C'était bien beau de compter fleurette à une elfe millénaire mais ça ne payait pas la soupe et Stej n'était pas du genre à vivre d'amour et d'eau fraîche (plutôt de stupre et d'alcool voyez, ce qui coûtait nettement plus cher).

Cela faisait un moment qu'il n'avait pas vendu quelques bijoux, les gens du coin n'avaient pas vraiment les moyens de se les offrir et les meilleures affaires se faisaient à la Capitale. Le boiteux avait loué/emprunté/pas-volé-promis un cheval à l'auberge de son village, charrette comprise, pour le trajet "chiant et long" pour reprendre ses dires.

Pourtant, notre elfe noir évitait les plus beaux quartiers de Samigoloumaroum, son teint ne se prêtait guère aux bonnes gens et ses cicatrices encore moins. Pas qu'il restait dans les ruelles de coupes-gorges non plus, ce temps était derrière lui (et il devait encore y connaître du monde) mais.... voilà. Il avait opté pour un marché modeste où ses bijoux valaient largement les produits des autres étales. Plus qu'un autre moment "chiant et long" à passer avant de rentrer dans sa cambrousse les poches pleines.

Dans le-dit marché de Samigoloumaroum, Walgrimm se baladait justement, à la recherche de quelqu'un qui pouvait éventuellement lui acheter, à bon prix, des articles volés à la dernière personne qu'il avait "soigné" grâce à ses plantes : des bijoux, des armoiries, bref, des bibelots.
Il était d'ailleurs en train de négocier le prix avec un marchand, et le ton montait : Walgrimm commençait à crier de plus en plus fort : "Comment ça, du toc? espèce d'escroc ! Je vais vous montrer si c'est du toc"

L'elfe eut un soupire, posé sur sa chaise et les pieds sur le bord de son étal, et repoussa le bord de son chapeau pour appercevoir l'uluberlu qui fociférait. Un nain. Classique. Stej allait se rendormir quand des mines plus patibulaires que le reste des gus environnants attirèrent son attention. "Si vous n'avez pas de quoi payer, passez votre chemin les gars" maugréa-t-il autour de son brin de paille, la pose toujours avachie. Mais soit ils étaient très cons, soit bourrés de fric, soit mal attentionnés.... L'elfe eut un nouveau soupire et le nain gueulait encore.

Walgrimm continuait à râler, mais avait aperçu une foule de plus en plus compacte : idéale pour plumer les naïfs : Hé, les gars, qui va aller croire un escroc pareil? De véritables armoiries qui viennent d'un pays lointain ! Regardez !
Il jette un oeil circulaire et reconnait une silhouette familière
Regardez ce noble vendeur, il va vous confirmer la véracité de ces dernières en pointant Stej du doigt

Le "noble" vendeur eut un temps à comprendre qu'on parlait de lui, pas vraiment un adjectif qui lui collait à la peau (même s'il était techniquement de famille noble), et fronça les sourcils devant le fauteur de trouble : sa main à couper qu'il connaissait ce petit con de nain ! "Faîtes voir" se leva Stej en voyant bien que la foule l'avait pris à partit. La pièce sous les yeux, il haussa un sourcil. "Où est-ce que tu as trouvé ça ? Ça appartient aux Morhaer" inventa-t-il en reprenant le nom de sa mère des enfers.

Walgrimm ne sut si Stej l'avait reconnu, mais il décida de croire en sa bonne étoile
Effectivement, figurez-vous que leurs enfants se sont gravement brulés, et n'arrivaient pas à soulager la douleur.
Ma connaissance des plantes les a sauvés, et donc, ils m'ont récompensé... Confirmez-vous l'authenticité?

"Ça vient d'eux oui mais un objet d'une telle valeur, pourquoi veux-tu le vendre mec ? C'est insensé." Il fallait vraiment que l'elfe noir s'ennuie pour rentrer aussi grossièrement dans la combine. Il voulait aussi voir s'il arrivait à refourguer sa camelote à un quidam crédule. En tout cas, certains dans l'assistance semblaient peser le pour et le contre.

Walgrimm estima, au vu de la réponse, que le "noble vendeur" qu'il avait contacté allait rentrer dans l'arnaque. Il décida de jouer sur la corde de l'émotion :
Hé bien, disons qu'il faut bien se nourrir. J'ai soigné leurs enfants, et ils m'ont garanti que ces bibelots se vendraient bien. Vous savez, je n'ai que ça à vendre et rien mangé depuis quelques jours... Si seulement vous arriveriez à convaincre ces marchands que c'est une bonne affaire !

L'elfe noir haussa les épaules. "Les humains aussi s'y connaissent pas. T'auras plus de chance avec les elfes, ils ont un sens des valeurs plus... raffiné." Le ton moqueur eut raison de l'orgueil d'un des visiteurs, un homme d'âge mûr richement vêtu pour ce quartier. "Comment osez-vous ?? Est-ce nous que vous rabaissez ??" se glonfla-t-il d'outrage. "Oh ? Je ne voulais offenser personne Messire, peut-être avez-vous un œil avisé que peu possèdent." Après l'insulte, la flatterie.

Walgrimm reconnaissait bien là le don de son comparse pour les "affaires".
Il tendit le médaillon de camelote et demande :
Alors, vous me l'achetez?

Le vieillard regarda le médaillon et propose un prix relativement élevé, accepté sans hésiter par Walgrimm. Alors que Walgrimm allait se tourner vers Stej, une épaisse fumée se propagea, dans les cris : des voleurs? Une attaque? Walgrimm tenta d'aller chercher son marteau

"Oh les fils de p*** !!" censura sa rôliste quand il vociféra devant son étalage vandalisé. Des petits malins avaient profité de la foule autour du nain pour mettre à sac ses affaires et partir avec les bijoux exposés ; Stej voyait les fuyards tourner au coin de la rue. "Walgrimm mon cher, voilà l'occasion de payer ta récente dette envers moi. Prêt à reprendre du service et faire couler le sang ?" lui proposa calmement l'elfe noir avec un sourire mauvais.

Walgrimm avait une sacré dette envers cet elfe noir. Et entre voyous, on se doit de n'avoir aucune dette. Il pris son marteau à deux mains, et commencé à chercher les traces sur le sol.
Évidemment... 70/30 pour moi? Vers où sont-ils partis?
Walgrimm savait pertinemment que cela n'allait pas être accepté, mais comme on dit, "chassez le naturel, ..."

"Je te rappelle que ce sont mes bijoux et si tu ne veux pas que je rapporte à ton récent acquéreur la camelote que tu lui as refourgué... estime-moi heureux si je te paye une tournée ce soir" reformula Stej. Le nain ne voudrait pas en plus d'un truand comme lui sur lz dos... "En route camarade ! Je compte m'enivrer de bon heure."