"Tous les étudiants en passent par là." Est-ce pour le rassurer ou le remettre à sa place en rappelant qu'il n'a rien d'exceptionnel, bien malin qui saurait le dire. "Contrairement au russe qui comporte une centaine de caractères chiffres et ponctuation comprises, il y a plusieurs centaines de caractères à mémoriser même si l'on s'en tient aux mots d'usage courant. Il faut les reconnaître, savoir les écrire lisiblement... c'est long."

Elle le toise toujours, impassible. C'est un bon état d'esprit, bien trop rare de ce côté du continent. "Ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas non plus de ceux qui battent en retraite face aux difficultés. Elles stimulent l'esprit et rien n'est plus agréable que de les surmonter."

"Aussi longtemps que vous serez assidu et attentif, je n'y vois aucune raison." assure-t-elle tranquillement. "Si des circonstances indépendantes de ma volonté devaient m'empêcher d'assurer les cours, je vous ferais prévenir dans la mesure du possible." Elle prend une nouvelle gorgée du chocolat tiédissant, fixant pensivement l'homme face à elle. "Répétez-moi celles dont nous avons déjà parlé."

La tasse touche doucement la soucoupe, avec un petit bruit de porcelaine. "C'est bien. A présent, écoutez bien..." Et le cours continua, de salutation en salutation, de bonjour en au revoir, de comment allez-vous en portez-vous bien.

"Les armes de l'esprit s'utilisent bien loin des armes du corps." Inutile d'en dire plus, il lui semble assez éveillé pour comprendre qu'elle fait référence à un éloignement à la fois spatial et temporel. "Mais vous n'y êtes pas encore... Vous devez être plus souple."