Ça y est, ça va se faire ? demanda Rini, la benjamine, assise en tailleur au sol, les mouvements de sa queue trahissant son anxiété. Daro, l'homme fort et fils aîné de la famille, lui mit tendrement la main sur l'épaule. Il lui sourit, mais il ne trouvait (à son grand dam) pas grand-chose à lui dire à part la formule : Quoi qu'il arrive, on y fera face tous ensemble.

Pour assurer sa survie financière, la famille Mahrbirri n'avait pas d'autre choix que de se plonger dans le dangereux milieu de la contrebande et du recel. "Jouer le jeu de la vie mieux que les autres", diraient les gens sans estime pour les règles. Rini, d'habitude d'un tempérament joyeux, soupira et se releva, le regard désabusé, prenant le ballon et le faisant rebondir plusieurs fois au sol.

Tout ce que j'espère, c'est de pas avoir à recourir à la violence, dit la grande et athlétique Tsarabhi.
On va devoir cacher des clopes dans notre fourrure ? Voire ailleurs ? blagua Kersh, le fils cadet, d'un ton pince-sans-rire qui lui valut un regard blasé de Daro.
Quant à Zosh, le fils benjamin, plus grand que sa sœur Rini d'à peine quelques poils, il était perché en haut de la barrière, observant de loin ses parents discuter avec ce qui semblait être deux contrebandiers humains, non loin du vaisseau de ces derniers. Il vit soudain au loin une humaine, qui semblait être de leur âge, s'approcher peu à peu du terrain de basket qui constituait leur QG.

Cendre s'éloigna du vaisseau en sautillant, tentant vainement de se réchauffer. Son intérêt pour les affaires étant limité, elle avait rapidement décroché de la conversation. Non loin, des valeths de son âge les regardaient et elle disait jamais non à de nouvelles rencontres. Quelques bonds plus tard, elle les avait rejoint. Salut, moi c'est Cendre. Elle était tout sauf timide. C'est qu'on se meule ici, c'est toujours comme ça ? Elle leur enviait sérieusement leur fourrure.

Les quatre valeths au sol la regardaient d'un air dénué d'hostilité mais néanmoins plutôt surpris. Ils étaient habitués à ce que personne ne vienne les aborder sur leur terrain.
Ouaip. Bienvenue sur Phos'il, répondit Tsarabhi, la main sur la hanche et un sourire en coin.
Zosh, lui, sauta de son point élevé, atterrissant à quelques mètres de la dénommée Cendre. Il se releva, tout sourire. Yo ! Moi c'est Zosh. Il s'écarta. Et là, de gauche à droite, t'as Daro...
Bonjour à toi.
Tsarabhi...
Ça boume ?
Kersh...
Yo.
Et Rini.
Saluuut !
Alors, Cendre, d'où est-ce que tu viens ?

Elle se frotta les mains pour essayer de les réchauffer. Enchantée ! Ils étaient visiblement surpris, mais pas hostile. Le leader - officiel ou non - semblait être celui qui s'était présenté comme étant Zosh. De Manooine, répondit-elle au tac au tac. C'est tout le contraire d'ici. Du sable partout, une chaleur à creuver et un vent à faire décoller un vaisseau. Rien à voir et en même temps, vu du ciel, ça avait l'air aussi désertique. Et qu'est-ce qu'on fait sur Phos'il pour tuer le temps ?

Oulah, Manooine... C'est pas la porte à côté ! Vous voyagez loin de chez vous si nos parents ont pu vous contacter.
À moins que vous considériez votre vaisseau comme votre chez-vous ! ajouta Rini.
C'est vrai ! Bon, crois-moi, on s'ennuie pas : on peut explorer la ville souterraine pour voir de bons spots et se faire une bouffe, faire de l'hoversurf sur certaines plaines - mais c'est cher... -, faire des concours de paniers réussis, mais surtout, SURTOUT... Il se tourna vers ses frères et sœurs, qui lui rendirent tous son regard complice.
Du parkour. C'est notre sport favori, dit Daro.
Ça se pratique sur Manooine ? demanda Kersh.

Elle haussa les épaules. Les deux, en vrai. Le Grabuge - elle fit un signe de tête en direction du vaisseau - est principalement un cargo, alors on va là où les marchandises vont. Une fois de temps, ils embarquait des passagers, mais c'était la même. Du parkour ? Non, jamais entendu parler, répondit Cendre, mais ses yeux pétillaient d'un intérêt non feint. Peu importe ce que c'était, ça avait l'air intéressant. Elle espérait juste que ça se pratiquait pas à quatre pattes, mais elle n'osa pas poser la question. Comment ça marche ? demanda-t-elle avant d'ajouter, et ça ressemble à quoi une ville souterraine ?

Le parkour avec un k et sans le s, en fait, c'est une discipline de course urbaine.
Tout ce que t'as à faire, c'est te déplacer en ville. Sauf qu'au lieu de marcher... tu cours !
Tu enjambes les barrières !
Tu fais des sauts périlleux pour tomber en bas !
Tu cours sur les parois !
En gênant le moins de monde possible. Zosh lui tapota le dos. Alors ? Ça te dit ? Eh, on lui montre en bas?
Sarabhi et Daro, aînés de la fratrie, se regardèrent et soupirèrent un souriant.
À Cendre : On lui montre. Ça nous changera les idées !
Yahou !

Décidément, plus elle en apprenait sur le parkour, plus elle était intéressée. Ça a l'air dangereux, répondit-elle avec les yeux brillants et un grand sourire. Elle avait des centaines de questions, mais elle se doutait que la démonstration répondrait à un grand nombre d'entre elles, elle prit son mal en patience. Chouette, dit-elle en ouvrant grand les yeux alors qu'ils descendaient, et je pourrais essayer après ? Elle était aussi casse cou dans son genre. Son truc à elle, c'était les courses de chars à voile, dans le désert. Mais elle désespérait pas de pouvoir faire des courses dans l'espace, un jour.

HRP:

HRP :

Pas si dangereux que ça une fois qu'on est bien entraîné et qu'on a une concentration de fer. Du coup, ça permet de te sortir de gros pétrins dans cette banlieue !
Le groupe et leur invitée humaine pénétra dans un tunnel menant à la fameuse cité souterraine.
On te fera essayer des spots faciles, dit Kersh, le frère cadet.
Sur notre monde, les maisons, t'en trouveras pas beaucoup de plus hautes que leur rez-de-chaussée, expliqua Sarabhi, la grande sœur. Plus pratique de plusieurs points de vue. Ça a pas empêché la Commune d'investir massivement en dessous. Tu verras !
Dis, vous avez quoi comme sports sur Manooine ?

C'était avec un enthousiasme non dissimulé qu'elle les suivit dans les souterrains en ouvrant grand les yeux. Prête à s'en mettre plein les mirettes, mais aussi parce que c'était tout de même un peu sombre là-dedans. Sur Manooine, on fait des courses de char à voiles dans les dunes, dit-elle prête à décrire un char à voile. Le record de vitesse, c'est 200km/h. C'était tout ce qu'il y avait de plus dangereux, mais la technologie les protégeait relativement bien des chutes... pas tellement des collisions, par contre.

La vache... dit Rini, la benjamine. T'en as déjà fait, toi ?
Et il y a quoi comme récompense à la clé ?
Nous, on fait du hoversurf sur les plaines enneigées. Mais pas si souvent que ça, on est pas très ricos. Dommage, car c'est trop fun !
Ouais, et jamais à titre compétitif. Une heure de sensations fortes !
Comme quand Zosh a fait un saut périlleux sur hoversurf... dit Rini, taquine mais sans une once de méchanceté.
Bah quoi ? C'était un atterrissage parfait !
Suivi d'une interdiction parfaite de le retenter à pleine vitesse...
Ils prirent à droite. En bas, une sortie lumineuse était visible, et le bruit s'intensifiait de nouveau...

Dans les vraies courses, de l'argent. Sinon, juste la gloire. Elle n'était pas assez forte pour participer aux vraies courses (et trop jeune de toute façon) mais la gloire des courses amateurs lui suffisait. Mon char à voile, il est pas aussi rapide. Ce n'était pas faute de le bricoler pour gagner le moindre kilomètre-heure. C'est cher, le hoversurf ? demanda-t-elle avec une certaine déception. Ca avait l'air intéressant comme sport.

108 crédits l'heure et par personne. Ça pique, ouais. Mais nos parents sont compréhensifs, et on cotise tous pour pouvoir tous en faire ! Certaines années on y arrive, d'autres ben...
On y est, dit Daro.

Les bas-fonds de la capitale semblaient trois fois plus grands et luminescents que la ville à la surface : hauts immeubles, rues parsemées de boutiques avec enseignes bigarrées, écrans géants et hologrammes promotionnels... et des rues qui regorgeaient d'activité et de passants, majoritairement valeths. Le groupe venait de passer d'un ciel diurne à une ambiance nocturne animée en quelques minutes à peine.

Bienvenue dans les bas-fonds !

HRP:

Pho'sil avait pas eu l'air très impressionnant sur la surface, mais sous la surface... Elle réalisa qu'elle avait la bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau. Wow, c'est magnifique ! C'était si différent de ce qu'elle connaissait sur Manooine. Elle devait définitivement demander à ses parents s'il pouvait revenir la chercher dans une semaine, ou peut-être un mois. Vous pouvez m'adopter ? Genre, juste un mois. Il y avait de la lumière partout, des couleurs et des gens. Sur Manooine, tout avait la couleur du sable. Où est-ce qu'on va ?

Toute la famille gloussa devant la demande d'adoption de Cendre.
Je sens que t'aurais eu ta place à la Capitale, ma grande ! dit Tsarabhi, la grande sœur.
L'invitée demanda ensuite vers où ils se rendaient.
On va au spot à côté du musée de la musique. C'est excellent pour les débutants avec un tant soit peu d'aptitude physique. Tu vas kiffer !

5 minutes de marche plus tard...
Le site semblait idéal pour les jeunes de la ville souhaitant s'exercer aux figures de skateboard ou de roller (des sports moins évolués, mais populaires pour les moins riches). Les obstacles, barrières et terrains élevés faisaient un très bon terrain de parkour.