La fenêtre ouverte laisser entrer un petit vent frais qui fit frissonner le jeune mutant, obligeant Dylann a se pelotonner un peu plus dans sa couette comme un écureuil (tamia !) dans une chaussette. La vague partie de son cerveau qui gérait son instinct lui signala dans son semi-sommeil cotonneux qu'un truc n'allait pas mais l'attrait du sommeil restait encore plus plus fort.

Cayden poussa un cri suraigu, qui avait tout de l'alerte d'un oiseau, et chut du toit dans son mouvement de retrait. Son instinct prit automatiquement le dessus et ses larges ailes s'ouvrirent pour stabiliser sa chute en un plané plus ou moins habile jusqu'à la fenêtre par laquelle il s'engouffra dans la chambre pour fuser sur le lit de Dylann et le secouer. "Dyn ! Dyn ! Dylaaan ! Il y a un bisounours sur le toit !" murmura-t-il aussi fortement qu'il osait le faire.

"Oh non alors..." Le drôle d'oiseau-enfant s'est envolé ! Kürk balance son corps duveteux, une patte après l'autre, pour s'approcher de la fenêtre. Elle met un peu de temps à l'atteindre et hésite un instant à se montrer, elle aimerait éviter de lui faire peur. Elle sort un drapeau blanc qu'elle agite en signe de paix. "Je ne voulais pas te faire peur... J'ai cru que tu avais besoin de mon aide..."

Dylann était déjà réveillé au piaillement de Cayden sur le toit, sa couette encore à moitié sur sa tête et les yeux en train de faire une mise au point bancale (il faillit se prendre une claque de l'oiseau quand il chercha à le secouer en pensant qu'il était encore allongé). "Kwa nin binounours ?" bailla-t-il sans aucune grâce. Mais à la petite voix timide qui émanait de la fenêtre, l'hybride se dégagea rapidement pour voir le drapeau de fortune s'agiter. "Ben mince alors..."

Cayden s'affola encore plus en voyant le drapeau de paix et surtout en captant que Dylann aussi le voyait. Il se colla à son ami en frissonnant, ses grandes ailes placées en 'bouclier' devant eux. "Tu vois aussi ce bisounours ? Je ne rêve pas ?" lui demanda-t-il dans un souffle apeuré. Il n'avait pas lâché sa peluche qu'il serra entre ses bras pour se calmer. Il n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'il y avait un vrai bisounours, là-dehors.

Ses petites oreilles dépassent de l'encadrement de la fenêtre, puis ses yeux, puis son museau qu'elle pose sur la rambarde en penchant la tête sur le côté d'un air interrogateur. "M-mais... Bien sûr que je suis vraiment là ! Si je n'étais pas là, où est-ce que je pourrais bien être ?" Elle n'a pas l'air blessée par leurs remarques, simplement dubitative. "Je peux rentrer ? Je n'aime pas être toute seule..."

"Merci beaucoup Dylann, tu es un gentil garçon !" La peluche fait passer son gros popotin par la fenêtre et tombe sur le plancher en lâchant un petit "Oh !" de surprise, puis se tourne vers les deux adolescents avec embarras. Elle semble triste de voir Cayden aussi tendu, alors elle lui propose ses bras : "Tu n'as pas l'air heureux Cayden, tu veux un câlin ? Je suis venue parce que tu m'as appelée dans ton cœur, tu sais ? Demande-moi simplement ce que tu veux !"

Dyn, lui, buguait tout bonnement sur la peluche qui ne bougeait pas ; à savoir le bisounours rouge que Cayden tenait dans ses serres et qu'il affirmait comme sien. Depuis quand l'avait-il ? "Merci Madame" fini-t-il par répondre tout en remontant le regard sur son ami. "Tu l'as appelée ?"

"Ce n'est pas grave Cayden, je te pardonne." Elle s'approche de sa démarche pataude pour poser gentiment sa patte sur... ben, ce qu'elle arrive à atteindre, c'est-à-dire le bas de la cuisse de l'enfant-oiseau. "Oui, tu m'as appelée ! J'ai senti le signal tout au fond de mon bidon !" Le bisounours montre fièrement ses étoiles qui s'illuminent légèrement. "Par contre, je ne sais pas pourquoi..." Elle s'interroge en tapotant sa tempe.

"Parc'que l'Harpie d'vait s'sentir seul... les Bisounours viennent l'plus souvent pour des enfants qu'on pas d'amis, non ?" Ce qui, quelque part, lui faisait un peu de mal. Dy se dégagea de son lit pour sauter au sol approcher l'étrange créature. Sa fourrure lui semblait si douce mais il prendrait pas le risque de la blesser en la grattouillant (et puis, c'était sûrement impoli).

Cayden fixa Dylann puis le Bisounours avec un air effaré. "Pas d'amis ? Non, non, non ! J'ai un super ami, l'est juste devant vous, j'ai pas besoin d'un Bisounours." s'exclama-t-il dans un véritable cri de cœur qui le fit rougir. Les chambres d'à côté risquaient de l'avoir entendu. C'est qu'il craignait que Dylann croit vraiment qu'il se sentait sans ami et ça, il ne pouvait l'accepter.

Le bisounours rit doucement. "Haha ! Mais voyons, on peut avoir des amis et quand même se sentir seul pendant un instant !" Puis elle prend un air attristé en entendant l'exclamation de Cayden. C'était une fausse alerte alors ? "Oh... Je comprends... J'ai dû me tromper, peut-être ?" Elle est si déçue. On a pas besoin d'elle. Personne n'a besoin d'elle. Kürk est inutile. Des petites larmes pailletées roulent dans sa fourrure.

Kürk fait un grand sourire à Dylann, dévoilant son absence de quenottes. "Oh oui ! Un câlin, ça remonte toujours le moral !" Un rire semblable à une ribambelle de grelots s'échappe de sa gorge. Puis elle regarde la harpie, cherchant quelque chose sur les traits singuliers de son visage. "Tu sais, mon petit, ce n'est pas grave d'avoir besoin d'aide de temps en temps ! Et si tu nous parlais de ce que tu ressens, au fond de toi ?"

Dyn se posa en tailleur sur le tapis moelleux posé entre leurs deux mezzanines, vêtu simplement d'un caleçon bien trop large et d'un T-shirt qui l'était encore plus. Même assis ainsi à côté de l'ourson en peluche, la différence de taille n'était pas énorme. "T'préfères qu'sorte ? J'comprendrai si y'a des trucs qu't'veux pas qu'sache, si ça m'regarde pas." L'idée le peinait mais on ne pouvait pas forcer les gens, pas même un ami. Encore moins un ami.

Elles sont si belles, les ailes de la harpie. Kürk a l'impression d'être sous un arbre aux feuilles rougeoyantes. Elle passe sa patte duveteuse sur la joue du garçon. "Ce n'est pas ridicule mon petit... Il y a un vide dans ton cœur, un vide qui te fait souffrir ! C'est pour t'aider que je suis là. Nous allons voir ce que nous pouvons faire (tu veux l'aider aussi, Dylann, non ?). Raconte-nous, parle-nous de ta maman."

Il adorait les plumes de Cayden mais en temps normal, il évite de les toucher de peur de les froisser ou, au pire, d'en arracher une. "Si t'gardes tout pour toi, normal qu'tu craques d'temps à autre." Il comprenait que trop bien ce sentiment de vide, Dylann n'avait jamais su qui était sa vraie famille mais il avait la chance d'être adopté. Tardivement certes, mais il avait une mère, un oncle et des grands-parents maintenant.