. Il aurait mieux fallut se tailler tout de suite et rapidement. Ses yeux cherchèrent la menace tandis qu'elle prenait la hache accrochée à son sac. Pas question de faire trop de bruit avec un coup de fusil.

Les oreilles d'Eyra s'affaissèrent, signe inquiétant pour Ina. En effet, devant elles, trois zombies plus ou moins entiers font leur apparition. Pas besoin de plus de temps, la jeune métisse bande son arc et tire une flèche dans le genou du plus rapide. La flèche se fiche entre les os et gêne celui-ci pour avancer.
"Pas bouger, Eyra," chuchota Ina.