Ina était en difficulté.
La jeune femme avait aider sa chienne à grimper au rebord d'une fenêtre usée par deux ans de manque d'entretien. Tandis qu'elle enjoignait sa chienne à chercher des zombies dans l'ouverture, trois zombies s'avançaient lentement d'elle. Si aucun zombie n'attendait dans cette pièce et si la chienne ne donnait pas rapidement son assentiment pour entrer, c'en serait fini de la nipo-norvégienne autrefois dessinatrice de bandes-dessinées.

Allez, allez ! Faites qu'il n'y ait aucun zombie dedans ! Aucun zombie dedans !

Le bruit au rez-de-chaussée avait stoppé ses recherches. Enfin, disons plus exactement "le raffut de tous les diables ! c'est quoi ce bordel ??", c'était plus proche de l'avis de Vilho. Outre la mini-crise cardiaque qu'il venait d'avoir, c'étaient les aboiements insistants qui l'obligerait à aller vérifier (monsieur était prudent ET curieux) ledit bordel en question. Il y avait donc bien un chien derrière une fenêtre mi-close et des bras qui s'agitaient de façon bien trop énergique pour appartenir un mort-vivant. C'était le moment d'une bonne action là non ? Il ouvrit la fenêtre pour faire entrer (et taire) le cabot.

Eyra s'inséra dans la fenêtre et Ina ne se laissa pas priée pour l'imiter. C'était ça ou se faire dévorée vivante. Elle ne fut pas surprise de voir une personne dans la pièce passablement protégée des intempéries. C'était un homme et grand avec ça donc difficile à maîtriser s'il le fallait mais de toute façon Ina ne pouvait pas maîtriser grand monde avec sa carrure. Elle referma la fenêtre en espérant que les zombies oublient vite pourquoi ils étaient là.
"Bonjour."

Une petite brune et un chien, pas vraiment ce qu'il était venu chercher à la base. Pas réellement armée et la bestiole semblait plus dangereuse que la fille. Mais là on arrivait au moment qu'il préférait, quand il devait se contenter d'un signe de tête pour répondre à son salut. Un doigt sur ses lèvres, Vilho quitta la pièce avec un geste de la main pour qu'elle le suive à l'étage. Autant faire profil bas le temps que les maccabées aillent ailleurs.

Ina se sentait déjà plus rassurée avec un mur entre elle et les zombies malgré la présence de l'inconnu qu'elle s'efforçait de jauger. En plus d'être grand, il était calme et silencieux. Bonne idée ! Les zombies les oublieraient au bout de quelques minutes. Elle suivit donc le gars vers l'autre pièce. Elle tient fermement son arc de compétition amoché par ces derniers mois et une flèche artisanale (son stock de base avait tenue deux semaines).

Son propre arc l'attendait sur le bureau de la bibliothèque qu'il fouillait, peu utile dans un combat en intérieur (et surtout bien trop grand ! Il faisait sa taille.). Vilho ne le récupéra pas mais contourna le bureau pour garder la demoiselle face lui et griffonner sur une feuille volante qu'il lui tendit : "Hello. Dans la merde ? Cherche quoi ici ?"

Oh, il a un arc lui aussi !
Les archers restaient rares même s'il était beaucoup appréciable d'avoir un talent dans le maniement d'une arme en cette époque troublée. Curieusement, le jeune homme poursuivait son mutisme et discutait par écrit. Avant de se faire attaquée par les zombies, Ina cherchait un peu de tout. Elle prit son sac et extirpa un échantillon : de l'électronique.

Ah. Ça il ne touchait pas trop, il n'en avait pas spécialement l'usage. Bonne âme pour une fois, Vilho lui désigna le couloir d'où ils étaient venus et une autre porte visible de leur position. "Chambre ado" précisa-t-il. Il y avait un ordinateur et quelques périphériques de gamer qu'il n'avait pas voulu emporter... mais avait déjà fait une razzia sur une tablette tactile, un appareil photo numérique, des cartes SD et autres bricoles dans le même genre : Saukko, elle, en avait besoin.

Sans un bruit, Ina et sa chienne suivirent le chemin indiqué par le doigt du Sage. La chienne de race Shiba Inu renifla la porte avant de signaler à sa maîtresse l'absence de danger et celle-ci poussa la porte. Après un rapide coup d'œil, son regard revint vers la grande perche dont elle ne connaissait toujours pas le nom. Elle leva le pouce.
"Merci."
Et merci aussi pour lui avoir ouvert la fenêtre sans avoir cherché à lui faire du mal.

C'est qu'il devenait doux, le Vilho. Enfin disons qu'il n'était pas une carne complète tant qu'on ne l'emmerdait pas (ce qui restait rare). Il en était à continuer sa fouille du bureau quand le bruit d'une vitre brisée au-dessous le stoppa net. Ni une ni deux, son arc en main, le Finlandais redescendit les marches quatre à quatre pour bloquer le maximum de portes possibles entre eux et les zombars. Le chien pourrait être une aide salvatrice pour sortir d'ici en un seul morceau, il lui faudrait donc faire avec la maîtresse. (Par ailleurs, un clebs serait à envisager à l'avenir.... pas que Sini la Poule soit très utile pour le terrain....)

Tout aussi vite que son homologue, l'archère s'était redressée, prête à utiliser son arme, avant de suivre l'autre en avoir le cœur net. S'il l'avait aidée, rien n'indiquait qu'en l'occurrence, il prendrait la peine de l'avertir si un nouveau danger arrivait. Il faut avant tout compter sur soi-même pour survivre. Et ils n'étaient pas trop de trois pour affronter le nouveau danger qui menaçait. Des zombies étaient entrés !

Leurs arcs n'étaient pas adaptés pour combattre dans un espace aussi réduits et à deux, ils risqueraient de se gêner plus qu'autre chose. Le temps que la première tête à moitié putréfiée fasse son apparition, Vilho eut le temps de tirer – en plein dans le front, un de moins – mais d'autres poussaient déjà le maccabée inerte.

Ina ne pouvait pas s'approcher sinon elle gênait l'archer et Eyra ne pouvait pas se jeter sous les tirs non plus. La jeune norvégienne réfléchit à ce qu'elle pouvait faire et une idée lui vient, deux même ! Elle pouvait d'une part s'assurer que l'attaque se limitait à un seul endroit et dans un cas comme dans l'autre, rassembler des meubles pour former une barricade d'où tirer des flèches restait possible. Elle s'y attela donc.

C'était la merde. Pas le genre de situation inextricable/catastrophique mais bien merdique tout de même. La barricade faisait son taf et les zombards étaient bien trop bornés dans l'idée de les bouffer que dégager méthodiquement les meubles semblait au-delà de leurs capacités. Néanmoins, ça n'allait pas durer éternellement et Vilho essaya de lui faire comprendre que partir rapidement serait une bonne idée.

Ina venait d'écraser un zombie avec un meuble instable mais l'autre attirait son attention. Ses signes étaient clairs. Ina ne voulait pas abandonner sa barricade mais les morts-vivants s'agglutinaient tous. Il fallait partir. Ensemble ou chacun de son côté ? D'abord ensemble. S'ils arrivaient à un carrefour, elle pourra se reposer la question. Elle appela sa chienne pour ouvrir la marche. Peut-être que depuis le dernier étage, ils pourraient faire quelque chose...

Au point où ils en étaient, il ne restait que le toit comme sortie potentielle et l'infirme chance qu'ils puissent atteindre une autre maison - au mieux - ou la rue en contre-bas - au pire - où ils étaient attendus. Abandonnant son poste, Vilho se dirigea directement vers la salle de bain fouillée/pillée précédemment et donna de grands coups à la fenêtre simple à moitié scellée. La vitre était opacifiée mais il devinait la toiture d'une bâtisse toute proche.

Eyra commence à aboyer malgré l'éducation drastique qu'à dû faire Ina depuis le début de l'apocalypse.
"Chut tais-toi !"
Mais le cabot ne l'entend pas de cette oreille et agrippe la manche d'Ina en mode "suis-moi". La norvégienne abandonne et suit sa chienne jusqu'à la fenêtre. Bon, pas trop le choix. quand faut y aller…
Ina ouvre son manteau et laisse Eyra s'y engouffrer.

Vilho avait déjà démonté la fenêtre en la faisant moitié sauter de ses gonds avec son couteau. L'arc fut le plus pénible à faire passer mais le petit rebord de toit fut suffisant pour hisser ses affaires (sans que son sac chargé bascule dans le vide) et s'engouffrer par l'ouverture. Les zombies s'acharnaient toujours sur la barricade mais aux bruits de meubles brisés, ça ne durerait qu'un temps avant qu'ils n'arrivent. Et putain qu'il faisait froid ! Le vent et la pluie brumeuse qui arrivaient n'étaient pas des plus agréables... et rendaient les tuiles glissantes. La veine, vraiment...

Avec peine, la petite jeune femme et son chien passèrent le fenêtre à leur tour tandis que le râlement des zombies se faisait entendre entre deux craquements de bois. Ina posa la chaussure sur le toit, peu assurée. Sa vie et celle de sa chienne reposaient sur ses appuis. Courageusement, elle s'avance vers le toit libre de tout zombies et offrant une chance de survie, rien à voir avec le fait que l'autre survivant y aille aussi.

Être équilibriste n'était pas dans ses options en cours de sport mais le peu de gymnastique qu'il avait pratiquait devrait suffire pour ne pas s'écraser connement au sol. Claquant ses doigts pour attirer l'attention de l'autre fille - manquerait plus qu'elle se casse ailleurs - il lui montra la maison au toit plat à côté ; accessible en traversant leur maison actuelle et avec un peu d'élan. Une grande inspiration et Vilho partit en premier, prenant garde où il posait les pieds... manquant de glisser à plusieurs reprises sur ces foutues tuiles. S'il s'en sortait vivant, sa sœur lui passerait certainement un savon après ça.

Etonnamment, l'autre survivant lui montrait la voie. Les âmes charitables étaient devenues rares après l'apocalypse même si Ina s'employait à les rassembler dans son refuge. Silencieusement, elle attendit que le géant finisse de passer, surveillant de temps à autres ses arrières. Elle pria un peu pour que l'autre s'en sorte et passe l'épreuve d'équilibre.

Âme pragmatique, nuance. Un archer ne faisait pas grand chose contre une horde de zombies mais deux, il y avait des chances. Arrivé au bord du toit, Vilho lança ses sacs sur le toit d'en face - et tant pis s'il cassait quelque chose, sa vie valait plus qu'un Ipad - puis inspira profondément et sans aucune prière à un dieu inconnu, sauta. La réception fut laborieuse et son grand corps maigre ne l'avait pas aidé. Rapidement sur pied, il reprit son arc pour surveiller la ruelle de son nouveau point de vue.

Ina attendit que le jeune homme ait terminé son atterrissage pour se lancer à son tour. Bien plus petite équilibrée, elle y arriva sans peine. Eyra couina tout de même un peu quand sa maîtresse glissa légèrement sur la toiture.

Ça allait, elle tenait bon. Ramassant ses sacs, l'archer ne perdit pas plus de temps et s'engouffra dans la maison... du moins voulait-il le faire avant de tomber sur une porte vérouillée. Excédé, le couteau de chasse dans le bois tendre ne manqua pas de faire sauter la serrure rapidement. Le nouvel intérieur était modeste – pour ne pas dire minable – mais avait le net avantage d'être libre de tout mort-vivant. Vilho se laissa tomber sur le canapé miteux et souffla un instant.

Les morts étaient hors de portée. Ina put relâcher la shiba Inu sur le sol et s'autoriser une expiration profonde, toujours aussi discrète que possible. Ils ne devaient pas perdre trop de temps ici, si possible. Il lui fallait retourner au refuge avant la tombée de la nuit pour ne pas inquiéter les autres ou passer la nuit avec un inconnu aussi charmant fut-il.
Le charme était très relative en apocalypse, tout ce qui ne te sautait pas dessus était charmant.