Histoire (courte)

En Italie, le 21 août 1998 est né non seulement la plus belle demoiselle que vous ayez connu, soit moi, mais aussi mon sublime frère - que je ne vous laisserais pas approcher si c’est pour le pécho -. En temps normal, ce serait chouette, des jumeaux. Maman et papa n’ont jamais voulu nous dire lequel était né le premier, pour éviter toute dispute je crois. Bref. On n’est pas une famille « parfaite ». Elio est né avec une surdité profonde… Il ne m’a jamais entendu pleurer, il ne m’a jamais entendu rire, il m’a jamais entendu parler. Ça fait bizarre. Pour moi, le bruit c’est tellement important ! La musique et compagnie !

En plus d’apprendre à parler comme le commun des mortels, j’ai dû apprendre à signer ; c’était la seule façon que nous pouvions communiquer avec mon frère. Même si… lui et moi… On n’a pas toujours besoin de mots pour nous comprendre. Il y a un lien fort qui nous a toujours unis… Enfin, presque toujours uni.  

Lorsqu’on avait 6 ans, on s’est disputé. Aujourd’hui, j’ai du mal à me souvenir du sujet de notre querelle… Peut-être qu’il avait pris le crayon feutre que je voulais ou qu’il ne voulait pas jouer avec moi… J’étais tellement fâchée ! Hors de moi ! Je pleurais, je criais - même s’il ne pouvait pas m’entendre -, alors qu’il partait, je me suis mise à lui lancer tout ce que j’avais sous la main : crayons, coussins, livres, feuilles. Même une fois qu’il avait claqué la porte, je continuais. Hors de moi et sur les ordres de mes parents en colère, je m’enfermais dans ma chambre, m’enroulant dans ma couverture de la petite sirène… Quand je me suis calmée, j’ai remarqué que ma couverture, autrefois bleue avec la petite sirène et son ami Polochon… était complètement devenue rouge ! Même ma peluche préférée avait changer de couleur ! Inquiète, je me suis relevée et, touchant de nouveau ma couverture, elle devint bleue-vert ! Commençant à avoir peur de ces tours de magie, je sortis bien vite de ma chambre - dont la porte passa du rouge au vert - et alla, me réfugier dans les bras de mon papa, en pleurant. Son t-shirt devint alors bleu et il comprit bien rapidement en voyant mes yeux plus noirs que jamais - et que tous les objets que j’avais touché une fois en colère étaient devenus rouges - que j’avais hérité de son pouvoir… La langue bleue en moins. Ce fut à ce moment qu’Elio revint pour alerter les parents… Notre dispute avait « réveillé » nos pouvoirs respectifs.  

À cause du pouvoir d’Elio, on a dû déménager. Papa et maman avaient choisi New York, après tout, c’était la ville dans laquelle ils s’étaient rencontrés. Je crois que maman et papa avaient peur pour Elio, en plus d’être sourd, il avait un super pouvoir - pas du tout comme le mien - et ça pouvait faire mal. C’est pas très longtemps qu’après que nous nous soyons installés à New York que le Professeur est venu rendre visite à notre famille. Ils parlèrent que nous allions dans une école spéciale, Elio et moi, lorsque nous serions assez âgés. Au début, j’avais un peu peur, je dois dire que je pensais qu’ils voulaient seulement que ce soit Elio qui y aille. Mais finalement, je pouvais y aller avec lui. Ça a été un immense soulagement, sinon j’aurais balancé des objets rouges partout dans l’appartement. C’est surtout papa qui m’a aidé à maîtriser mon pouvoir au début, vu qu’il avait le même que moi, c’était un peu plus « facile »… Même si papa dit que j’ai un peu plus de caractère que lui. C’est lui qui m’a conseillé de porter des gants pour cacher en partie mon pouvoir, bien qu’il ne se présentait pas fréquemment, ce que papa faisait lorsqu’il sortait, afin d’éviter de changer la couleur de tout et n’importe quoi.

À New York j’ai dû apprendre l’anglais. On peut dire que je parle trois langues : le langage des signes pour pouvoir communiquer avec Elio, l’italien que je parle à la maison avec maman et papa et l’anglais, pour pouvoir parler avec mes ami.e.s. C’est compliqué de parler autant de langue je trouve. J’ai toujours fait beaucoup d'efforts pour apprendre le plus possible le langage qui me permettrait de communiquer avec mon frère. Ça m’a toujours demandé beaucoup de travail, parce que je ne suis pas particulièrement douée, pas comme Elio.  

À 14 ans, on a commencé à fréquenter l’Institut du Prof. C’était devenu un peu difficile pour papa de m’aider à m’entraîner avec mon pouvoir qui était de plus en plus présent et très instable. Ça m’a fait bizarre de changer encore une fois d’univers. Je sais qu’au début, j’avais peur, parce que je n’ai pas vraiment un pouvoir très… cool. Ce qui me rassurait, c’était d’être avec mon frère. Je savais, au fond de moi, que nous étions un peu « chez nous » ici.