Je le regarde, pas sûre s'il me prenne vraiment au sérieux. Et la raison me dépasse. " Pourquoi ? Tu m'as menti et ton coeur ne bat pas ?"
Écouter son cœur ? Vraiment ?... Et puis quoi encore ? Marcher sur le bord de la plage ?
"... Ça remonte à quand la dernière fois que t'as courtisé une femme...?"

"Généralement je n'ai pas besoin de courtiser." dit-il simplement. "Pas plus que tu n'as besoin de séduire avec des yeux pareils."

"Hmm, donc on a l'habitude de se jetter dans tes bras ?" Je reprends à marcher vers l'auberge car on se les gèle à rester debout. "C'est vrai qu'avoir une pote dragonne impressionne pas mal aussi..." J'ajoute à demi-mot, puis souris un peu. "Mais tu leurs présentes Elissa ?"

"Se jeter dans mes bras, je n'irais pas jusque là. Mais il est aisé de capter des regards intéressés et de montrer que l'intérêt est réciproque. Et non, Elissa n'est pas un trophées que j'exhibe pour conquérir des cœurs. Mais lorsqu'une femme spéciale fait son apparition, les règles sont faites pour être brisées." dit-il en l'accompagnant. Il remarque qu'elle a froid et défait sa cape pour la passer autour des épaules de la jeune femme.

"Ca fait partie du rituel non ? Protéger la femme qu'on courtise du froid."
"..."

La cape est énorme, assez lourde comparée à la mienne. J'attrape le col de mes mains pour qu'elle ne tombe pas. "Merci." J'ai toujours l'impression qu'il ne me prend pas au sérieux, mais je ne sais l'expliquer... intuition féminine ? Ou c'est juste ma tête en manque de serotonine ? Oh bon...
On avance en silence jusqu'à arriver à l'auberge. Il doit être minuit passé.
"Je retrouverai le reste de ma tête demain. Et tu retrouveras ta cape demain." Je tire un sourire fatigué. "Bonne nuit."

"J'aime quand tu as perdu ta tête. Ne te presse pas pour la retrouver." dit-il parfaitement sérieux, mais avec un sourire charmant. Après tout pourquoi ne pas profiter de l'instant présent avec cette femme étrange ? "Bonne nuit Layla."

"Pas pratique, car j'en ai besoin pour gagner des sous..." Ou au moins pour ne pas en perdre plus. Je file jusqu'à l'étage pour retrouver la chambre qui convient à la clef - la chambre 12. Une fois à l'intérieur, j'enlève mes bottines puis glisse sur le lit avec la cape.
Je me sens dormir quasi instantanément.

Caïn regarde la salle qui est désormais quasiment désertée. Autour de lui ne reste que les ivrognes et un groupe de mercenaires. Il prend le temps de les dévisager un à un. Normalement ce genre de comportement déclenche des rixes. Mais le groupe décide de détourner le regard et d'ignorer l'étrange homme aux yeux sans vie.
L'aubergiste se fait petit dans son coin, son verre brille de milles feux à force d'être astiqué.
Caïn se met en route pour sa chambre, la 13, et prépare cette dernière à subir un assaut. Enfin il se couche sur le matelas qu'il a déplacé loin du sommier.

"Bonne nuit petite."
"Bonne nuit grand."

C'est pas les rayons du soleil qui me réveillent. Ni même le boucan en bas. C'est l'odeur d'œufs aux bacons.
Je lève la tête avant de me réveiller complètement. "Awwhh..." Urg, j'ai des courbatures partout. Y a une autre odeur peu familière sur moi, et c'est la même qu'il y a sur la cape. "Huh... au fait c'est à ça que ça sert le coup de la veste ? A laisser ses phéromones sur sa proie ? Aah, fait trop tôt pour les révélations..." Je regarde la position du soleil, mais il est déjà 10h.
Je me traîne jusqu'à la salle de bain, j'en profite car y aura pas de baignoire sur la route durant les prochains jours.

Caïn est debout, lavé et habillé depuis les lueurs de l'aube. Il traine tranquillement dans la salle commune où il a pris son petit déjeuner. Il discute avec les anciens venus prendre un repas solide pour commencer leur journée. Les vieux ont des histoires intéressantes en général, enfin divertissantes pour Caïn, même si elle se ressemblent toutes désormais. Parfois l'un d'entre elle pique son intérêt et il part enquêter par curiosité. Mais ce matin rien de bien nouveau, quelques discussions autour de la fille. Une beauté pareil fait tourner les têtes et poser des questions. C'est naturel.

Une fois fini de me préparer, je prends ma luth et mon sac, j'enfile ma cape avant de quitter la chambre. J'ai toujours des courbatures, mais j'ai aussi retrouvé mon énergie habituelle. Alors, c'est qui la meilleure source d'énergie renouvelable d'Heavensaw ?

Le fait que j'ai toujours la cape de Caïn signifie qu'il est toujours, là, non ?
Et je le trouve effectivement en bas. Hah ! J'ai bien fait de la garder en otage.
Je le salue d'un grand sourire en approchant sa table. "Le soleil ne te fait pas fondre, donc ? J'en suis rassurée." Je demande à l'aubergiste mon petit-déjeuner avant de m'asseoir et de lui rendre sa cape pliée.

"Merci." dit-il en reprenant sa cape. Les anciens font une place et changent de sujet de conversation. Ils sont polis et craintifs par nature. Certains ont émis l'hypothèse qu'elle soit une sorcière.

"Il est tard." remarque-t-il ensuite. "Tu fais partie des feignants de ce monde ou c'est juste cette nuit ?"

"Désolée..." Je grimace un peu, puis bois un peu d'eau. "Je me lève tôt habituellement." La séance d'hier m'a crevée sans surprise. Et je parle ensuite à voix plus basse. "Et j'ai aussi fait un rêve trop bizarre. J'ai rêvé que je me battais contre un grizzly, et qu'à un moment il s'est juste couché par terre et a fait le mort pour que je lui lâche la grappe... ou que je l'achève pas." Mes rêves sont généralement plus héroïques sur la réalité, mais hey, tant que ça noircit mes pages...

Il réfléchit un instant à son rêve et sourit tranquillement, sincèrement. "Je comprends mieux pourquoi tu es une barde. La créativité te poursuit jusque dans tes rêves." il y a longtemps que ses rêves à lui manquent de créativité. Pendant un temps, long, il avait été hanté par tous les morts. Mais désormais ce n'est plus le cas. "Pourquoi l'ouest ?" demande-t-il ensuite.

"Tu penses ?" Je connais au moins une oniromancienne qui ne serait pas d'accord avec toi, mais elle est le genre à voir un mauvais présage partout aussi.
J'hausse l'épaule nonchalement à sa question, et mon regard est attiré par le plateau qu'on me ramène. "Apparemment, les lits sont plus duveteux et les bourses plus remplies vers l'ouest."

"Je ne sais pas. Je ne suis pas spécialiste des rêves." répond-il. En fait il avait étudié il y a longtemps, pour se débarrasser de ses cauchemars. Mais il a tout oublié depuis. Son cerveau a classé l'information comme mineure et la donc écrasé pour faire de la place à d'autres informations.

"J'ai pas souvenir que les bourses soient plus remplies. Mais pourquoi pas." dit-il simplement. Elle a sans doute une raison cachée. Ou pas. Difficile de dire avec elle.

Une fois le plateau de petit déjeuner sous le nez, je suis plus que ravie. "Ah ? T'as déjà visité ? Et c'est par où qu'on trouve des nobles à détrousser alors ? Je veux dire... légalement..." Je trouve pertinent de préciser en jetant un oeil autour de moi - en mode je suis une gentille, pas besoin de malentendu de si bon matin - avant de commencer à manger.

"Quand j'aurais une meilleure idée de ta capacité réelle en tant que barde. Je saurais où il faut t'emmener. Certains cours sont assez exigeantes. D'autres moins. Les fées sont un plus." explique l'homme qui a manifestement déjà mangé, parce qu'il ne fait pas spécialement attention à la nourriture qui passe sous ses yeux. "J'ai visité." dit-il laconique. En long large et travers.

Il parle vraiment comme quelqu'un qui a tout vu, tout conquéri. J'veux dire, pour son apparence. Ca me botte bien qu'il m'accompagne, mais j'espère qu'il s'ennuiera pas par ma faute ?
Je finis d'avaler. "J'crois pas que j'ai le temps de trop m'améliorer. Je vise tout sur mon charme, tu sais ?" Je dis en souriant, puis ajoute. "Les fées sont un petit plus, elles aident niveau illusion, ou niveau accompagnement musical... parfois elles endorment les gens aussi." Genre le gars qui m'avait isolé la dernière fois.

Il hausse un sourcil. "Je dirais plus qu'un petit plus. Mais bon c'est toi qui sait. Le charme est important, je confirme." dit-il ensuite. "J'imagine que pour les combats tu préfères la course à pied en tactique de défense ?"

"Combat?" Je prends une tartine, réfléchissant. Est-ce que j'ai un style en particulier ? La raison pour laquelle je voyage en groupe c'est justement pour éviter à réfléchir au combat, mais je sais que c'est inévitable, parfois... "Lorsqu'il n'y a pas d'issue pour la fuite, je me débrouille à l'arme blanche." Rien de fameux, et puis parfois il suffit juste d'être convaincant avec les mots pour éviter d'en arriver aux armes. "Et toi ? As-tu un style préféré ? Non, laisse-moi deviner.... hm, l'intimidation ?" Caïn a un regard assez intimidant-perturbant.

"Je ne suis pas spécialement intimidant, taille moyenne, musculature moyenne, pas de cicatrice, regard parfois qualifié d'étrange. Cela suffit pour le menu fretin. Pas pour des bandits confirmés." Il fait un signe pour montrer l'épée qui dépasse de son dos. "Je me débrouille avec ça. Ou une lance." les autres armes ne lui conviennent pas.

J'hoche la tête car j'ai déjà la bouche pleine. Une fois que je finis d'avaler, j'ajoute : "Et tu sais jouer d'un instrument ?" Je croise les jambes quand je sens une boule de poils sous mes pieds, qui monte ensuite sur le banc à côté. Je lui file un bout de mon bacon.

"Violon et flute traversière." répond-il après réflexion. C'est les deux instruments qu'il pratique encore de temps à autre. Il a abandonné le luth quand il a laissé de côté sa carrière de barde. Un chat vient quémander de la nourriture. "C'est le tien ?" demande Caïn. Peu probable, les chats ne prennent pas la route.

Hmm, j'ai l'impression qu'il essaye de faire de son mieux pour ne pas passer pour un aventurier d'exception... mais ça ne marche pas tant que ça. "Ce n'est pas le miens." Le chat prend le bout et s'en va le déguster plus loin. Hey, je n'ai même pas eu le temps de le caresser :( "J'aimerai bien t'écouter un jour." Dis-je en relevant la tête de nouveau vers Caïn. Je crois que je le comprendrai mieux ainsi.