Jake Roy, par Momosha
Jack Cartwright, peintre et riche héritier, est mort dans les années 1920 à l’âge de 38 ans. Réincarné dans le corps d’un habitant de Montréal de 16 ans, il a déjà vécu 8 ans dans sa nouvelle vie, sous l’identité de Jake Roy, un jeune garagiste.
Open World - Description du monde et du personnage:
Open World a la volonté de donner à ses membres la possibilité de jouer dans les univers qu'ils souhaitent et ce, sur une seule et unique plateforme. En somme, on peut faire à peu près tout ce qu'on veut dans quatre mondes permanents : Vardenberg, Divinadell, Montréal et la Station 42. Il est également possible de se plonger dans d'autres univers lors de semestriels.
Pour cette épreuve, je jouerai Jake Roy qui évolue dans le monde de Montréal, ville québécoise et canadienne. C’est un univers citylife-paranormal où la plupart des humains y vivent leur vie sans se douter qu'il existe un phénomène étrange qui se produit depuis des siècles ; la réincarnation.
Jack Cartwright, peintre et riche héritier, est mort dans les années 1920 à l’âge de 38 ans. Réincarné dans le corps d’un habitant de Montréal de 16 ans, il a déjà vécu 8 ans dans sa nouvelle vie, sous l’identité de Jake Roy, un jeune garagiste.
- J'ai obtenu l'accord de la joueuse d'Edith / Olivia pour ses mentions !
- Sensibilisée par la discussion dans le flood, je n'ai pas mis le texte en justifié pour des raisons d'accessibilité. Si comme moi, vous êtes habitués au justifié, j'espère que cela ne dérangera pas votre lecture
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Jake se promenait dans le vieux Montréal, main dans les poches. Le froid de l’hiver avait laissé place à un printemps resplendissant. Cette saison avait toujours inspiré l’ancien peintre. A présent, coincé dans un corps de jeune, à des dizaines d’années de son ancienne vie, il n’avait plus beaucoup l’occasion de flâner, ou de s’adonner à sa passion. Dans son renouveau qui lui avait été imposé, il avait été arraché aux années 1920 et à sa richesse. Il avait été séparé de son épouse également, décédée en même temps que lui, dans le même accident de voiture.
Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi ne suis-je simplement pas mort ? Pourquoi est-ce que je me rappelle de ma précédente incarnation ? Edith est-elle vivante ?Ces questions ne quittaient que trop rarement son esprit.
Tout en flânant, son regard fut attiré par une montre à gousset qui trônait dans la vitrine d’un antiquaire. Bien qu’il n’eût aucune affection particulière pour les vieilleries, il se sentit attiré vers elle. Il entra dans la boutique et apprit qu’elle datait de 1920. Sans réfléchir, et malgré les fins de mois parfois tendues, il déboursa les 300 dollars pour s’en emparer. Fourrée dans sa poche, il la caressa machinalement pendant le trajet du retour.
Une fois dans son lit, il la fit glisser entre ses doigts. Elle était propre et lisse au toucher. Froide. Il fronça les sourcils lorsqu’il entendit un « tac ». Le vendeur l’avait pourtant averti qu’elle ne fonctionnait plus. L’aiguille semblait pourtant s’être mise en marche. Intrigué, Jake esseya de la mettre à l’heure. En remontant les aiguilles, le temps remonta également. Dans un tourbillon de couleurs, de formes et de vents, il se trouva projeté dans le temps mais aussi dans l’espace.
Il reconnaissait cette maison. Cette chambre. Ce lit. Il se trouvait dans son chez lui de 1920. Il fonça dans la salle de bain, et découvrit avec stupeur qu’il avait toujours la tête de « Jake », sa réincarnation. Il serra la montre dans sa main. Sa première pensée fut pour Edith. S’il était en 1920, elle n’était peut-être pas encore morte. S’il parvenait à empêcher cet accident… Elle pourrait avoir une longue vie paisible.
Il entendit du bruit au rez-de-chaussée. Aussitôt, il regagna la chambre et se cacha sous le lit. Cliché mais efficace. Le bruit dans les escaliers, puis un rire cristallin qui lui avait tant manqué. Un rire qu’il avait malgré lui déjà oublié. Huit longues années pendant lesquelles ses souvenirs commençaient à s’estomper. Il dû réprimer son envie de sortir de sa cachette et de prendre la femme qu’il aimait dans ses bras. Il ne lui avait jamais témoigné son affection. Leur mariage arrangé était basé sur une amitié sincère, mais il s’était rendu compte bien trop tard qu’il en était tombé amoureux.
Elle se préparait en chantonnant. Le temps lui parut terriblement long, et terriblement court en même temps. Les bruits s’estompèrent. Jake ressenti le besoin de la suivre. Elle était en vie. Il devait lui parler. Il devait la prévenir. Il devait la sauver. Il soupira. Il avait été le maître de cette maison, sous l’identité de Jack Cartwright. Cependant, si on le prenait ici dans son corps actuel, il ne donnait pas cher de sa peau.
Méthodique, il eut la présence d’esprit de changer rapidement son pantalon et sa veste, reprenant ses vieux vêtements d’époque. Il prit également du liquide dans le bureau, puis sorti de la maison vide, un sentiment d’urgence étreignant son cœur. Heureusement, Edith avait attendu un moment son chauffeur. La nuit était en train de tomber. Il ne voyait qu’elle. Il dû réprimer son envie de courir et de la prendre dans ses bras. Il héla un taxi de l’époque et s’y engouffra, lui demandant de suivre la voiture de son épouse.
La prohibition. Edith se rendait dans un bar clandestin. Il la suivit, et s’installa à une table non loin d’elle. Il se demandait comment l’aborder, comment se présenter, comment lui annoncer le futur. Jake commanda un verre, histoire de ne pas avoir l’air suspect. Elle était seule à table et il allait se diriger vers elle, quand il se vit lui-même. Jack Cartwright.
J’étais quand même beaucoup plus beau à l’époque, râla-t-il. Il restait donc assis, à sa place.
Il entendait quelques bribes de la conversation. Soudain, le sentiment d’urgence prit de nouveau possession de lui. Il connaissait à présent la date du jour. C’était à ce moment précis qu’ils avaient décidé de partir en voyage. C’était lors de ce voyage qu'ils avaient eu l’accident de voiture. N’y tenant plus, il profita du départ de son ancien lui vers le comptoir, pour s'asseoir à côté de son épouse.
- Tu ne dois pas aller à ce voyage !- Pardon ?Elle ne comprenait pas. Comment aurait-elle pu ? Il ne ressemblait en rien à celui qu’il était censé être.
- Tu vas avoir un accident, tu ne dois pas y aller. Je suis…
- Mais qu’est-ce que vous racontez ?
- Un problème ?Et me voilà, volant au secours de celle que j’aime, pensa-t-il amer.
- Je pense que cet homme a trop bu !
- Non, je …Jake avait beau avoir un corps plus jeune qu’à l’époque, il ne put rien faire lorsqu’il se fit tirer rageusement en dehors du siège. Tout se passa ensuite très vite, et il fut mis à la porte.
Plus tôt. Je dois remonter plus tôt. Avide et désespéré, le réincarné essaya de remonter le temps à nouveau. Cependant cette fois, les aiguilles n'allaient pas vers l’arrière, mais vers l’avant. Incapable de parler, il fut prit de nouveau dans ce tourbillon irréaliste.
Jake se retrouva projeté dans la rue, sur les genoux. Ce paysage… Il connaissait cet endroit.
- Non, murmura-t-il, interdit.
Trop tard. L’inéluctable allait se produire. Il le savait. Il le savait et pourtant, il s’élança aussi vite que son corps le lui permettait. Il regrettait toutes ces cigarettes, tous ces entraînements qu’il avait séchés. Il ignora la douleur dans ses poumons, le point de côté, son souffle court et irrégulier. Il courait car la vie d’Edith en dépendait. Pourtant, la roue du destin continuait de tourner et rien ne pouvait l’arrêter.
La collision, l’accident. Il l’avait déjà vécu de l’intérieur. Il en était à présent spectateur. Il tomba à genoux, paumes dans la poussière. Il voulait aller vérifier. Il voulait essayer de lui porter les premiers secours. Cependant, le tourbillon l’emporta de nouveau et il fut projeté violemment dans son lit. Le souffle court, il regarda ses mains. Propres. Il toucha ses vêtements. C’était les siens, ceux avant le départ. Il toucha la montre dans sa main. Le cadran était fêlé. De rage, il la jeta à travers la pièce. Elle s’écrasa contre le mur, avant de voler en éclat.
L’image d’Edith se présenta à son esprit. Elle était beaucoup plus nette et claire que dans ses anciens souvenirs. Il se redressa, bien que mélancolique et sortit une toile vierge, ses pinceaux et sa peinture. Il avait enfin une image nette d’elle. Il n’oublierait plus jamais son visage. Il prit sa toile terminée en photo et la publia sur son compte insta*ram d’artiste. Il s’allongea ensuite de nouveau dans son lit, submergé par des émotions contradictoires et la fatigue.
« Supermassive Black Hole » le tira d’un sommeil sans rêve. Il décrocha, plus par réflexe due à ses astreintes au garage que par envie.
- Hm ?
- Tu as peint ce que tu as posté ?
- Pardon ?
- Sur insta, c’est ta peinture ?
- Hm, ouais. Olivia ?, demanda-t-il à son amie, émergeant avec difficulté.
- Est-ce qu’on peut se voir ? Maintenant ?Il accepta. Olivia était un bout de femme à qui on ne pouvait dire non. Même s’il ne voulait pas se lier avec ceux de son « âge », puisqu’il avait bientôt la cinquantaine plutôt que la vingtaine, elle s’était frayée une place dans sa vie. Ils étaient devenus amis. Elle lui rappelait souvent Edith, de part ses actions, ses goûts ou sa façon de parler. Il s’en voulait, d’entretenir une amitié de cette façon. Il se demandait ce que l’éthique préconisait dans un cas comme le sien. En réalité, il avait l’âge d’être son père.
Il se rendit sur le lieu du rendez-vous, toujours chamboulé par les événements récents. Il continuait de se demander si c’était réel, ou un rêve.
Quand bien même, je n’ai rien pu faire. Olivia était là, devant lui. Elle semblait bouleversée. Leur conversation pouvait sembler n’avoir aucun sens pour le commun des mortels, mais pour eux c’était l’aboutissement de mois de remises en question, de doutes, d’espoirs… Ils avaient enfin les explications à tous ces airs de déjà-vu.
Jake était Jack.
Olivia était Edith.
Il la serra fortement dans ses bras. Il n’avait pas pu changer le passé, mais grâce à cette montre son présent et son avenir étaient bouleversés à jamais. Il avait retrouvé son âme sœur.
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