Leif et Seifur quittèrent le camp et rejoignirent Krákagrár pour une ballade. Direction : la forêt, où se trouvait - semblait-il - l'imprenable forteresse du cousin.

Au bout d'une petite demi-heure, Seifur ne tarda pas à gigotter quelque peu sur la selle.

"Je crois que je n'aurais jamais poser mon derrière dans dans une Tesla Nevada. Il n'en a jamais oublié le souvenir, ç'a mis la barre trop haut."

Tout en parlant, il utilisait une lunette pour scruter l'horizon et les parties encore visibles de Vannstad.

Leif plisse des yeux et se tourne de moitié pour fixer Seifur d'un petit regard mauvais. Le genre qu'un lutin facétieux aurait eu sur le visage avant une farce. Ce qui ne manque pas.

"Krákagrár..." dit doucement Leif, ce qui fit aussitôt se redresser les oreilles et l'encolure du cheval. "Tölt, vite." Le trot en diagonal du cheval prend soudainement où un pied est constamment posé au sol. La conséquence directe pour Seifur est une mise en confort immédiate, comme si Krákagrár glissait dans l'air sous eux. Mais le tölt est bien plus que du confort...

Infatigable, le cheval islandais trace à toute allure entre les arbres.

Spoiler:

Il était était en train d'observer en détail ce qui devait être un ancien quartier résidentiel lorsque l'on accéléra la cadence. Baissant sa lunette en un geste de surprise, il regarda fébrilement autour de lui. Puis, baissant les yeux vers l'allure singulière de Krákagrár, il souffla.

"J'avais presque oublié leur capacité à léviter."

Repérant une feuille tombée d'un arbre dans les cheveux de son cousin, il l'en retira et ajouta.

"Ca ne pose pas de problème, à deux ?"

"Krákagrár est puissant." répond simplement Leif sans marquer une seule hésitation. Ce n'est pas la première fois que son cheval porte un deuxième cavalier, et cette fois, il n'y a pas de zombards pour leur coller au cul.

Le tölt les mène rapidement jusqu'à une petite colline nue au sommet de laquelle se dresse un arbre solitaire. Leif démonte sitôt arrivé et se ramasse sur lui-même pour sauter d'un bon mètre et attraper une corde cachée contre le tronc.

Un escalier de bois redescend avec lui. "Tu peux monter. Je m'occupe de Krákagrár." lance-t-il à son cousin en commençant à désangler...à Seifur d'être assez rapide pour descendre avant !

Un sourire illumina le visage de Seifur lorsque Leif fit descendre des escaliers de l'arbre. Il mit pied à terre et répondit d'un vague "Ein-hein." à la phrase de son cousin, ses yeux détaillant le travail du bois et les charnières.

Il resta ainsi un moment immobile à la moitié des marches, puis achèva de monter.
"Eh bien" conclut-il en parlant suffisamment fort "Joli petit nid !"

"J'aime bien !" lui hurle Leif d'en bas. Une fois Krákagrár dessellé et pansé, il range son matériel dans l'armoire créée dans le creux de l'arbre et flatte une dernière fois son cheval avant de le laisser caracoler joyeusement pour aller brouter.

En quelques prises puissantes, il a rejoint Seifur et reprend sur sa lancée. "Vue dégagée. Herbe grasse. Arbre solide, grand, creux. Parfaite planque." énumère-t-il en comptant sur ses doigts. Il dépasse son cousin pour ouvrir la fenêtre improvisée qui fixe la mer.

Lorsque Leif ouvrit les fenêtres, Seifur sortit un instant la tête dehors et inspira à plein poumon l'air marin.

"Parfaite, c'est le mot. Enfin, à condition d'avoir des fusées de détresse et un solide paratonnerre."

Il se retourna vers l'intérieur.

"Cela dit, après six mois sans avoir vu âme qui vive, je t'avouerais que je préfère encore vivre dans le brouhaha du camp. Et puis, j'adore déjà le rugissement du barrage."

Leif hausse les épaules. Il n'a ni l'un ni l'autre et s'en sort pas trop mal. Aucun zombard n'est capable de monter dans son arbre. A la mention du camp surpleuplé (à ses yeux), un long frisson le parcoure et il lance un regard hanté à son cousin. "Si tu penses que ça s'est arrangé, laisse-moi t'en détromper." Sa claustrophobie a même été exacerbée avec le manque d'habitude.

"Non, en effet, je m'attendais bien à ce qu'il en soit rien."

Il prit un bibelot dans sa main et en renifla l'odeur du bois.

"Moi aussi, j'ai peur de certaines choses, maintenant."

Un reniflement lui échappe. "C'est que tu es humain." Leif s'approche de son cousin pour lui tapoter l'épaule. "Si tu veux parler..." Son autre main s'agite dans un mouvement qui ne veut rien dire. "Et bien... tu comprends... je suis là..." Il émet un grognement dépité en se reculant. "J'ai faim. Pas toi ?" Il entreprend de fouiller son étagère en quête de deux assiettes propres.

Perdu un instant dans la contemplation de l'objet qu'il tenait en main, il le reposa et regarda Leif droit dans les yeux, avec un imperceptible hochement de tête. Il serra la main de son cousin, sur son épaule, puis ce leva.

"Eh bien, j'ai pour ainsi dire vomi mon seul repas en 48 heures, donc je pourrai sans doute manger un humain plus vite qu'un zombar."

Son ton était toujours morne, mais il avait à présent plus d'entrain dans l'œil.

Leif grimace à l'humour noir, et surtout graphique. "Je n'ai que du sanglier à te proposer." Il se lève attraper des tranches fumées qu'il tend à son cousin. "Grignote le temps que je prépare un ragoût. J'ai aussi des champignons des bois." Un sourire étire ses lèvres en coin. "Comestibles, promis."

Comme pour illustrer les propos de Leif, Seifur tomba nez à nez avec un gros bocal rempli de champignons séchés. Il souleva le couvercle, en pinça un et le jeta dans sa bouche. Ca croustillait.

"Hum : et qu'en est-il des insectes ? On nous les avait promis comme étant la nourriture du futur. A part la mode des barres protéinées dans les salles de sport, on attend toujours. Pourtant, ça serait le moment idéal..."

Du coin de l'oeil, Leif vérifie que Seifur ne touche pas au bocal pour les gnomes. Si ça avait été un autre que son cousin, il aurait pu lui sauter dessus. Il a du mal à partager son espace maintenant, surtout quand la cabane lui semble trop petite pour deux.

Il se concentre plutôt sur sa cuisine, en ouvrant l'auvent sur le toit qui lui permet de ne pas enfumer sa "maison". Il s'échine ensuite à rallumer le foyer avant d'y poser une marmite de camping. Ses sourcils se froncent de confusion à la question de Seifur. "Et comment on les attraperait ? Enfin, suffisamment pour se nourrir."

Le regard de Seifur se baladait dans la cabane. Lorsque Leif eut le dos tourné, il en profita pour se renifler. Après 48 heures passées en quarantaine et 6 de plus en entretien, le résultat était prévisible.

"Ma foi, j'imagine qu'il y a plein de techniques pour ça. Des lombricompostes, pour commencer. Des fourmilières artificielles, des couveuses... Je me souviens encore de ce type qui avait rempli des silos entiers de tiques, c'était passé aux infos il y a... je sais plus."

La cabane sent tellement le cheval, la viande séchée, et encore par moment, pour les nez sensibles, les fientes de macareux - même s'il nettoie pendant des heures quand son idiot s'oublie ! que Leif ne se rend même pas compte de l'odeur.

"Des lombricompostes..." répète-t-il avec un air amusé. Il n'est clairement plus habitué à entendre ce genre de vocabulaire. "Tu n'as qu'à t'y lancer. Si ça marche, j'en installerai autour de l'arbre." Il n'ose jamais vraiment dire maison à voix haute. Cela donne trop de poids à la situation.

"C'est d'un brownie dont j'aurais bien envie, plutôt que des insectes." dit-il subitement.

A l'évocation de la pâtisserie, Seifur lâcha un "Hum..." évocateur, hochant largement la tête.

"On n'est jamais vraiment sevrés du chocolat."

Il ferma un instant les yeux, songeur.

"Trouver des fèves de cacao dans cette partie du monde risque d'être compliqué. Mais, si j'étais toi, je ne perdrais pas espoir. Je suis sûr que les zombies font des stocks qu'ils gardent bien cachés dans des grottes. Sinon, pourquoi auraient-ils une dégaine de pirate ?"