SeneaSenea est une Fille de l'Eau qui a l'étrange pouvoir de n'en maîtriser que les formes froides: neige, glace, etc.
Elysion - Elysion en quelques mots si jamais ça vous intéresse !:
En quelques mots, Elysion est la Terre, juste quelques milliers d'années plus tard. Une petite Pangée de plus, une poussée évolutive laissant apparaître la magie et l'abandon d'une partie de la technologie plus tard, le mélange donne une étrange science-fantasy où l'on se permet un peu tout. Le monde d'Elysion est divisé en trois continents, chacun dirigé par un roi, une reine ou un couple royal. L'Histoire actuelle se passe sur Eaque, et plus précisément dans la capitale, Hypnos.
Il était une fois une petite fille, aux cheveux très blonds, et aux yeux très bleus, qui savait créer de la neige. La petite fille vivait dans la palais d’Eaque, avec son papa qui était jardinier, et son frère jumeau. Tous deux jouaient beaucoup, jouaient tout le temps, pour faire passer le temps et les moqueries. Ils aimaient jouer des tours et faire des farces. Sous leur influence, des fleurs de givre apparaissent, et des serrures givraient, inutilisables. On put aussi constater une augmentation drastique du nombre de bonshommes de neige, y compris durant la saison chaude, allant de pair avec de plus en plus de rhumes et de vilaines toux.
Un matin, en se promenant dans le marché qui avait régulièrement lieu au pied de l’immense tour qu’était le palais, la fillette vit sur un étal un objet qui, immédiatement, attira son attention. Une jolie boîte de bois laqué de noir était ouverte, exhibant à tous les passant son contenu si séduisant. Il y avait, dans des encoches spécialement dédiées à cet effet, quelques pinceaux, puis, alignés, des carrés de couleurs. Les couleurs étaient vives, chatoyantes. Elles semblaient l’appeler, si fort, si fort qu’immédiatement, elle s’approcha, dévorant l’objet du regard, résistant à grand peine à la tentation d’y toucher.
C’est son père qui, la voyant si fascinée, muette soudain, céda et, sans même que la petite fille n’ait besoin de verbaliser cette demande, lui acheta la boîte d’aquarelles. Durant toute la durée de leur balade, elle tint l’étui tout contre son cœur, fermement, donnant son autre main à son frère. La petite magicienne ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’elle pourrait bien dessiner, avec.
Sitôt arrivée dans la chambre qu’elle partageait avec son jumeau, son double, la fillette prit une feuille, et commença à peindre. La première chose qu’elle coucha sur le papier, ce fut son nom: “Senea”. Mais les jours passèrent, et peu à peu, la nouveauté devint normale, puis banale, puis lassante. La petite fille avait du mal à correctement gérer les nuances, et n’était pas très patiente, ni très délicate. Souvent, le pinceau s’écrasait, la peinture bavait. Parfois, c’était trop liquide, et pas assez coloré, alors que d’autres fois, sans qu’elle ne comprenne pourquoi, le rendu était bien plus vif qu’elle ne l'aurait souhaité.
Alors, Senea ferma la boîte d’aquarelles, et la rangea dans un tiroir. Le temps faisant son effet, elle l’oublia peu à peu.
Les deux enfants étaient très beaux, et leur destin semblait tout tracé: plus grands, ils deviendraient tous les deux courtisans, et vivraient dans cet immense palais. Ils seraient investis dans la vie de la Cour, ils participeraient à des intrigues. Ils feraient chavirer les coeurs, et finiraient sans doute par faire un bon mariage, faisant fi des rumeurs sur leur compte.
Pourtant, ils avaient des ambitions différentes. Senea ne voulait que rendre heureux son frère, là où il ne rêvait que de s’évader dans de grands espaces inconnus. Mais longtemps, ils suivirent le chemin qui avait été tracé pour eux, sans se rendre compte que ce n’était pas le leur. Le petit garçon devint un jeune homme taquin et sociable, qui aimait parader et séduire, tandis que la petite fille devint une jeune femme plus solitaire et timide, aimant le calme et les bibliothèques. Différents, ils paraissaient pourtant inséparables, comme deux faces d’une même pièce.
Un jour, alors que leur père vieillissant était parti vivre ailleurs, et que chaque matin, ils semblaient à la fois plus beaux et plus complices que le précédent, la jeune femme se réveilla seule dans la chambre qu’elle partageait avec son frère. Il n’était plus là. A la place, il y avait un flocon, un unique flocon, qui ne fondait pas, qui ne disparaissait pas; sa trace, son adieu. Il était parti, chavirant tout son monde.
Senea avait cherché longtemps un indice, une explication, quelque chose qui lui permettrait de remonter à son frère, ou au moins de comprendre cet abandon, sans jamais trouver, sans jamais pouvoir se l'expliquer. Mais la jeune fille avait retrouvé ce qu’elle avait depuis longtemps oublié: sa boîte d’aquarelles.
La demoiselle recommença alors à peindre. D’abord pour l’oublier et s’occuper. Ses gestes étaient hésitants. Elle ne savait plus vraiment comment tenir le pinceau, quelle quantité d’eau mettre. Sa feuille se gondolait, et elle n'arrivait pas à trouver la beauté dans ce qu’elle créait, mais elle s’acharna. Et, peu à peu, la jeune femme progressa. Elle commença à apprendre à regarder. Mais surtout, peu à peu, elle aima ce qu’elle faisait.
Mais le jour arriva où peindre sur des feuilles ne lui parut plus assez. Même avec les effets qu’elle y mettait, même avec l’usage étonnant qu’elle faisait de son pouvoir, cela n’était plus suffisant. La jeune femme avait besoin de plus. Alors, elle se porta volontaire. Un spectacle de théâtre devait être joué, bientôt; et on avait besoin de quelqu’un pour peindre les décors, assurer les effets spéciaux. Ce serait Senea.
Ce fut une soirée merveilleuse. Cela lui demanda du temps, du travail, des efforts, de l'acharnement. La magicienne crut parfois ne pas y arriver, mais le jour J, le décor était là, en place, peint par ses soins. Voir les acteurs y évoluer la ravit. Elle ne pensait pas pouvoir encore éprouver une telle joie, sans que son frère ne soit là. La jeune fille n’aurait même jamais pensé qu’un jour son bonheur puisse venir d’autre chose que lui.
C’est ainsi que Senea comprit. Elle n’était pas faite pour être courtisane, pas plus que son frère n’était taillé pour être courtisan. Il avait fait le choix de fuir pour explorer d’autres horizons, pour découvrir l’univers ? Elle ne le suivrait pas. Elle ne le suivrait plus. La jeune femme deviendrait ce qu’elle souhaitait, sans lui.
Il ne lui fallut que quelques mois pour quitter la Cour, et intégrer l’Académie. Là-bas, la demoiselle apprit, vite. Elle se nourrit de connaissances, de savoirs. Elle se régala de travaux pratiques, elle se délecta de toutes ces nouvelles compétences, de tous ces nouveaux savoirs, de toutes ces nouvelles rencontres, de tous ces horizons qui s’ouvraient devant elle.
Peu à peu, la jeune fille devint ce qu’elle désirait être: une artiste. Elle commença petit. Ce furent des toiles, petites, et de plus en plus grandes. Quand cela ne lui suffit plus, elle passa aux décors, sur d’immenses draps. Puis, peu à peu, même ça, ce n’était pas assez, et très vite, toute surface devint support de son art. Elle peignit des fresques incroyables, qui évoquaient des voyages extraordinaires, des sentiments épiques, des légendes gravées dans le cœur de chacun. Elle peignit des murs, des pièces, façades, des maisons, des manoirs, des châteaux, des palais. Elle peignit tout ce qu'elle put peindre. La jeune artiste voulait rendre plus beau le monde qui l’entourait, le faire chatoyer, encore, et encore. Senea voulait émerveiller.
Et comment ne pas être étonné face à ces peintures brillantes ? Comment ne pas être fasciné par les jeux de transparence ? Comment ne pas être subjugué par le mélange subtil de l'art et de la magie, de la couleur et de la glace ?
La petite fille était devenue une femme, mais jamais la boîte d’aquarelles ne la quittait. Elle n'aurait jamais cru en la voyant au marché, des années plus tôt, qu’un jour grâce à cela, elle échapperait à un destin tout tracé.
Senea vécut heureuse, et jamais ne cessa de peindre.