Than sort des cuisines, contente d'avoir vendu à bon prix le gibier qu'elle avait chassé. Son capuchon sur la tête, elle s’assoit donc au comptoir afin de se rafraîchir avec autre chose que de l'eau, elle adore le cidre et les alcools plus forts (soit une large gamme). Une conversation ne passe cependant pas inaperçue. Cet elfe blafard ne manque pas de culot ! Than quitte sa place et s'approche donc du guerrier qui souhaite en découdre. "Tu te prends pour un tueur de dragon, hein ?"

Sourcils froncés, Cohbar dévisageait la capuche, tentant d'en percer l'ombre. Elle avait du culot, cette femme, de lui parler comme ça. A la mention de sa famille, une douleur familière lui avait traversé le cœur, mais il avait tellement l'habitude de la cacher que son visage resta de marbre. Sa voix était tout aussi froide. Je travaille seul, chasseuse, quelle que soit la proie. Demande-moi autre chose. J'ai de quoi payer tes informations.

C'est au tour de Than de hausser un sourcil sous sa capuche. Plus ils sont blancs, plus ils sont c*ns ! "C'est mon unique prix, ce n'est pas négociable. Ta virilité n'accepte pas l'aide du beau sexe ?" titiller l'égo des gens est une chose que l'elfe noire adore. Et si tu ne veux pas, tant pis pour toi, futur tas-de-cendres. Le tavernier recule légèrement, sans doute la peur de voir ces deux aventuriers se battre dans SA taverne.

Cohbar fronça légèrement les sourcils, mais sa voix était toujours aussi posée. Humour et sarcasme glissaient toujours sur lui sans l'émouvoir. Rien à voir avec ton sexe. Simplement, je ne te fais pas confiance. Je ne te connais pas, je ne sais pas si tu sais te battre, et ton accoutrement ne plaide pas en ta faveur. Et j'ai mieux à faire que de me faire asticoter par une enfant ! Maintenant je te repose la question : quel est ton prix pour tes renseignements ?

Than sort donc prestement son arc de derrière son dos pour tirer une flèche sur le pied d'une chaise puis une autre au milieu de la tranche, puis une autre en haut du dossier, formant une ligne sur la tranche et faisant tomber la chaise dans un fracas. "La question serait plutôt, ce que toi tu offres pour mes services." Ensuite, Than va récupérer ses flèches parce qu'elle déteste le gaspillage et ça laisse le temps à l'elfe de réfléchir à sa proposition.

Than n'avait pas encore gagné la partie. Elle a attiré l'attention de l'elfe -- ou plutôt s'est imposée à lui -- mais elle doit maintenir cet aspect et le convaincre de travailler avec elle. Elle serait contente de tuer un dragon aussi gros même si elle aura usé de l'aide d'un elfe de l'autre couleur (elle préfère dire "couleur" que "côté", n'ayant connu que Heavensaw). La chasseresse se tient donc à côté de l'elfe sans nom. "Tu peux m'appeler Fanny."

"Je n'ai pas l'intention de te tuer si c'est ce que tu penses. Et je pourrais te retourner la question. Tu as l'air d'un rôdeur avec tes armes et tes habits. Qu'est-ce qui me dit ce que tu ferais si tu avais mon cadavre à disposition ? Tu prendrais certainement mon or dessus. Je te préviens, je n'ai pas encore de dents en or." Dans le ciel, le hibou familier de Than observe la scène. Sa partenaire elfique semble parlementer avec un elfe blanc, c'est inhabituel.

Le ton de l'elfe blanc est froid comme la glace, en comparaison celui de Than est brûlant comme un feu de joie. "Fuir n'est jamais mon genre. Je me bats ou j'attends une meilleure opportunité. Je sais reconnaître quand il est stupide de se jeter dans les bras de la Mort. Et as-tu un nom ? Ou dois-je t'appeler "eh, toi" pendant l'affrontement ?" Les deux semblent d'accord, il ne reste plus qu'à attendre le matin à la taverne et affronter le dragon.

Than voit encore très bien à cette heure de la soirée mais le mentionner n'est pas une bonne idée. Seuls les elfes noirs y voient encore clair. Elle opine donc du chef et salue son nouveau "partenaire". "Ouais, t'as raison. Reprenons des forces. Je t'attends demain à l'aube devant l'entrée." Et Fanny prend la direction des chambres, payant l'aubergiste pour une place à l'étage.

Le dragon n'a pas attaqué l'auberge cette nuit, une chance en quelque sorte. Than s'est donc préparée et attendait son coéquipier "Pérégrin" sous l'arche du porche. "Le dragon est à l'Est, au sommet de la montagne. Un demie-journée de marche nous attend. Tu combats donc à l'épée. Quelle est ta technique ? Tu auras besoin de moi pour distraire le dragon et éviter ses griffes." Than n'a aucun mal à parler en marchant. Ils suivent encore les sentiers.

"Oui, sept mètres au garrot, sans compter la tête et la longueur du cou. Le cou ajoute deux mètres de hauteur supplémentaires. Et ne parlons pas de l'envergure des ailes. Elles sont si puissantes qu'elles déracinent certains arbres, les plus vieux sont cassés. Je l'ai observé et il se nourrit de moutons, de chèvres, peut-être mange-t-il des humains, qui sait." De loin, Yenlu suit leur avancée de la façon la plus naturelle possible.

Probablement, oui. Il parlait autant pour lui-même que pour Fanny. Toute la difficulté sera d'atteindre ses points vitaux. Il envisagea en silence différentes options, mais il manquait encore d'informations. Connais-tu son âge ? S'il sait utiliser la magie ? La dureté de ses équailles ? Sois précise. Le moindre détail sera important.

Cohbar ne comprendrait jamais pourquoi la plupart des gens s'imaginaient que les dragons étaient particulièrement magiques. Très bien, c'est déjà un bon début. D'autres observations ? Sans cesser d'écouter Fanny, il s'accroupit pour retourner une poignée de terre. Elle était sèche, même en creusant un peu. C'était mauvais pour eux. Souhaitons qu'il n'ait pas décidé de s'installer en forêt.

"Là où il s'est installé, les arbres sont cassés mais il y en a. Fort peu mais quand même assez pour un barbecue. Il ne faut pas sous-estimer son ouïe, je l'ai vu boulotter des oiseaux dans son dos." Than cesse de parler tandis qu'ils empruntent le sentier et pénètre la forêt. Ils en sortiraient et rencontreraient plus de pierres et un dragon. Un dragon affamé. "J'ai un lapin sur moi, tué la veille. L'odeur du sang frais devrait attirer la bête" dit-elle un peu moins fort.

Je doute qu'un lapin intéresse un dragon de sept mètres de haut. Ce dont nous aurions besoin, c'est plutôt d'une biche ou d'un chevreuil. Le sous-bois qui les entourait était assez peu dense pour que Cohbar soit sûr que du gibier passait régulièrement par ici. Mais même s'ils se lançaient sur les traces d'une proie, Cohbar serait incapable de l'abattre. Sais-tu chasser ?