Rappel du premier message :

Il faisait bon vivre à l'orphelinat Kryl'ya ubezhishcha, bien plus que dans la maison sordide où avait vécu Ruf la moitié de sa triste vie. La fillette avait maintenant onze ans et s'appliquait à être une bonne petite. Discrète, elle jouait et étudiait paisiblement. Elle faisait attention à ne pas salir ou abîmer ses vêtements. Ses cheveux noirs étaient impeccablement coiffés et ses yeux bleus faisaient chavirer la cœur des adultes qui la côtoyaient.

Il y avait juste deux petits problèmes, elle était extrêmement timide et craintive mais surtout, elle ne voulait être adoptée par PERSONNE d'autre que Martha, la femme qui l'avait protégée de la rue. Quand de potentiels candidats venaient choisir leur nouvelle progéniture à élever, la fillette baissait les yeux et ne bougeait pas, passant pour malade ou étrange.

Avec les autres enfants de son âge, Ruf était toujours très timide. Avec les enfants plus jeunes qu'elle, elle se comportait en maman, du moins ceux qui voulaient bien la laisser faire.

Ruf ne se sentait pas bien du tout. Un voile glacé empoigna son cœur. La petite orpheline se mit à réciter dans sa tête les prières qui lui donnaient du courage.
"Quoi donc ?"

Ruf ne comprenait pas non plus de quoi il était question. Elle ne savait pas réagir ou quoi faire. Elle était honorée qu'Aleko se confie à elle et cherchait la meilleure solution. Le problème étant qu'elle ne connaissait rien du phénomène en question. Est-ce que le père Valentino se punissait ? Si oui, pour une bonne raison ? Ou un « démon menteur » comme disait Martha chaque fois que Ruf paniquait quand elle échouait à être une bonne petite sans défaut ?

Pendant que les deux filles échangeaient un secret, la petite Dama en profita pour piquer le pain d'Aleko et le cacher sous sa robe. Elle n'avait plus spécialement faim mais il fallait toujours se préparer pour l'hiver. Hélas pour elle, Aleko la remarqua et la gronda (en essayant d'utiliser les mêmes mots que Ruf utilise parfois), et elle reprit son pain pour en manger (réalisant qu'elle avait fail finnalement).

"Nous ferons mieux d'oublier. Tu te sens mieux ? Si jamais, nous en parlerons à Marta."
Le père Valentino était un adulte, il pouvait faire ce qu'il voulait tant que ça n'impliquait pas Aleko, du moins Ruf se disait cela pour oublier ce problème. Aleko semblait avoir retrouvé son appétit.

Aleko avait raison, Ruf était si préoccupée qu'elle oubliait de savourer son assiette de nourriture si douce. Elle laissa son amie se servir puis fit de même, un petit sourire aux lèvres.
C'était beau un repas partagé avec des amis riants près du foyer.