Ca faisait quelques années que Moira accompagnait des aventuriers aux quatre coins d’Heavensaw. Chaque troupe avait besoin d’au moins un soigneur et ses coéquipiers étaient trop contents qu’elle puisse identifier les sorts, sortilèges et autres malédictions qu’ils croisaient.

Sa dernière aventure s’était très bien déroulée et avait rapporté à chacun des membres de l’expédition un joli magot en or, pierres précieuses et bijoux. Du moins, avant que la totalité ne s’envole mystérieusement (ou pas si mystérieusement, vu que l’un d'eux avait aussi disparu). Moira et ses coéquipiers l’avaient très mal pris et étaient partis à la recherche du gredin, puis les autres se découragèrent et conclurent que leur voleur était déjà loin et qu’ils feraient mieux de passer à autre chose. Moira, elle, refusait de lâcher l’affaire.

Toutefois, la détermination c’est très bien, mais ça ne l'avançait pas énormément. Jusque là, personne n’avait vu d’individu correspondant à la description qu’elle leur donnait ou possédant une quantité étonnante de richesses. Il était doué. Mais la chance finit par lui sourire lors d’une halte dans une auberge. Un filet de magie très reconnaissable vint lui chatouiller les sens. Les traits de l’individu dont il émanait ne lui disaient rien, mais elle soupçonnait qu’elle venait tout de même de faire mouche. L’air de rien, elle s’avança vers la table de son suspect :

« Est-ce que cette chaise est réservée ? »

Hydromel doux posé devant lui, l'elfe semble rêveur et ne guère porter d'attention à ce qui l'entoure. Jusqu'à ce qu'une demoiselle ne l'aborde. Oh, ce n'est que pour la chaise. Que son visage lui soit connu ou non, son regard d'ambre se lève vers elle. Reflétant dans l'or rougeoyant le même sourire espiègle que sur ses lèvres.

Cela dépend, c'est pour rester sur place ou à emporter ?

La tête de son vis-à-vis lui était décidément parfaitement étrangère. Mais d’autres sens que la vue continuaient d’affirmer qu’elle avait trouvé son voleur. Il avait dû changer de tête pour échapper à leurs recherches. Ou il avait changé de tête pour se mêler à eux et arborait à nouveau son vrai visage. Ou pas. Quoi qu’il en soit, elle comptait bien creuser. Elle fit mine de regarder autour d’elle. « Je trouve cette chaise très bien là où elle est, pas besoin de la déplacer. »