"Major ! Venez voir !"

Erwin Smith mit pied à terre à l'appel d'un de ses soldats, alarmé par le ton urgent et fébrile. En pleine forêt, en dehors des murs, ils n'étaient pas à l'abris de tomber sur un déviant même si les risques étaient plus faibles la nuit tombée.

"Vous croyez que s'en est une autre major ?" réitéra le soldat en éclairant de sa torche la forme inconsciente.

Erwin pencha sa large silhouette pour observer de plus près la femme aux cheveux rougeâtre si étrangement vêtue, bien que son regard sur surtout attiré sur le bras métallique qui brillait de milles feux sous la lumière.

"Il y a des chances. On va la ramener au QG et l'interroger quand elle sera revenue à elle."

Car l'incongrue rouquine n'était pas la première étrangère que le Bataillon d'Exploration retrouvait au milieu de nul part. Ces inconnus – les apatrides – restaient le plus souvent sous le secret le temps qu'ils décident quoi faire d'eux.

"Et faîtes-moi venir Siegfried quand on sera rentré" conclu le commandant en se remettant en selle.

Sur le chemin du retour la patrouille du major Erwin trouva une autre apatride, tout aussi differente des autres. Celle-ci s'appelait Maureen, portait une robe noire en dentelle et avait la peau aussi foncé que... de la boue après la pluie*. Beaucoup n'avaient pas meilleure description. Imperturbable, la jeune femme les toisait sans broncher.
"Qui êtes-vous tous ?"
La mutante était prête à les harceler de ses illusions s'ils osaient la toucher.

*Hrp:

Siegfried, pendu la tête en bas au dessus de ses hommes, supervisait l'ascension de la troisième plateforme de ce qui devait-être le prochain relais en zone hostile. A la tête d'une escouade d'apatrides ayant choisi de rejoindre le bataillon il avait été chargé d'utiliser leurs aptitudes peu orthodoxes pour apporter de nouvelles solutions dans la lutte contre les titans. Sergent Levir! Un messager du Major. Ils en ont trouvé deux autres. Et une des deux fait des siennes.

Le réveil de la rousse fut.... remarqué. "MAIS J'SUIS OÙ BORDEL DE MERDE ??! avait-elle hurlé, encore à moitié saoule, en remarquant 1. des arbres (choses rarissimes sur Manooine, du moins pas des comme ça) et 2. des animaux quadrupèdes inconnus que des humanoïdes montaient. La nervosité soudaine face aux-dits humanoïdes armés, à tout les cours des militaires vu l'uniforme identique, l'obligea à sortir une arme à feu plus pour se rassurer que les menacer. "J'suis où ?? Et faîtes-moi arrêter ce truc !" La tenue chaotique de la carriole où elle se tenait debout n'aidait pas ses nausées.

Maureen faisait le point : elle ignorait où elle se trouvait, ni comment elle y était venue ; ces gens avaient des chevaux, potentiellement une idée de leur localisation et un toit si elle avait la chance. Les bois inconnus ce n'était pas son truc, elle était plutôt du genre sorcière moderne des villes.
Elle écouta le major Erwin se présenter.
Des "titans" ? Où est-ce que je suis ?
"Ces titans ne m'effraient pas mais j'accepte de vous suivre."

Sieg filait entre les arbres à toute allure. Il savait à quel point cela pouvait dégénérer vite avec certains. Il avait vu passer des mutants, des soldats d'une époque trop avancée, des chevaliers en armures... Même un mage (qui s'était fait croquer un peu vite), même si son esprit rationnel refusait encore d'admettre cette idée. Il finit par arriver en vue d'un chariot où un rouquine braquait un flingue beaucoup trop moderne et s'y posa en souplesse. Évitons les coups de feu... Ça pourrait attirer plus d'attention que nécessaire.

"Putain de !" fut tout ce qu'arriva à dire l'excitée quand un autre gus tomba du ciel sous son nez ! Littéralement ! Et aucune navette au-dessus de lui qui aurait pu le lâcher. "J'compte buter personne mais j'me laisserai pas descendre sans rien" le prévient Ash une fois le choc passé. "J'suis où et à quelle armée vous appartenez ? Et pas d'entourloupes !" C'était d'ailleurs ironiquement assez drôle de demander à une personne d'être honnête dans ses réponses, sur Manooine les choses ne se passaient pas vraiment comme ça... ou rarement.

Secteur de Karanese, à un jour et demi de cheval du Disctrict. Armée humaine, Bataillon d'exploration. Et au passage dans un monde parallèle au tiens, ou un univers parallèle. Je suis pas bien sur parce que personne n'a entendu parler des théories quantiques ici. D'autres questions? Ah, oui, et si tu ne range pas cette arme, je devrais t'en délester, on a vraiment pas besoin d'attirer plus d'attention ici. Cette dernière phrase s'était accompagnée d'une main tendue.

Maureen monta donc dans un chariot.

"Tu devrais l'écouter, l'agitée, lança la Mambo en relevant sa capuche. Ne sais-tu pas que les armes ont tendance à empirer les situations ? S'ils avaient voulu t'emprisonner, ils t'auraient retiré ton joujou."
Ils sont nigauds. Si des coups de feu attireraient les titans, ils auraient dû le lui retirer d'entrée de jeu.

* à lire avec la voix de Crazybomb

La basanée avait touché un point juste... pas pour les situations qui empiraient - elle connaissait, merci - mais comme quoi on lui avait laissé son flingue. "Je le garde" fixa-t-elle le rouquin tombé du ciel en rangeant son arme dans sa ceinture. "Si tu m'fais rien, j'te fais rien. Deal ?" Premier point. "Et de quoi tu me chies d'univers parallèles ?? Tu voyages jamais hors de ta planète ?" Putain de second de point.

La vérité c'est que la plupart des originaires de ce monde ne sont pas familier avec les armes de petit calibre. Mais je n'ai aucun besoin de le prendre si j'ai la promesse qu'il ne servira pas contre un humain ou une autre. Il pointa du pouce un shreek qui planait au dessus. Et pour répondre à ta question, non. Là d'où je viens le voyage interplanétaire est limité à une élite d'une vingtaine de personne. Au fait, moi c'est Siegfried, c'est moi qui vais m'occuper de vous.

Super un idéaliste... pense Maureen devant la naïveté de l'homme à croire que laisser son arme à feu à l'autre excitée allait restreindre le risque. Le meilleur moyen d'être en sécurité est d'être la seule à avoir une arme (sa mutation), les autres sont trop des enfants inconscients du bon parti (le sien).
Mais comme il manque des informations cruciales à la Mambo sur où elle est, elle décide de faire profil bas, d'observer le temps de savoir.
"Je serais mieux sans."

La présence même lointaine du shreek au-dessus d'elle avait bien plus de valeur que le blabla bien pensant de l'autre rouquin - JAMAIS tu donnes ton arme à quelqu'un bordel ! - et le sentiment qu'il disait vrai sur le voyage interplanétaire limitait les risques qu'elle s'en serve (de l'arme, pas du rouquin... quoique...). "Moi je marche avec vous. Vous êtes bien trop armés et nombreux pour me dire que le terrain est sûr... et j'sais toujours pas ce qui m'attend ici." Puis les deux neurones qui avaient survécu toutes ces années sous les soleils de Norys se rattrapèrent enfin. "Minute, t'es pas d'ici non plus Poupette ?"

D'après sa tenue, je dirais qu'elle vient d'un monde similaire au mien. Amérique du nord ou Irlande... On a remarqué que les apatrides viennent de seulement cinq ou six réalités alternatives différentes. Il se redressa pour observer le ciel. J'ai l'impression qu'on va avoir un peu de tranquillité. Je vous explique rapidement. Nous somme sur un territoire sauvage, en direction de la seule enclave humaine connue. Ici c'est le territoire des titans, des humanoïdes géants assez dangereux. Et surtout difficiles à tuer.

Maureen a levé un sourcil en entendant le surnom de "poupette" mais n'a rien répondu puisque Monsieur le chef s'est empressé de déverser sa science. L'Irlande, sérieusement ? J'ai autant d'accent états-uniens que toi. Maintenant, il nous sort son pitch de postapocalyptique. Je me demande à quoi ressemblent ces fameux titans et si mon pouvoir peut les atteindre. Prenons le max d'info pour l'instant.
"Difficile à tuer mais il est possible de les tuer, n'est-ce pas ?"