"Ah ? Oh, oui, logique Monique." Je réfléchis une minute, intégrant cette nouvelle donnée au tableau puis sourit. "Ben vas-y avec tes autres élèves alors. Ils auront tout autant besoin qu'on leur ouvre leurs horizons, et puis ce sera plus simple pour toi. En plus, il parait que vous avez votre propre moyen de locomotion donc c'est tout bénef. Franchement, je vois pas pourquoi tu t'en empêche."

"Elle est comment, ta tante ?" Pas que ça m'intéresse tant que ça en vrai, je fais juste la conversation, ça évite les blancs à la con. Il m'a invité pour être convaincu que rien n'a changé, non ? Et bien je vais lui donner juste ça. Quoi qu'il doit m'en coûter. Amusée, je bois ma glace, me balançant des talons aux pointes pour jouer avec mon équilibre.

Quand on dit de quelqu'un qu'il est "... gentil(le)" c'est qu'il est en général un peu con ou sans vraie personnalité derrière alors je m'attends pas qu'il ajoute qu'elle ait beaucoup de caractère, dans ce cas là on dit plutôt "... coloré" ou quelque chose du style. J'imagine que c'est pas pareil en Italie, ptet. Je hausse les épaules. "J'aime tout moi." Sauf que tous mes repas sont probablement prévus pour les trois années à venir, merci à Cuistot et ses assiettes au frigo tous les soirs.

"Pourquoi pas, un jour" que je réponds, légère, en sirotant mon Milkshake. Evidemment que j'ai envie de voir sa famille et de manger dans Little Italy et tout mais j'arrive pas à savoir si c'est sage ou pas alors je botte en touche l'air de rien. D'toute façon, là, j'fais au quotidien, à l'heure, à la minute même. Genre là maintenant tout de suite, mon milkshake est bon. Je ne veux pas penser à autre chose, je veux rester dans mon immédiat. "De toute façon personne parle anglais dans ce quartier."

"Toujours. Tu me connais." Je me met sur la pointe des pieds pour lui coller une bise, bien sur la joue, pas comme avant mais quand même, qu'il désespère pas trop à se dire qu'il a tout fichu en l'air alors que c'est moi, puis j'attrape sa casquette, je la lui remet sur la tête mais à l'envers et, d'un bond, je repars vers une branche et de là, vers ailleurs. Je ne sais pas où, mais pas ici en tout cas. J'ai besoin de réfléchir. De me défouler, un peu, aussi.