CONTRAT DE NOT'RP !

- Statut du RP : Kürk et Tanis / Ouvert aux incrustations surprises (vu que c'est limité aux Esprits, on est tranquille...)
- Type de RP : Flashback, plusieurs siècles en arrière
- Tour de jeu : Dans l'ordre d'arrivée
- Délai maximum d'attente de réponse : 10 jours
- Sauts de tours : Un seul
- Autre : /

Forte de son humeur exécrable et ce sentiment d'injustice qui l'étouffait, Tanis restait à l'écart des autres Esprits. Elle était allongée sur le dos sans aucune grâce, les bras en croix et la tête jetée en arrière à regarder le ciel évoluer. Par moment, elle bougeait son corps pour en exposer de nouvelles surfaces au soleil, à se réchauffer sur son rocher plat mais globalement... et s'ennuyait horriblement. Heureusement qu'elle avait une montagne de rancune à digérer pour l'occuper.

Quand Tanis avait été ramené de force sur l'Ile des Esprits, l'événement ne fut pas tellement gardé sous silence. Littéralement. C'est qu'elle n'avait pas tu son mécontentement et l'avait bien fait savoir. Donc à moins d'être sourd ou d'avoir fuit les lieux, peu de monde ignorait le retour fracassant de la nâgi. D'ailleurs, elle refusait catégoriquement de changer cette apparence de femme-serpent. Elle refusait beaucoup de choses maintenant qu'elle y pensait. Comme se repentir. Et puis quoi d'autre ?!

Une petite créature velue renifle, l'air concentrée. Elle sent... Elle sent... Elle sent l'odeur du mal-être, des émotions qui tourneboulottent, comme un gigantesque maelström de fureur et de révolte, d'inquiétude et de désarroi. Alors elle s'approche, la petite boule de poils, elle s'approche de la femme serpent tout doucement, à quatre pattes. Elle se place à côté d'elle et elle la fixe gravement, avec ses yeux de braise. Comment peut-elle l'aider à aller mieux ?

Tanis renifla et releva la tête. Elle n'avait plus sa tiare habituelle et les couleuvres de sa chevelure ne sifflotaient plus de colère (elles devaient être fatiguées) et se contentaient de bouger vaguement. Même la peau de la nâgi ne brillait plus de mille feux, sa poitrine enroulée dans une écharpe noire délavée. "Ouiiiiii ?" fit-elle en agitant la main, le sarcasme suintant de son ton.

Elle cligne des yeux en décalé, à la manière d'un reptile. Kürk hésite sur la marche à suivre. On dirait une belle rose qui a pris un coup de froid, fière mais blessée. Comment s'occupe-t-on d'une rose ? Une rose, ça pique. Alors la jeune Esprit avance sa main tout doucement vers celle de la femme-serpent. "Racontez-moi..." qu'elle chuchote.

Les yeux de la nâgi brillèrent plus intensément un bref instant sous la surprise. Une ou deux couleuvres levèrent même leurs têtes noires vers l'inconnue, hésitant entre la menacer ou juste l'observer. Mais Tanis était curieuse. Ce n'était pas de la peur qu'elle ressentait de cette Esprit mais une sorte de retenue craintive. Intéressant. "Et que veux-tu savoir ma jolie ?" Tout son corps ondula pour s'allonger sur le ventre, sa tête posée sur ses mains jointes, coudes au sol.

Kürk observe l'esprit serpent avec toute la curiosité qui la caractérise. Elle est comme une rivière sauvage qui ondoie entre les rochers. Et certainement aussi dangereuse que l'eau vive. Mais la boule de suie ne fuira jamais une personne malheureuse. "Je voudrais savoir..." Ses sourcils s'affaissent légèrement, lui donnant un air peiné. "... pourquoi ça ne va pas."

Elle regarde autour d'elle cette écrasante rancune qui s'étend comme un Fléau. "C'est triste..." La petite poussière profite que Tanis se soit rapprochée d'elle pour poser sa main sur son visage diaphane, chassant une larme invisible de sa joue. Elle poursuit dans un filet de voix : "Vous avez tant de souffrance... Je peux vous aider si vous le souhaitez. Racontez-moi, peut-être que ça va vous soulager un peu ?"

Ses grands yeux de flammes endormies la fixent sans ciller. "Je sens votre peine. Je ne peux pas faire autre chose que de tenter de vous aider." Parce que c'est ce pour quoi elle est venue au monde. "Si vous avez agi selon votre nature, en effet ce n'est pas normal. Mais... l'administration a ses raisons. Peut-être que l'utilisation que vous en faisiez mettait en danger le monde des Esprits ? Si les humains se mettent à nous haïr..."

HRP:

"Me rassurer ?" Elle ne comprend pas. "Peut-être que... si on se présentait, je comprendrait mieux ?" Posant sa main sur sa poitrine, elle commence : "On m'appelle Kürk. Je suis l'esprit de la tendresse. Je viens donner du courage à ceux qui doivent affronter leurs peurs. Et vous ? Qui êtes-vous ?"

Ses yeux semblent s'illuminer subitement et elle s'exclame avec enthousiasme : "C'est vrai ? C'est vous le courage ?" Elle la regarde avec une admiration sans borne. "Je ne risque pas de vous remplacer. C'est comme si... J'étais la passerelle qui les menait à vous, vous comprenez ? Sans vous, je n'ai pas grand intérêt."

Les serpents s'arquèrent, les gueules refermées sous la surprise. Tanis elle-même en avait perdu les mots (une première !). "Donc si j'ai bien compris..." reprit-elle au bout d'un moment d'une voix neutre. "Tu rassures les humains qui ont peur, c'est ça ? Comment t'y prends-tu ?"

"Mais les petits humains grandissent. Ils deviennent forts et courageux !" Elle roule sur le dos, tendant ses mains vers le ciel artificiel. "C'est ce que j'aime le plus au monde. Les voir changer jusqu'à être des héros." Un ronronnement sort de sa gorge et elle sursaute légèrement, semblant en être la première étonnée. "Je crois que c'est la première fois que j'en parle à quelqu'un. Exprimer ma nature par des mots. Merci."

La boule de poils s'observe sous toutes les coutures, circonspecte. "Mon apparence ne va pas ? C'est comme ça que je suis née dans leur imaginaire, alors elle me plaît bien..." Puis elle observe son homologue avec insistance. Si elle est à moitié chat noir, alors elle est à moitié serpent ! Elles se ressemblent bien plus qu'il n'y paraît. Bizarrement cette révélation lui fait plaisir. "Est-ce que l'Esprit de la Peur existe quelque part tu crois ?"

La nâgi se retrouve tout près d'elle à présent, et Kürk la regarde avec attention. "C'est beau quand vous êtes heureuse." Elle chantonne avec douceur : "Prouve-moi que tu vaux la peine, Que je me tienne à tes côtés, Tu ne trouveras que de la haine, Si tu crois pouvoir t'échapper..." Un flux lumineux s'échappe de son chant et vient réchauffer l’Écaillée. Puis elle réfléchit quelques instants avant de demander : "Dites... Ceux qui sont encore trop faibles, vous voudrez bien me les laisser ?"

Que ce soit conscient ou non, Tanis était sensible au compliment. D'ordinaire, les humains (et parfois les Esprits) la craignaient et évitaient son contact. Certes, c'était une partie du rôle qu'elle devait jouer mais la petite boule de poil n'avait pas peur. N'avait plus peur. La peau de la nâgi se glorifia de nouveaux reflets blancs, comme de petites écailles nacrées quand elle sourit, sans mesquinerie ni arrière pensée torve. "Tu voudrais un partage des tâches ?"

Elle acquiesce. "Ceux qui sont trop faibles pour vous affronter, à quoi bon les tourmenter inutilement ? Un véritable combat contre leurs peurs est plus intéressant... Plutôt qu'une immolation pure et simple." Ses yeux incandescents ne quittent pas ceux de la femme serpent, avec une force qu'on ne retrouve que chez la jeunesse  enthousiaste et passionnée. "Ceux qui ne sont pas dignes de vous, laissez-les moi. Je vous les rendrai grandis."

L'idée était des plus intéressantes... Fini les petites mauviettes âmes fragiles qui cherchent plus un gros câlin qu'un coup de fouet d'adrénaline. "A moi les vrais et les durs et toi ceux qui ont besoin de... gentillesse pour progresser ?" Vraiment l'idée était bien, Tanis ne serait jamais assez patiente avec les petits humains. "Marché conclut" fit-elle en créant dans sa main une couleuvre de fumée pourpre. La bête scellera leur accord dès que Kürk l'acceptera.