La promenade de santé qu'Éric avait effectuée seul à Cuagach la veille n'avait guère porté ses fruits. Ni les exquises saucisses, œufs brouillés et verres d'eau limpides disponibles au petit-déjeuner. Ni la partie de billard et celle de bridge jouées contre d'autres résidents de l'hôtel.
La partie très tendue jouée avec Faelán et le fantôme de la chambre de l'aile interdite quelques jours plus tôt n'avait visiblement apporté aucune pièce à 100% compatible avec le puzzle. Du moins, pour l'instant.

Pour davantage soulager son mental et les spéculations constantes et tournant en rond, Éric décida de faire plus qu'une simple promenade de santé, et de faire une séance de musculation. Le Français inspirait et expirait en tremblant tandis qu'il était en position de poirier, une radio adjacente diffusant à volume bas Rockin' All Over the World de Status Quo sur RTÉ Radio 2.

Éric sentit un tremblement infime dans le plancher et les murs de sa chambre. Il perdit l'équilibre et tomba sur le dos, espérant que le bruit n'avait pas trop alerté les résidents du dessous. Se relevant en position assise, essoufflée, il leva la tête : Bonjour Brian. Tu n'as jamais vu quelqu'un faire de l'exercice ?

Il était vrai qu'Éric n'était pas d'humeur à sourire, malgré la présence de son "neveu adoptif".
Beaucoup de choses, Brian. Tout ce mystère m'échappe. Trop de coïncidences qui ont certainement leur importance mais qui ne semblent mener à rien. C'est comme si tu voyais un coffre au trésor, et que tu te jetais dessus pour te rendre compte qu'il s'agissait d'un trompe-l'œil.
La chanson à la radio se termina et fut remplacée par Ça plane pour moi de Plastic Bertrand. Gloussant, il pointa la radio de l'index. Tiens, ma langue maternelle. Le français.

Oui... Et j'ai questionné les conservateurs du musée du village pour voir s'il y avait, parmi les correspondances des premiers Lockwood, davantage que celles derrière les vitres. Ils ont été ravis de me montrer d'autres lettres, dont une très intéressante : une lettre d'une cousine venue leur rendre visite après un deuil, et qui parlait d'un rituel au but inconnu...
Il leva les yeux vers ceux de Brian.
Elle date de 1702. 2 ans après le décès de Laurence Lockwood, et 2 ans avant celui des parents.
Un temps.
Les conservateurs m'ont aussi appris qu'à leur connaissance, les fondateurs n'ont, officiellement du moins, jamais eu de descendance...

Évidemment. Et si les Lockwood ont des secrets à cacher... alors les Murphy aussi, probablement.

Une fois Éric rhabillé, ce dernier continua de formuler des théories avec Brian. Malgré plusieurs pistes semblant plausibles, aucune ne se détachait du lot. Pour tromper sa frustration et arrêter de se maudire lui-même, et pour changer les idées du petit fantôme qui avait mentionné la disparition de sa mentor, il finit par commenter les diverses chansons anglaises comme françaises qui passaient sur RTÉ Radio 2.