Fut un temps, Ina allait dans ce port pour acheter son poisson, regarder l'océan briller les jours de soleil. Pour el premier point, ça n'allait peut-être pas changer se disait-elle tandis qu'elle progressait lentement et sur le qui-vive sur la place désertée. Longer les bâtiments était devenu dangereux, on ne savait si des zombies pouvaient sortir un bras et tenter de vous arracher les cheveux. La jeune femme, accompagnée de sa chienne, se gardait donc à distance raisonnable des murs mais aussi de la mer. Et si des phoques et cachalots étaient également zombifiés comme les cochons ? On ne le découvrait qu'une fois trop tard.
La survivante scrutait le moindre signe d'occupation humaine, elle finirait bien par croiser quelqu'un qui aurait eu l'idée de faire sa (sur)vie au port…

2071. Un an déjà que son monde a disparu. Il a achevé sa femme. Il a perdu Astrid. Il n'a plus que l'Astrid, au port, qu'il entretient comme il brossait les cheveux de sa fille. Les collègues, de moins en moins. Les pillards, parfois. Les saloperies, toujours, que le ressac attire au port.

Pour une fois il n'est pas sur l'Astrid, et il a repéré le duo. Connaît pas. Pillards, éclaireurs, esseulés ? Le chien va le repérer aussi, question de temps. Faudrait pas qu'il repère aussi les planques de poisson séché. Alors Ian se montre, bougon, hache à la main lame vers le bas - pas hostile.

Il paraît qu'il faudrait parler, aussi. A elle l'honneur.

Dans la lumière du petit matin, il n'y avait pas de doute possible : un être humain encore vivant se tenait debout non loin d'elle. Il tenait une arme à la main mais tranquillement, signe qu'il n'était pas hostile mais prudent. La chienne remuait légèrement la queue, signe qu'elle n'en craignait pas la présence. La jeune femme reprit sa lente marche vers l'inconnu, du moins l'homme inconnu.
"Bonjour, souffla-t-elle en norvégien. Or Good morning if you prefer."

Elle marche bien. Elle est toute gamine encore, peut-être même pas vingt piges. Le chien court pas partout, il est pas agressif. Elle parle, norvégien d'abord puis la soupe de coton des jeunes et des étrangers. "'jour." il répond en norvégien, dans la barbe qui mange son visage. "Qu'est-ce qui t'amène ?"

Place directement au cœur du sujet, très bien. Les zombies peuvent débarquer à tout moment.
"Je cherche des renseignements, comment est la mer depuis l'invasion ? Y a-t-il de nouvelles menaces ?"

La mer. Tout ce qui lui reste vraiment, au fond. Il jauge le duo. La place. La rue derrière. Tout est vide. Et puis il grogne un truc, dans sa barbe. Et il regrogne, contrarié, avec un geste d'humeur de son bras libre. C'est les saloperies qui grognent sans articuler, maintenant. Et c'est pas une saloperie. "La mer le vit bien." Plus aucun plaisancier et moins de pêcheurs, ça veut dire plus de poissons, plus près des côtes. "Y a des menaces. Différentes."

Drôle de réponse… Vu sa réaction, il n'y avait pas d'otarie-zombie, du moins Ina l'espérait.
"Quelles sont les nouvelles menaces ?"
Eyra émit un léger bruit. Ina suivit le regard de sa chienne mais ne vit rien. Fausse alerte.