Un voyage à bord de dirigeable, lorsqu'il pouvait se le permettre, était l'une des choses permettant à Matias de se relaxer un bon coup. La mort de ses parents, de ses camarades, la pression de son double "travail", sa vaisselle mal alignée - tout cela ne semblait plus revêtir la moindre importance une fois que l'appareil avait pris son envol. Comme si sa vie avait pris fin. Un apogée de légèreté, le temps de quelques heures, où il gagnait le sentiment que rien ne pouvait le toucher sur son siège, assis à lire ses romans.

Mais ce jour-là faisait exception. Matias était à bord en mission pour permettre à des innocents d'avoir, espérait-il, la vie qu'ils méritaient. Son contact lui était inconnu, tout comme de nombreux membres de la LR, ainsi que la structure de l'organisation. Mais en repérant un homme aux cheveux bruns quasi rasés et au nez épaté se frottant le front avec son index et son majeur tous deux joints, et sans lui adresser le regard, Matias s'approcha comme si de rien n'était, et fit "tsk" avec la langue. L'homme lui passa une chemise, que le Finlandais vérifia promptement : les documents étaient là. Matias se leva comme s'il allait aux toilettes, et quelques secondes après, trois Miliciens débarquaient dans la pièce et questionnaient son complice. Le Finlandais se cacha dans les toilettes en fermant la porte.

Perkele, se retint-il de marmonner. Hors de question qu'ils mettent la main sur ces documents !