Rappel du premier message :

CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : Privé
- Type de RP : Flashback, 23 ans dans le passé (se situe après le RP "Je vais faire dans la cour des grands une entrée triomphale")
- Tour de jeu : /
- Délai maximum d'attente de réponse : Une semaine
- Sauts de tours : /
- Autre : Gentille Tanis... l'Administration te surveille, ne l'oublie pas.  

Ce n'était pas la première fois et ça ne sera sûrement pas la dernière, on le lui avait certifié. Tanis avait le droit à quelques sorties dans le monde des humains pour prouver la véridicité de son 'repentit' ; parfois en aidant d'autres Esprits, parfois des shamans qui avaient cruellement besoin d'elle (et dans les dents l'Admin ! Elle restait irremplaçable !) ou parfois en... et bien comme présentement, la nâgi n'avait pas tout suivi.

Une histoire d'une enfant qu'avait épaulée Kürk et qui serait assez courageuse pour la rencontrer. Comme si d'autres qu'elle pouvaient savoir si la gamine était assez digne de ses pouvoirs ! On se détend ma belle, tu vas froisser tes couleuvres....

Tanis trainait donc autour d'une construction très très moche (sérieux, c'était juste des pierres empilées les unes sur les autres) au milieu d'une jungle qui lui disait vaguement quelque chose. Vasha lui avait déjà parlé d'une école de shamans il y a quelques siècles et elle fut bien étonnée qu'elle ne soit pas encore partie en fumée. Comment les Esprits acceptaient d'être les jouets d'humains braillards ? Oh... minute... elle était là pour ça non ?

"Disgrâce..." rechigna la Dame Courage qui, pour changer, avait revêtit la forme d'une panthère noire (Quoi ? Rien d'effrayant non ? C'était juste un gros chat !) à la recherche de la morv... gentille petite fille.

Elle l'avait touchée ! Elle l'avait TOUCHEE !! Folle de joie, Furaha bondit autour de l'antilope avant de se reprendre avec un petit raclement de gorge gêné ; ses yeux brillaient toujours de sa joie immense. Elle s'inclina devant Tanis. "Merci pour la leçon... Quelle est la deuxième étape ?" Elle trépignait maintenant d'impatience malgré sa volonté manifeste d'être solennelle. Loin d'elle l'idée de prendre toute l'affaire au jeu, tout au contraire, elle se sentait plutôt dans son élément et heureuse de l'être !

"Et bien..." laissa suspendre Tanis, comme si elle cherchait la suite des festivités (ce qui n'était pas totalement faux). "C'est une autre version de la chasse au trésor. Il y a plus loin dans la forêt un petit autel en ruine, je te guiderai bien sûr et la pyramide devrait rester en vue si tu veux faire demi-tour." Un détail autant pour la rassurer que pour la tenter d'abandonner tout au long. "Qu'en dis-tu ?"

"J'accepte ton défi, Esprit du Courage !" rétorqua tout de go Furaha en souriant, les yeux encore pétillants de sa réussite. La jungle ne lui faisait pas peur. Elle était fille de la savane et le Domaine Nuru avait été établi en harmonie avec un territoire de lions. Elle frissonnait à l'idée de voir le jaguar qui hantait les ombres de la jungle, entre appréhension et impatience.

L'antilope se dissipa en un petit point lumineux rose, comme une étoile qui voletait à hauteur d'yeux de l'enfant. La luciole fit quelques ronds sur place puis fila entre la végétation sur quelques mètres avant de s'arrêter. Tanis espérait que Furaha resterait concentrée sur elle et ne remarquerait pas le silence qui s'installait progressivement dans la jungle, les ombres s'étirant autour d'elles. Ne restait que sa lumière sur le pseudo sentier.

Elle avait à peine eu le temps de récupérer son cartable-bouclier que Tanis la luciole s'était élancée à toute allure entre les arbres de la jungle. Sans hésitation, Furaha bondit à sa suite. Elle était consciente que la canopée devenait bien trop silencieuse, et que ce n'était pas normale, mais elle n'avait pas le temps d'y réfléchir, trop concentrée pour ne pas perdre de vue son guide. Echouer par angoisse n'était pas dans sa nature. L'instant présent était à la course, pas à la réflexion. Elle ne laisserait pas son appréhension la faire dévier de sa route.

L'Esprit répéta ce petit jeu, avancer de plusieurs mètres puis attendre. Parfois elle s'éteignait quelques secondes puis brillait de nouveau, sans revenir à l'endroit exact où elle était. Il n'y avait plus de chemin maintenant, plus de chants d'oiseaux ou le bruissement du vent. Puis, au détour d'une stèle de pierre couverte de mousse, la lumière prenait son temps à réapparaître cette fois.

Habituée à écouter les sons de la savane, Furaha avait bien trop conscience que le silence ne présageait rien de bon. Il indiquait la présence d'un prédateur et traduisait à son instinct de se cacher, de fuir, de sauver sa peau, et non de rester et de s'entêter à continuer à avancer. A chaque fois que la luciole s'éteignait, l'enfant s'arrêtait pour fixer les ombres de la canopée à sa recherche mais son coeur battant ne cessait de lui rappeler la peur qui montait en elle. "Je ne ferai pas demi-tour..." grogna-t-elle alors que la luciole ne réapparaissait pas. "Je suis une lionne !"

La lumière mauve réapparu plus loin, en hauteur et... en double. Les sphères étaient moins rondes que la luciole, un peu allongées et bougeaient de concert. Si la petite avançait sans prendre garde, elle foncerait tête la première dans un gueule d'un immense cobra noir qui fondait son long corps dans les ombres et les pierres éparses des ruines.

Quand la luciole s'éteignit une nouvelle fois, Furaha prit le temps de s'arrêter pour reprendre son souffle et observer la structure. Elle n'était jamais allée aussi loin dans la jungle et la fascination côtoyait la peur. Ce mélange tarit sa téméridité et, le sac en bouclier, la règle en épée, elle fit prudemment le tour de la stèle, gardant ses distances, afin d'observer les deux lueurs plus attentivement.

HRP:

Les billes rosées se plissèrent en deux fentes alors que le serpent quitta son perchoir pour onduler plus en avant dans les ruines, tournant le dos à l'enfant. Tanis ne pouvait tout de même pas s'empêcher de faire miroiter les écailles de son dos, même sans aucune source de lumière. Pour un peu, elle traçait sans le vouloir un chemin étoilé pour Furaha dans le labyrinthe du temple.

Pendant une minute décisive, la prudence titilla les frontières de la couardise. Son esprit se demandait s'il ne serait pas plus prudent de faire demi-tour et de cesser là toute cette affaire. Furaha rougit soudainement de honte en prenant conscience de cette pensée. Elle n'était pas dans un banal jeu d'enfants mais, par tous les lions d'Ethiopie, en plein dans un défi du courage qu'elle avait elle-même demandé ! Sans plus attendre, l'enfant se précipita à la suite du dos étoilé du serpent qu'elle distinguait à peine dans la nuit et qui menaçait de disparaître hors de vue.

Un grognement indistinct se fit entendre non loin d'elles, l'animal n'était pas encore visible mais aux bruits furtifs de sa course il semblait se cacher d'une pierre à l'autre. Le serpent ne s'en soucia pas et continua son chemin mais la bête ne semblait pas seule. Le silence pesant que Tanis avait installé se ponctuait de plus en plus des manifestations des créatures dans les ombres.

Quand le premier grognement se fit entendre dans la pénombre, Furaha se figea pour se mettre à l'écoute des sons de la jungle. Elle se rappelait de ces soirées dans la savane éthiopienne entourant le domaine Nuru à écouter le barrissement des éléphants et des gnous, buffles et autres ruminants et le rugissement des lionnes en chasse.Sachant se déplacer aux aguets, elle reprit sa marche derrière le serpent pour ne pas le perdre de vue en restant immobile trop longtemps. Mais deux sentiments se battaient en elle : l'envie de rencontrer le jaguar à la morsure célèbre jusqu'en Afrique et l'appréhension de croiser la route de ce superprédateur.

Pfff... superprédateur ? Une chance que Tanis n'avait nullement accès aux pensées de la jeune africaine ou le "jeu" serait monté drastiquement en difficulté. A vrai dire, elle était plus partie sur l'idée d'un tigre massif aux pattes énormes (et les rayures lui plaisaient). L'Esprit avait fini par arriver dans le temple principal, la porte à moitié détruite bloquée par ledit fauve aux yeux brûlants et les babines retroussées sur des crocs d'ivoire. Le gardien menaçant laissa le reptile ramper à côté de lui puis fixa Fuhara.

Un... tigre. Furaha se figea en clignant des yeux. Si elle ne se trompait pas, ce superprédateur peuplait les jungles asiatiques. Elle s'attendait plutôt à trouver un jaguar. Facéties d'Esprit, sans doute. Cela ne changea rien à son attitude. Elle s'inclina solennellement devant le gardien. "Je demande humblement à pouvoir entrer dans ce temple poursuivre ma quête, ô Grand Tigre. Et si te combattre est mon défi, je suis prête." Son esprit échafaudait déjà mille plans ; avec juste une règle et un cartable, que pouvait-elle faire contre un tigre ?

Symbole de courage dans de nombreuses cultures -une des formes que l'Esprit revêtissait autrefois sur d'autres continents- le félin rayé se contentait de plisser ses yeux d'or aux mots de la fillette. Tanis était réellement surprise d'un tel respect mais tant qu'elle ne pouvait pas mettre en scène un véritable animal... "Oh la bonne idée !" s'amusa intérieurement le serpent alors que son illusion bloquait toujours le passage, grondant certes un peu moins fort.

Le tigre ne lui avait rien répondu, sauf si elle prenait comme une réponse engageante le fait que son grognement ait diminué. Prenant son courage à deux mains, en agrippant sa règle, Furaha s'approcha lentement de l'entité. "C'est avec humilité que je passe, ô Tigre." Elle déglutit et continua son avancée, se retrouvant bientôt devant le mufle de l'animal. Les yeux rivés dans le regard brûlant du fauve, elle avança d'un autre pas, quand bien même tout son instinct lui hurlait de fuir ; il ne fallait pas courir devant un prédateur. Jamais.

L'allure menaçante s'intensifiait alors que Furaha avançait. Le félin s'était mis sur ses quatre lourdes pattes, les muscles de ses épaules roulant dans un saut à venir. Sa tête se penchait vers l'enfant, les babines repoussées sur ses crocs. A mesure que la petite shaman gagnait du terrain, il la contournait, sans jamais la lâcher des yeux.

Elle était presque rassurée que le tigre ait décidé de la contourner, craignant au départ de devoir le frôler ou le traverser... était-il réel ou imaginaire ? Elle n'arrivait pas à faire la différence. Comme il ne fallait pas tourner le dos à un prédateur - les leçons de sa mère résonnaient dans son esprit - Furaha se retourna à mesure que le félin faisait le tour pour toujours garder un oeil sur lui.

Quand les positions de l'animal et de la fillette furent inversées, le fauve se dissipa dans une sombre fumée pourpre, comme on souffle une bougie. "Très impressionnant mon enfant" la félicita la nâgi, la partie serpent de son corps enroulé sur un autel en pierre au centre du temple. Il restait encore cette distance à franchir.... si ce n'était l'anaconda de six mètres de long entre elle.

Comme elle l'avait supposé, le tigre disparut quand elle en eut fait le tour. Un soupir de soulagement lui échappa car elle ne voyait pas comment elle aurait pu le combattre avec une simple règle et un cartable. Les félicitations de Tanis la firent bondir de joie. "J'ai fait comme dans les histoires. Il ne faut jamais courir devant un prédateur et ... !!" Dans sa précipitation, elle n'avait pas vu le serpent géant et s'était pris les pieds dans ses anneaux. Etalée devant sa tête, elle sourit d'un air un peu crispé. "Euh... bonjour... ?"

"Ne jamais courir devant un prédateur disais-tu ?" ironisa Tanis. L'Esprit se la jouait fière mais n'avait jamais été plus attentive de la soirée qu'à ce moment : l'anaconda était réel et il ne lui faudrait pas longtemps pour étouffer une petite humaine de cet acabit. Celui-ci, sûrement peu gourmand, n'attaqua pas directement l'enfant mais n'appréciait pas pour autant qu'on lui marche dessus. Son corps commençait lentement à onduler pour se regrouper autour de l'enfant.

Il lui fallut remarquer la couleur réaliste de l'anaconda pour capter qu'il semblait bien plus réel que l'illusion précédente. Bien trop réel. Les yeux écarquillés, Furaha se tendit en refusant de le quitter des yeux, même pour lancer un regard éperdu vers l'Esprit. Elle devait être courageuse. Elle devait être courageuse ! Il n'y avait pas de serpents de cet acabit chez elle. Elle ne savait pas comment elle devait réagir : rester immobile ? Courir ? Faire de grands gestes ? Alors que le serpent avançait, Furaha recula à pas feutré, essayant de le contourner... mais il était si long !

Quelque part, Furaha avait de la chance de tomber sur ce prédateur au milieu du temple (même si Tanis avait choisi cet édifice exprès) ; au bord d'un point d'eau, elle serait déjà morte s'il était dans l'attente d'une proie. Jusqu'ici, il ne bougeait pas plus que ça. Le mouvement que l'Esprit avait pris pour une attaque ressemblait plus à un replis pour se protéger lui-même mais ça, la petite shaman l'ignorait peut-être. Donc, Tanis observait en reine-mère sur son autel.

L'enfant contourna le serpent sur deux mètres, la jungle épaisse ne lui permettant pas de mettre plus de distance entre eux. Qui sait ce qu'il se cachait dans les ombres des arbres ! Quand elle eut atteint les marches, Furaha ne put plus retenir son mouvement instinctif de bondir vers Tanis pour déguerpir au plus vite du prédateur. Non qu'elle ne le quitta des yeux. Le gouffre entre le courage et la témérité était aussi profond qu'avec la lâcheté.