"Ouaf ! Ouh-ouaf !" aboit Eyra, la chienne d'Ina tandis que cette dernière gribouille sur son bloc de dessin.
Le ciel est bleu, l'air est doux (probablement 12°C, pas mal pour la mi-février), les familles jouent, les canards cancanent, bref tout le monde profite du parc de la capitale norvégienne, idéal pour lui inspirer l'ambiance de sa toute première BD : Voyage en Álfheim. D'abord un arbre, puis la forêt et enfin les personnages minuscules au milieu de la vallée verdoyantes des Alfes lumineux.
La jeune fille, le visage cachée par des mèches noires, est tellement accaparée par son dessin qu'elle ne remarque pas le ballon juste à un mètre d'elle.

Elio avait commencé à ouvrir son sac lorsqu’il repéra un endroit plus inspirant plus loin. Il s’y dirigea donc tranquillement, mais repéra en chemin les dessins d’une demoiselle. Involontairement concentré par ce qu’il apercevait par dessus l’épaule de la fille, il ne se rendit pas trop compte qu’il continuait d’avancer et il mit le pied sur un ballon et surprise! Il se retrouva allongé au sol dans un fracas, ses carnets et ses crayons ayant glissés hors du sac resté ouvert.

Un grand "boum" tire la jeune dessinatrice de son croquis.
"Har du det bra, sir?"
Eyra, la petite Shiba Inu, les rejoint, intriguée par le ballon.

*"Vous allez bien, monsieur ?" en norvégien

Elio releva la tête juste à temps pour voir des lèvres bouger. Cependant, elles ne faisaient aucun sens. Oui, c’est vrai, le norvégien. Il la regarda un peu perdu et légèrement rouge de honte avant de se retrouver à genoux. Il secoua négativement la tête pour indiquer qu’il n’a rien -en espérant que cela corresponde à ce qu’elle a dit- puis il se mit à ramasser le contenu de son sac.

Il ne lui répond pas, il est sans doute étranger, se dit Ina.
"Are you a foreigner, sir? May I help you?*"

* "êtes-vous étranger, monsieur ? Puis-je vous aider" en anglais cette fois

Il releva la tête en remarquant qu’elle semblait parler de nouveau. Il ne capta pas tout, mais la fin semblait avoir plus de sens. Elle parlait bien d’aide? Il fit non de la tête puis, ramassant un carnet, eut une idée. Il écrivit quelque chose et déchira le morceau qu’il plia en deux.

Il termina de ramasser et se releva pour remettre le papier d’un air neutre à la demoiselle et il commença à s’éloigné, gêné, avant qu’elle ne l’ouvre.

« You draw very well » avait-il inscrit dessus

*vous dessinez vraiment bien

Ina rougit de gêne face à ce compliment inattendu. Naturellement, on le lui a déjà dit mais l'entendre d'un jeune et sympathique inconnu rencontré dans un parc ne lui était encore jamais arrivée, surtout que c'était son premier élan de communication.
"Thank you.*"

* y a-t-il besoin que je traduise ? "merci" en anglais

Ayant déjà tourné le dos à ce moment, Elio ne réagit pas au remerciement, ne pouvant l’entendre. Il continua son chemin et s’installa un peu plus loin, au pied d’un arbre. Il sortit son carnet pour l’ouvrir sur un dessin à moitié entamé lorsqu’il sursauta, remarquant une chienne assise près de lui qui chercha à renifler son cahier… Elle l’avait suivit? Il l’avait vu plus tôt lorsqu’il était tombé. Il leva la tête, se demandant qui était le ou la propriétaire….

Ah, il ne répond pas. On dirait qu'il ne m'écoute pas. Tant pis.
Ina retourne à son dessin fantastique, oubliant de surveiller sa chienne qui devait batifoler ailleurs. Quoi qu'il fallait qu'elle la surveille un peu… Elle cherche alors l'animal canin du regard. Ce dernier est occupé à chercher le contact avec le même jeune homme de tout à l'heure. Leurs regards se croisent alors, de nouveau. Ina reste figée sur place une seconde avant de détourner le regard, gênée.

Le chien se faisant insistant, Elio fini par lui caresser la tête avant de lever de nouveau le regard. Il fini par en croiser un et reconnu la demoiselle qu’il avait osé complimenter plus tôt. Il rougit un peu et la regarda détourner le regard. Le mot « mignonne » traversa alors son esprit. Il secoua la tête et reporta son attention sur le chien qui semblait maintenant vouloir le pousser vers une direction avec sa tête. Cependant, le garçon resta sur place, pour chercher à nouveau le propriétaire des yeux

La dite-propriétaire s'était levée pour tirer l'étranger du museau de son terriblement adorable Shiba Inu.
"La ham være i fred, Eyra*," murmure-t-elle à sa chienne. J'espère qu'elle ne vous dérange pas, monsieur. Je vais vous en débarrasser si c'est le cas."

* "Laisse-le tranquille, Eyra" en norvégien
° en anglais dans le texte

Il vit la demoiselle s’approcher pour s’interposer entre la chienne et lui et il comprit rapidement qu’elle était celle qu’il cherchait. À sa question, il fit non de la tête puis il leva les mains pour ajouter un commentaire, mais s’arrêta net et les redescendit, hésitant. S’il signe, non seulement elle ne comprendra pas, mais elle partira probablement, malaisée.

Il rougit légèrement et s’empara plutôt de son carnet à dessins pour y écrire et le montrer.

« Elle semble gentille »

Était-il sourd pour répondre par écrit ? C'est peut-être pour ça qu'il l'a ignorée tout à l'heure. Sous le coup de la surprise, elle balbutia un peu.
"Elle(elle l'est ! Très gentille. Tu peux jouer avec elle ou la câliner."
En parlant, elle tenta un mime maladroit du lancer de bâton et de la papouille.

Un soupçon d’inquiétude le traversa, mais elle ne sembla pas afficher un air empli de jugement, ce qui le rassura quelque peu. Il afficha même un tout petit sourire à la voir mimer ce qu’elle disais.

Il pointa alors ses propres yeux, puis ses propres lèvre et ensuite la demoiselle. Espérons qu’elle comprenne ainsi qu’il lui suffit de parler clairement et visiblement…

Ina comprit.
"Veux-tu jouer… avec elle ?"
Eyra attendait à côté, focalisée sur le jeune américain.

Il pu très bien lire les lèvres cette fois. Il leva les main par réflexe pour se mettre à signer puis s’arrêta avant de juste hocher doucement la tête. N’ayant pas d’animal de compagnie, il avait rarement cette occasion, mais il ne savait pas exactement comment jouer avec la chienne non plus.

Il fini par prendre son carnet pour écrire.

« Comment on peut jouer? »

Ina alla à son sac pour sortir… une balle et de quoi faire des bulles.
"Elle aime chasser les bulles."
Le vocabulaire anglais est très simple mais Ina pourrait parler davantage. Elle avait aperçu l'ébauche de son interlocuteur et était curieuse de voir son travail. Elle voulait le complimenter et l'encourager mais sa question laisse entendre qu'il n'a sans doute que peu côtoyer de chien. Ce serait une nouvelle expérience pour lui, un cadeau.

Elio eut une légère mine surprise à la mention des bulles. C’est vrai que si les enfants et les chiens se ressemblent parfois, il est logique que les chiens aiment les bulles. Il s’empara des outil fournis par la demoiselle et souffla un premier coup de bulles qui enchanta le chien. Il en souffla un deuxième coup, mais cette fois le vent les poussa jusqu’au visage de la fille pour s’y déposer ou éclater.

Elio afficha rapidement un air désolé et signa le mot « désolé » par instinct, oubliant momentanément qu’elle pouvait ne pas comprendre.

Ina sourit en chassant les bulles de son visage tandis qu'Eyra sautillait pour lécher les traces d'eau. Dans son regard, on pouvait y lire "il n'y a pas de mal" dans toutes les langues.

Elio la trouva momentanément encore plus mignonne à sa réaction… Ahem.. Il reporta son regard sur la chienne et lui lança de nouveau des bulles. Beaucoup de bulles pour l’occuper un court instant durant lequel il reprit son carnet et son crayon. Il hésita un moment. Il avait comme envie de faire la conversation, mais une certaine timidité s’emparait de lui. Quoi écrire?

« vous êtes en voyage vous aussi? »

Il fini par montrer la question après avoir soufflé une autre série de bulles.

Ina secoua négativement la tête. Elle désigne son cœur puis la ville : elle vit ici. La norvégienne prit son crayon et se permit d'écrire sur le dit carnet.
"Je suis née ici mais mon dernier voyage au Japon remonte à l'année dernière."
Ina jappait d'excitation à côté.

Elio la laissa prendre le crayon et le carnet. Tant qu’elle ne s’amusait pas à tourner les pages pour révéler ses croquis, ça allait. Heureusement, elle ne fit qu’écrire. ainsi, ses trait asiatiques ne définissaient pas sa nativité. Il regarda ses doux trait quelques secondes avant de reprendre le carnet, espérant ne pas l’avoir gênée de son regard.

« Vous connaissez donc les bons endroits à visiter? »

Écrivit-il à la suite. Parfois, les plus beaux endroits étaient les moins touristiques.

Lorsqu'Ina finit d'écrire, elle surprit le regard intense du jeune homme et cacha sa gêne en écrivant à son tour :
"Aimes-tu le bateau ?"
Oslo est après tout une ville côtière.

Il regarda la question et ensuite la demoiselle en hochant doucement la tête. Un léger sourire sur les lèvres.

« Tu proposes une croisière? »

Ajouta-t-il à la suite. Il se demandait ce qu’elle allait proposer. Il en profita pour caresse la tête du chien en quête d’affection.

La chienne se laissa caresser très facilement par l'étranger de l'Ouest. Ina hocha la tête et regarda sur son téléphone la croisière la plus proche. Deux minutes plus tard, elle tend son téléphone pour montrer une promenade en bateau dans moins d'une heure à partir d'un port accessible en bus.