En 262 après la Brèche, Isotier était un nid à aventuriers maritimes de tout poil, du plus noble au plus crasseuse. Les seigneurs nains comme les rejetons d'elfes noirs se côtoyaient dans un souci d'intérêt jaloux, espérant que la mer emporte définitivement l'autre.
Loin de ces idées, Than vivait sa vie comme un chat sauvage.

L'elfette noire de tout juste huit ans, avait le corps élancé et musclé par ses cabrioles, des yeux lavande vifs et une belle chevelure d'argent, ce jour-là noué en une unique tresse sauvage. Elle avait échappé sans trop de mal à sa mère, une dénommée Sarath. Cette dernière, probablement occupée par la gestion de son lupanar, ne se doutait pas que sa fille avait eu l'insouciance d'embarquer sur un navire de bonne facture, lourdement chargé d'armures et de nains dedans.

Pour l'instant discrète, la gamine observait le pont du bateau depuis le bastingage.

Je suis presque aussi grande qu'eux ! Qu'est-ce qu'ils font ?

Maîwenn et une délégation avaient été envoyé par le roi nain, son père, à Isotier. De nombreux clans avaient pris part au voyage, et selon ce dernier, il était IMPORTANT que le clan des ürrguls soient représenté sur ce bateau afin qu'en cas d'une découverte importante, surtout si elle pouvait rapporter de l'argent, le clan se taille une part du gâteau et ne laisse pas les autres tout avoir.
Pour l'instant, ils venaient tout juste d'embarquer et visiblement le roi des ürrguls n'était pas le seul à avoir eu cette idée, l'embarcation était remplie de délégations naines.

L'oeil affûté de l'elfette scruta toute cette foule, leurs habits, les objets qu'ils manipulaient, l'humeur sur le peau de visage que leur barbe ne recouvrait pas. L'oreille affûtée de l'elfette écouta leurs conversations, analysa leur timbre de voix. Le nez affûté de l'elfette renifla même leur odeur (nauséabonde) avant que la main affûtée de l'elfette ne recouvre la bouche aff-- (ok, j'arrête) pour ne pas donner à manger aux mouettes.

Une fois tout ce beau monde monté à bord, le bateau ne mis pas longtemps à larguer les amarres. Il était maintenant trop tard pour reculer, et Maïwenn allait devoir SUPPORTER ces hauts personnages au caractère fort durant de longs moments. Encore heureux, elle n'avait pas (encore) aperçu d'elfe dans l'embarcation.
De toute façon, elle serait fixée sur les personnes ayant embarqués lors du premier repas du soir.

La future chasseresse de dragons ne réalisait pas que le bateau quittait le port. De toute façon, cette idée ne l'aurait pas effrayée. Il lui suffirait de couler le bateau et de repartir à la nage pour rentrer. Quoi ? Si, elle peut le faire ! Pour économiser son énergie, le chaton s'était assise tranquillement et ne bougeait pas d'un pouce, plus tendue qu'un ressort. Ces bonhommes avaient beau l'air différents, ils ne semblaient pas plus rigolos que les visiteurs du lupanar.

Vite chacun trouva sa place surle bateau. Chaque clan avait réussi à se dégoter un coin où s'installer sans trop avoir affaires aux autres. Maïwenn savait que dès les premières gouttes d'hydromel bues, cette défiance serait vite effacée.
Son clan venait tout juste de défaire toute ses affaires que le cuistot du bateau les appela tous sur le pont afin de partager un premier repas sous le ciel clair. Les matelots avaient installé de longues tablées qui ne tarderaient par à s'emplir de mets délicieux !

- Venez, allons nous installer en bout de table histoire de bien voir qui est venu !

Beaucoup de nourritures ici, et bonnes en plus de cela ! Than se léchait les babines et avait bien envie de quitter son poste d'observation pour se frotter à la bleusaille. C'était pas comme s'ils lui faisait peur. La petite se plaça en bout de table, pas celui occupée par ce qui semblai une matrone mais l'autre bout de table.

Tout le monde prit place autour de la table qui se couvrit de plats tous plus appétissants les uns que les autres. Maïwenn ne tarda pas à mettre les mains dans les plats, arrachant un cuissot de gigot par ci, un morceau de poulet par là. Son appétit n'était pas à déplorer.
Rapidement, et comme mû par une tradition, les chefs des délégations se mirent à raconter les aventures qu'ils rencontraient sur les chemins d'Heavensaw. Les elfes et les gobelins étaient les créatures qui paraissaient sans cesse dans ces récits.
Maïwenn savait que son tour viendrait, mais elle se délectait pour l'instant des histoires de ses camarades.

Les nains racontaient des histoires intéressantes car très différentes de ce que Than pouvait entendre dans la rue près du bordel de sa mère ou des marchés aux poissons. La petite adorait quand un pêcheur racontait sa rencontre avec un dragon des mers et ces nains-là avaient testé leurs fers directement sur leur peau écailleuse.
Ouah...

Son congénère avait réussi à impressionner Maïwenn avec son histoire de dragon des mers...quoiqu'elle le soupçonnait d'enjoliver la vérité. En jetant rapidement un oeil aux autres, elle pu remarquer que tous avaient été captivés. C'est d'ailleurs peut être pour cela qu'aucun, même pas notre princesse, ne remarqua l'elfette parmi eux.
Lorsque l'autre nain termina son histoire, il se tourna vers elle pour lui donner la parole :
- J'hésite... Est-ce que je vous raconte cette fois où j'ai pu exterminer une bande FOURBES d'elfes noirs ou cette bataille contre les orcs pilleurs de galerie...

"Celle sur les elfes !" lança Than avant de se cacher sous la table, espérant que les nains racontassent sans se douter de sa présence de FOURBE elfe noire en devenir. C'était forcément une histoire enjolivée - on ne peut pas tuer d'elfes noirs si facilement - mais la petite pensait tiré un enseignement de cette histoire.

Maïwenn entendit que son histoire sur les elfes était demandée. Elle n'avait pas saisi d'où venait la voix mais elle se racla la gorge attendant que tout le monde l'écoute. Quand le silence arriva à peu près dans l'assistance elle commença :
- C'était maintenant il y a quelques temps, alors que nous sortions de nos montagnes pour aller commercer avec nos voisins les hommes, voilà qu'une personne nous accoste prétendant s'intéresser à notre marchandise. Il s'agissait en fait d'un ELFE qui bien vite a rameuté toute sa troupe pour nous attaquer... On était dans de beaux draps.

Ohlala, pauvres marchands cupides alcooliques bagarreurs ! Pauvres d'eux !
L'assistance attendait la suite avec impatient, Than comprise. Combien étaient-ils ? D'où venaient-ils ? Quelles armes avaient-ils sur eux ? Venaient-ils des Enfers ou d'un patelin paumé ou encore d'un égout près de la mer comme Isotier ?

Maïwenn sentait le monde pendu à ses lèvres.

- Bientôt ils nous avaient encerclés et je me souviens d'avoir eu cette impression que nous ne nous en sortirions jamais. Ils paraissaient si nombreux. Evidement, jamais le clan Della'Robia ne fuira devant une telle engeance et c'est pourquoi nous sortîmes rapidement nos haches et marteaux. Le combat fut rude et acharné. Je me souviens que ces lâches tentaient de nous tomber à plusieurs à la fois dessus. Nous étions face à une marée de peaux grises...

Mais c'était vague, à croire que ça avait été totalement inventé.
"Et ensuite ? Comment vous avez gagné ?" dit Than avec sa plus grosse voix d'imitation de naine.

La naine n'arrivait pas à repérer la personne si interessée par son récit mais cela la flattait de savoir qu'on voulait connaître l'issue de la bataille :

- De la seule manière que cela peut terminer pour des Della'Robia ! Nous avons fini par réussir à les mettre en DEROUTE, je ne serai pas là pour vous raconter cela sinon !

Maïwenn balaya l'assistance du regard, mettant au défi quiconque de contredire son récit ou de douter de la véracité de ses propos.

Hum, toujours pas convaincue !
Than sortit furtivement par un autre coin de la table et ce n'était pas facile avec ces nains taillés comme des troncs d'arbre massif mais rien n'était impossible pour ces fourbes elfes noirs.
"Et t'as récupéré une babiole de cette "marée" ?!"

Son interlocuteur semblait l'assaillir de toutes parts. Maïwenn était même persuadée d'avoir à faire à plusieurs nains beaucoup trop sceptiques à son goût ... !
Mais par chance, Maïwenn avait gardé de cette escarmouche un poignard au manche travaillé par un grand forgeron. Un motif doré tel un soleil sortait de la garde. Fière, la naine l'exhiba :
- A TOI de voir ! M'est avis qu'ils l'avaient volé !
Ne sachant trop à qui elle s'adressait elle l'envoya au milieu de la tablée.

Un beau poignard… Un poignard fait pour être volé par un fourbe elfe noir. Than ne résista guère à la tentation de surgit au milieu de la table en évitant les chopes gluantes et les assiettes crasses.
"Ce poignard que vous avez volé, me revient donc de droit !"
Et sans attendre, elle s'élance vers un casque pour rebondir dessus et filer vers les cordages où ses balourds bien plus lourds qu'elle ne ferait pas long feu (surtout qu'elle a un poignard pour couper…).

Alors pour sûr que Maïwenn ne s'attendait pas DU TOUT à ce qui allait arriver. Voilà qu'une jeune traîtresse avait bondi sur son poignard afin de le dérober et avait profité de la surprise générale pour filer dans les cordage.
- Rattrapez la tout de suite !
Ca ce fut l'ordre que lança la naine tout en essayant de se dégager de son siège. Ce ne fut pas chose facile, il faut dire qu'avec la nourriture ingurgitée ainsi que les quelques pintes d'hydromel bues ses capacités étaient altérées.

"Héhé !" lance la perfide créature au groupe des nains imbibés d'alcool et de gras. Ils se targuent de descendre des elfes mercenaires et adultes mais à l'heure du repas, même leur avorton les terrasseraient !
Le poignard entre les dents, l'elfette se préparait à éviter les tirs que de balourds nains jetteraient probablement sur elle.

Maïwenn réussit enfin à décoller ses fesses du siège qu'elle occupait. Ses hommes eux avaient tout simplement abandonnés l'idée de se lever et essayaient tant bien que mal de rendre la fuite de l'elfe difficile en lançant assiettes et couverts en direction de l'ennemie. M'enfin vous avez deja une bande de nains bourrés ? Il y avait plus de chance qu'ils s'assomment entre eux plutôt que de toucher la frêle gamine.

Dans la tumulte Maïwenn attendit de repérer l'elfe ou so poignard...

Ce fut un jeu d'enfant pour Than d'éviter les assiettes sales lancés par les nains bourrés. Elle était si légère que les cordages étaient une option pour se tenir au hauban. Elle croisa le regard de eur cheffe, celle qui avait raconté l'histoire. Du moins, elle supposait que c'était une femelle, avec les nains c'était difficile de savoir.

La naine finit par repérer l'ennemie qui montait le long du mât grâce aux multiples cordes. Son agilité était peut-être pratique mais que ferait-elle une fois en haut ? Elle ne pourrait y rester des jours entiers. Maïwenn tenta une négociation :
"Descendez tout de suite ! Vous n'aurez de toute façon nulle part où aller ! Nous nous assurerons alors de vous faire le moins mal possible."

Than n'était pas dupe ! Encore que la naine s'y prenait avec bien plus de pincettes que sa propre mère dans un de ses bons jours.
"Le moins de mal possible, c'est déjà trop ! Et tu m'prendras mon joli couteau ! Tu viens tout juste de dire comment tu as tuer les miens à la chaîne ! Je préfère attendre que tu dormes comme une barrique avant de filer par la mer !"