Aldo éclata d'un rire hilare. Un costume de bourreau ! Toi on peut vraiment dire que t'as le sens de l'humour, mon vieux ! fit-il à l'adresse du Maître du jeu. Il aurait tellement aimé avoir un cadeau aussi classe que le casque de Wenni... Mais la tortue ne l'écoutait pas, occupée à exécuter des mouvements complexes afin de créer le portail, qui se matérialisa soudain devant nos deux héros. Aldo émit un sifflement admiratif devant la majesté de l'imposant portail qui les dominait.

En selle, fougueux dragon ! m'écriai-je, grisé par la perspective de la victoire toute proche. Youhooooouuuuu ! Mais soudain : « Stupefix ! » Un éclair nous frôla, Weni et moi. Je me tournai vivement vers notre assaillant et lui criai : Ma dulcinée ! Tu es de retour, ma toute belle ! Je t'avais perdue de vue. La réponse de cette dernière ne se fit pas attendre : « Stupefix ! » Mais cette fois-ci, elle avait visé juste. L'éclair de lumière qui jaillit de sa baguette magique fila droit sur nous.

Bien joué Weni ! m'écriai-je en donnant une tape amicale à mon ami. La jolie sorcière pesta. Elle leva à nouveau sa baguette, prête à nous lancer un nouveau sort de son cru, lorsqu'un dragonnier fondit sur elle. Attention ! lui criai-je. Elle fit volte-face in extremis et s'écria : Avada Kedavra ! L'éclair de lumière vert qui jaillit de sa baguette magique frappa le dragon, qui mourut instantanément ; son dragonnier, qui s'accrochait au cadavre de sa défunte monture, pleurait à chaudes larmes son ami perdu en tombant comme une pierre vers une mort certaine. La jolie sorcière éclata d'un rire macabre à la vue de ce spectacle.

J'étais déchiré entre mon infinie tristesse d'avoir perdu ma dulcinée et l'effervescence de la victoire. Bien joué, Weni ! félicitai-je toutefois ma monture pour ses dernières actions, sans lesquelles la victoire nous aurait sûrement filée entre les doigts.. Notre victoire, on la devait à mon ami. Juste après avoir atterri, je me jetai au cou de Weni. C'est génial ! On a gagné, Weni ! On a gagné ! Youhooooouuuuuuuu !!!

J'étais aux anges. C'était ma première fois. Pour tout. Ma première rencontre avec un dragon. Ma première course de dragonnier. Et, il faut bien l'avouer, ma première histoire sans queue ni tête. C'est vrai quoi, qu'est-ce que je foutais là, pour commencer, alors qu'à la base j'étais juste en train de me raser en écoutant Survivor Radio. Mais qu'importe, Weni et moi on était en train de vivre un pur moment, de folie, certes, mais surtout de bonheur ; et ça, ça n'a pas de prix. Je brandis mon trophée en chantant joyeusement : On est les champions, on est les champions !!!

Les récompenses... bof... je suis italien et même pas on m'offre une pizza ou des lasagnes... me plaignis-je, avant d'ajouter dans une pose totalement ridicule épique : La victoire ? On la doit avant tout à notre charme sauvage, à notre indéfectible courage et à notre ineffable héroïsme ! Notre volonté est celle qui va percer les cieux ! Qui croyez vous que nous sommes ??? Nous sommes la Dai Aldo Team et rien n'arrêtera notre cœur juste !!!

L'interview laissa place aux festivités ; après l'effort, le réconfort. Un majestueux buffet nous attendait, Weni et moi. Je ne me fis pas prier. Viens Weni, on va se caler les joues bien comme il faut, j'ai une de ces faims ! fis-je en me ruant sur le buffet.

Franchement, une offre pareille ça se refuse pas... et pourtant... J'avais promis. À ma mère. À mon peuple. À mon monde. J'avais promis de tous les sauver. D'en finir avec tous ces foutus zombies. Je ne pouvais pas les laisser tomber. Je ne pouvais pas abandonner mon monde. Ça aurait été avec plaisir, mon bon Weni... mais j'ai un sacré bordel à nettoyer dans mon monde... ils ont besoin d'un héros courageux et musclé, tu comprends ? Je crève d'envie de découvrir un autre monde ; il a l'air trop bien, en plus ! Mais je ne peux pas... je... j'ai promis à ma mère...

Tu es un noble dragon, le complimentai-je. Dans mon monde, j'ai de précieux compagnons, oui : Ciaran, mon frère d'armes, et Nera, ma dulcinée. C'est grâce à eux que je m'accroche et que je trouve encore la force de me battre. Je souris à leur seule évocation. D'ailleurs, il va falloir que j'y aille. C'était bien cool tout ça mais j'ai du pain sur la planche, je suis dézombizateur à plein temps ! fis-je dans une pose ridicule hyper classe dont moi seul avais le secret.

Pareil ! Le légendaire Aldo Biscotto sera toujours présent dans ton cœur, mon ami, dis-je en lui caressant le museau une dernière fois, ultime caresse d'adieu avant de m'éclipser tel un héros vers le soleil couchant.

♪♫♪ I'm a poor lonesome dézombizateur... ♪♫♪