19 Avril 2021 - LE DRAMA’TURGE - n°125498

« La folle histoire d’un homme piqué par une méduse venimeuse et sauvé de la mort par un spécialiste en ornithorynques. »

Hier soir, aux alentours de 21h45, Luke, un jeune adolescent de dix-neuf ans a été admis en urgence au cabinet du docteur Malleby pour des brûlures inquiétantes. Le garçon se plaignait d’une douleur atroce « semblable à des décharges électriques », de maux de tête, de nausée et présentait des plaques de brûlures au deuxième degré localisées sur tout le corps. Le docteur Malleby a déclaré lors d’une conférence de presse « que les jours du jeune garçon ne sont plus en danger, mais sans l’intervention héroïque d’un passant, sous la supervision de la parfumière, il aurait pu ne pas s’en sortir ». La mairie de la cité a publié ce matin un communiqué appellant les habitants à « la prudence concernant les baignades en mer » et les incitant à posséder sur eux une trousse de premier secours dans le cas où un accident similaire serait amené à se reproduire.

En effet, plus tôt dans la journée du dimanche 18 avril 2021, le jeune homme s’est baigné sur les bords de la plage pour profiter de la belle saison. « Il s’est déshabillé en un clin d’œil dans l’une des cabines puis s’est jeté à l’eau sans réfléchir, ni même après avoir mis de crème solaire. Je voulais l’interpeller pour le prévenir, mais à peine suis-je descendu de mon poste d’observation qu’il m’était impossible de le voir. Alors j’ai laissé tombé, je me suis-dis qu’un bon coup de soleil était très formateur. » nous confie Alec, sauveteur saisonnier.

En effet, le jeune adolescent a nagé pendant plusieurs minutes en direction du promontoire, puis s’est soudainement immobilisé au milieu de l’eau en hurlant. Linnéa, palefrenière aux écuries des Vents, nous raconte : « J’étais en train de promener les chevaux quand j’ai entendu un cri strident venant de la mer. Il n’y avait pas beaucoup de monde sur la plage, j’ai eu peur que quelqu’un soit en train de se noyer, alors j’ai été voir ce qu’il se passait. Le jeune homme nageait à toute allure en hurlant vers la côte, je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il disait ».

Après avoir atteint la rive, le jeune homme s’est effondré en pleurant sur la rive. Il a été retrouvé par la parfumière, qui l’a emmené à son salon pour essayer de l’aider. « Je vagabondais sur la plage pour récolter des algues afin de confectionner ma nouvelle senteur pour la collection estivale. Je l’ai trouvé là, allongé sur le sable, se tordant de douleur à chaque mouvement. En même temps, des grains de sable sur une brûlure, on ne fait pas un gommage sur une peau irritée voyons ! Toujours est-il que je l’ai aidé à se relever et je l’ai emmené avec moi jusqu’au cabinet du seul docteur de la ville ».

Tout deux ont marché jusqu’au centre de la ville pour rejoindre le cabinet, sous les yeux surpris du forgeron. « J’tais en train d’discuter avec un client quand j’ai vu débarqué l’parfumière avec un bras autour d’un p’tit bout d’homme tout maigre. D’abord je me suis dis qu’la mamie avait en fin trouvé un jeune homme pour l’entretenir puis je me suis souvenu qu’c’était pas son genre, alors j’me suis d’mandé c’qui s’passait ». Cependant, le cabinet du docteur était fermé exceptionnellement pour congé, car elle devait répondre de ses obligations auprès d’une vieillie amie habitant à l’autre extrémité de la cité et elle ne serait probablement de retour qu’en fin de soirée. La parfumière nous raconte qu’elle s’est alors souvenue d’une autre personne qui pourrait prendre en charge le blessé. « Je me suis rappelée que j’hébergeais depuis quelques temps dans ma résidence secondaire un jeune garçon très gentil et serviable qui m’avait dit être docteur, j’ai immédiatement emmené le petit blondinet avec moi là-bas ».  

Une fois sur les lieux, le jeune docteur est réveillé en sursaut par les assauts de la parfumière sur la porte d’entrée. Nous avons pu obtenir une interview exclusive avec lui « Je m’étais assoupi sur mon livre et j’ai été réveillé par quelqu’un qui frappait frénétiquement sur ma porte. J’ai eu très peur, je me suis demandé si ce n’était pas des intrus qui voulaient me cambrioler. Je n’ai pas ouvert tout de suite, mais devant l’insistance j’ai fini par céder. La parfumière m’a alors mis dans les bras un jeune homme qui hurlait de douleur en me demande de le soigner. Mais je ne suis pas un docteur en médecine moi, je suis docteur en biologie des ornithorynques, je ne sais pas soigner des animaux et encore moins des humains ! », avec son accent très marqué et par moment indéchiffrable, il continue « Heureusement, j’avais un aspi-venin dans mon tiroir, mais je ne m’en étais jamais servi, j’ai donc fait ce que toute personne normale devait faire à ma place : j’ai ouvert l’appareil et j’ai lu la notice ».

Après dix minutes d’instruction, Saejin, le docteur non médecin, s’est mis au travail. « Avec mon début d’arthrose, j’ai un peu de mal à utiliser ce genre de chose, et je ne vois plus très bien sans mes lunettes, alors j’ai essayé d’aider Saejin en l’aiguillant à l’aide de mon bon-sens. Comme quoi, j’en ai encore dans la tête malgré mon âge avancé. Tut-tut les rageux comme disent les jeunes », nous explique la parfumière. Saejin de son côté, nous raconte : « On ne dirait pas, mais utiliser un aspi-venin demande presque une formation à part entière. Et retrouver le lieu de la piqûre n’était pas facile, mais au niveau du mollet, j’ai constaté une sorte de gonflement, j’ai donc posé le dispositif dessus, appuyé de toutes mes forces et j’ai ensuite mis en place l’aspiration et hop, j’ai retiré le plus gros. Après, j’ai réitéré là où les plaques étaient situées ».

Une source qui souhaite rester anonyme, nous confie : « J’ai beaucoup ri devant ce spectacle. Être voyante n’est pas tous les jours amusant, mais si c’est pour avoir le privilège d’observer un bras-cassé essayer de soigner un autre bras-cassé, je dois avouer que ce n’est pas si mal ». La parfumière a ensuite utilisé certaines de ses crèmes grasses qui composent ses onguents pour apaiser les irritations du jeune homme avant de l’emmener à nouveau chez le docteur lorsqu’elle revenue de son déplacement, en fin de soirée. Depuis que les jours du blessé ne sont plus en danger, il a été admis chez un ami qui s’occupe de lui en attendant son rétablissement. « J’ai regardé il y a longtemps un documentaire sur les espèces de méduses venimeuses dans le monde, et je pense que c’est peut-être une Pelagia Noctiluca ou une Cyanea capillata. Ou alors pire, une Chironex fleckeri, vous saviez que c’est l’espèce de méduse la plus dangereuse au monde ? Après, je ne suis pas un spécialiste en biologie marine, alors bon, je vais me contenter d’appliquer la crème que m’a donné le docteur à Luke. Le pauvre, j’aimerais pas être à sa place », nous confie Cameron, un ami proche de la victime.

On raconte qu’une femme aux cheveux noirs et avec un chapeau de pirate essaie désormais de construire un radeau sur la plage pour « exterminer ces foutues méduses qui ont osé toucher à mon Roi ». Quoi qu’il en soit, cette mésaventure nous rappelle que les eaux abritent de nombreuses espèces animales et végétales dangereuses. Pour en savoir plus, nous vous avons préparé une rubrique sur « Les espèces sur lesquelles vous ne voudriez pas tomber lors d’une baignade » dans les pages suivantes.

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