"Ben pas moi." J'avais prévu d'être gentille et douce et compréhensive mais ce début m'énerve tout de suite et fait briller dans mes yeux défi et fierté. Je ne regrette rien. Pas une seule seconde de ce qu'il s'est passé. Je le fixe, fâchée puis je soupire d'un coup, tentant de me calmer. "Mais ne t'en fait pas. Je comprends d'accord ?" J'ai envie d'en dire plus, je me retiens, c'est à lui de parler. Je tiens juste à préciser. "Juste, quoi qu'il arrive, je ne regrette RIEN, entendu ?"

Je hoche la tête. "Juste pas comme ça. Parce que ce serait dangereux pour toi, pour ta carrière, pour ton futur, pour ta liberté. Alors on va faire quoi, Luca ? On va faire comme si de rien n'était ? Continuer nos vies ? Tu penses que c'est possible ? Tu ne penses pas que ce serait juste plus facile qu'on ne se voit plus ?" Je penche la tête, je fais souvent ça quand je veux comprendre ou que je suis très concentrée. Je ne sais pas pourquoi, un tic.

"Grave !" Je saute sur mes deux pieds puis à nouveau sur ma branche pour attraper mon sac, la Gavroche que j'avais prise, mes bouquins que je fourre dans le sac en redescendant. Je souris toujours. Il ne doit pas voir ou savoir ce que je pense. Il doit croire que je m'en fiche. C'est très important. Je met la casquette sur ma tête et le sac sur une épaule. "La tête, ça va mieux ? T'as pas choppé froid ?"

Elle a pas tort. C'est peut être un peu trop de proximité que de l'inviter à un Opéra. Il faut quand même qu'il ne se reperde pas à nouveau. "Framboise. Je pense." qu'il dit avec un petit sourire. Voilà, tout s'allège, on se détend, on profite du soleil. Il semble moins tendu pour le moment et garde son sourire.

Bah voilà, il a l'air de respirer à nouveau Maestro. Tant mieux parce que si je dois être l'adulte du groupe, ben je préfère encore que ce soit avec le sourire. Moi, je mets mes mains derrière la tête et je réfléchis. "En général, en glace, je préfère la poire mais c'est un gout trop fin pour le milkshake et pour une raison que j'ignore personne n'en fait jamais à la pêche alors je vais prendre banane. Ca se fait, en Italie, les milkshakes ou c'est crime de lèse-majesté, genre ?"