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Épreuve 3 - Ezylone & Elysion

Le Marionnettiste
Le Marionnettiste
Le Marionnettiste
Messages : 302
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Épreuve 3 - Ezylone & ElysionVen 16 Avr 2021, 23:05

Epreuve 3 : Echo



Te voilà à la croisée des chemins. Il s'est passé quelque chose, ici. Tu le sais ou tu le sens. Peut-être étais-tu présent, peut-être que c'est tatie Georgette qui te l'a raconté. Et c'est quelque chose d'important, quelque chose qui a marqué ton histoire, celle de ta famille ou encore de ton pays. Il est fort possible également que tout le monde n'ait pas la même opinion que toi. C'est même sûr.

Pour cette épreuve, à toi de déterminer avec ton binôme un évènement déroulé à un carrefour et sur lequel vos personnages ont des expériences ou points de vue divergents.



« Sans pile, on perd la face »



Date : Du samedi 17 à 00:01 au dimanche 18 avril à 23:59 (heure française)
Duo : Ezylone & Elysion

Rappelle de l'écho : Une épreuve à deux ! Chacun poste un texte de 1500 mots maximum avec la contrainte suivante : les deux textes doivent se faire écho en s’articulant autour d’un point commun. Ici, une évènement. 


Infos pratiques
Il n'y a pas d'ordre imposé. À toi de voir avec ton binôme qui de vous deux enverra le premier message.

• Tu peux retrouver ton binôme sur la shoutbox, via la zone réservée aux invités sur vos forums respectifs ou bien sur le discord de l'autre forum s'il y en a un. Si tu n'arrives pas à joindre ton binôme, n'hésite pas à le signaler à tes Admins !

• Si tu le juges nécessaire pour la compréhension de ton texte, tu peux poster une petite introduction de ton forum et/ou de ton personnage en spoiler en haut de ton post. Il ne comptera pas dans le total des mots maximum du message  mustachelli

• Fais très très très très très très très très très très (c'est fini?) très très très (non pas encore) très attention si tu utilises des codes de mise-en-page. NRP est un peu beaucoup ultra codé et très sensible aux balises mal fermées ou aux fautes de frappe dans ton code. Ca veut dire que tu peux casser le forum complet avec juste une balise de travers. Vu qu'en tant qu'invité tu ne peux pas éditer ton message, ça peut être très gênant. Tu peux cependant tester le fonctionnement de ton code dans le sujet test.

Si tu t'y connais pas en code ou que tu te contentes de faire un copier-coller d'un code de quelqu'un que tu ne connais pas, évite peut-être de l'utiliser sur cette édition Caillou



• Heureusement, kami-sama est gentille et a intégré un code préfait pour te permettre d'utiliser ton avatar et ton pseudo sur le forum, même en tant qu'invité :

Code:
<div class="profil-interfo"><img class="avatar-interfo" src="LIEN AVATAR" alt="TON PSEUDO" />
<span class="pseudo-interfo">TON PSEUDO</span>
<p class="bio-interfo scrollbar scrollbg-chim">TA BIO (facultatif)</p>
<span class="forum-interfo">TON FORUM</span></div>

• D'autres questions ? Viens les poser dans la foire aux questions, Jean-François !
Anonymous
Adamarys [Ezylone]
OnlineEn ligne
Re: Épreuve 3 - Ezylone & ElysionDim 18 Avr 2021, 13:48
Adamarys
Adamarys

Adamarys est Technologue Chercheuse (équivalent de nos scientifiques à une époque bien plus reculée) à la Technopôle, Cité-Etat d'Ezylone. Elle est obsédé par la connaissance, le savoir, et la recherche, en oubliant souvent le monde qui l'entour pour se plonger dans les livres et anciens écrits.


Ezylone



- Et maintenant les enfants, on dit tous bonjour à Mlle Ciring, qui vient aujourd’hui vous conter les origines de notre monde !

Alors que les voix enfantines s’élevaient pour la saluer, Adamarys avança de quelques pas dans la salle de classe, affichant un sourire poli à la petite assemblée, tenant contre sa poitrine un épais ouvrage à la couverture élimée. Elle était confiante, préparée, son discours bien rôdé. Il était de coutume, pour les écoles les mieux placées du moins, d’inviter régulièrement un Technologue à venir présenter ses travaux afin d’inculquer à la jeunesse prometteuse de la Technopôle un goût prononcé pour la recherche et la soif de connaissances. Nul n’était plus inspirant aux yeux des enfants que l’élite qui travaillait dans la haute tour jour et nuit, apportant à la Cité-État tout le savoir qui faisait sa richesse.

La jeune fille remercia l’Enseignante d’un signe de tête, et dévisagea une à une les frimousses aux yeux pétillants d’intelligence et de curiosité qui lui faisaient face. Elle se rappelait avec nostalgie à quel point elle était avide elle aussi, à leur âge, d’en apprendre toujours plus sur le monde dans lequel ils vivaient. Au point qu’elle avait décidé d’en faire son métier. Elle s’éclaircit la voix, prit une grande inspiration, et se lança.

- Bonjour ! Et oui, je suis venue vous parler des recherches que je fais là-haut, dans la Tour des Technologues. J’ai beaucoup travaillé sur les origines de notre monde. Qui peut me dire ce qu’il sait déjà à ce sujet ?

Plusieurs mains assurées s’élevèrent aussitôt, et Adamarys adressa un sourire bienveillant à une fillette au premier rang pour l’encourager à prendre la parole. Cette dernière se leva et, se tenant aussi droit que possible, récita d’une voix bien forte :

- Les Chimères sont apparues il y a plus de 1000 ans. C’est elles qui ont créé le monde comme il est aujourd’hui. C’est elles qui nous ont tous donné la vie, mais elles peuvent aussi la reprendre.

Adamarys désigna un autre enfant qui se leva à son tour, tandis que la fillette se rasseyait.

- Les Chimères étaient trop puissantes pour qu’on puisse vivre normalement au début. Elles allaient tout détruire avec leurs grands pieds. Alors les Héros les ont affrontées, pour que l’on puisse être tranquille, et ne pas risquer de mourir en allant travailler.

La brune hocha la tête d’un air satisfait. Les bases étaient là, elle n’aurait pas besoin de reprendre les explications depuis le début.

- Et alors, est-ce qu’il faut avoir peur des Chimères ? Est-ce qu’il faut s’en débarrasser pour ne plus être embêté avec leurs grands pieds, comme l’a dit votre camarade plus tôt ?

Toutes les têtes se secouèrent vigoureusement, et certains posèrent même la main sur leur bouche d’un air exagérément effaré.

- Oh, non, mademoiselle ! Morgrys a essayé il y a longtemps, et toute une région a explosé ! Nous devons les respecter, et les protéger, car ce sont nos Créateurs.

- Oui, tout à fait ! Ce sont nos Créateurs. Et nous devons faire très attention à ce que personne ne leur fasse de mal. C’est à cela que servent nos Archimages, comme M. Vétérini. Ils les protègent, pour que rien ne nous arrive. Pour que d’autres régions n’explosent pas.

Adamarys sourit. Son auditoire était concentré sur ses paroles, et paraissait prêt à aller plus loin dans l’exploration du passé. Elle prit le vieil ouvrage qu’elle tenait encore contre elle dans ses mains, et le regarda un instant. D’un geste instinctif, elle caressa la couverture abîmée, comme elle l’avait si souvent fait avant de parcourir ses pages épaisses et jaunies. Elle aimait sentir le grain du cuir et du papier sous ses doigts. Comme si, par cet acte, elle pouvait se rapprocher de ceux qui avaient noirci les feuilles des centaines d’années auparavant. Reportant son attention sur sa présentation, elle poursuivit :

- Mais des personnes les ont affrontées il y a longtemps, c’est vrai. Les Chimères étaient incontrôlables à cette époque-là. C’était nécessaire, parce que sans ça, nos ancêtres auraient tous disparu. Nous n’existerions pas.

Rien qu’à cette pensée, la plupart des gens éprouvaient la sensation étrange que leur vie tenait à peu de choses, et Adamarys ne faisait pas exception. Plus elle avait traduit de fragments de l’ouvrage qu’elle tenait entre les mains, plus ce sentiment vertigineux l’avait envahi. Son intention n’était pas d’effrayer les enfants, mais il était important qu’ils comprennent qu’ils devaient à ces combats tout ce qu’ils connaissaient.

- Ces affrontements ont été le début d’une ère de paix et prospérité pour le peuple d’Ezylone. Nous devons nous en souvenir, pour ne jamais oublier d’où nous venons. Vous connaissez la comptine ?

Toute la classe hocha la tête d’un même mouvement, et se mit à fredonner un air que chacun en Ezylone se devait de connaître.

On avait utilisé le pouvoir de Torskan pour le ralentir, et Torskan avait succombé.
On avait poussé Noüs dans ses ultimes retranchements, et Noüs s’était détruit.
On avait donné à Terabithia plus qu’elle ne pouvait recevoir, et sa peau s'était craquelée.
On avait mutilé Samui, et, brisé, Samui s'était reclu.
On avait anéanti les enfants de Seaphyr, et Seaphyr avait sombré.
On avait réduit Groumä au silence,et Groumä s’était tu à jamais.
On avait contré la puissance d’Apophis, et ses fils n’étaient plus.
On avait convaincu Khyal, et Khyal s’était rendu, nous sauvant tous.
Ainsi, les Héros ont vaincu les Chimères.
Ainsi, les Héros ont pu faire prospérer notre ère.


Le sourire de l’Enseignante était si large qu’Adamarys s’attendait à tout moment à ce qu’elle ait une crampe. Visiblement, elle était fière de ses élèves, et ravie qu’une Chercheuse puisse être témoin du bon travail qu’elle avait effectué. Après avoir applaudi consciencieusement, la brune fit signe à la classe de se calmer avant de reprendre son histoire.

- Et bien figurez-vous, les enfants, qu’en fouillant dans les vieux ouvrages datant de cette époque, j’ai pu faire d’étonnantes découvertes.

Elle ouvrit le livre usé qu’elle avait apporté à une page marquée à l’aide d’un morceau de papier, à moitié effacée par le temps.

- Une certaine Odéline a retranscrit les combats. Ce n’était pas facile à lire, car beaucoup de mots sont effacés, et c’est écrit dans une langue ancienne, difficile à traduire. Mais j’ai découvert que les Chimères n’ont pas toujours eu cette forme !

La classe retint son souffle, surpris par la révélation qu’Adamarys leur faisait. Cela faisait quelques années à présent que les Technologues avaient appris cela, cependant la majorité de la population l’ignorait encore. Il n’était donc pas étonnant que beaucoup affichaient une mine ahurie.

- Oui. Odéline les décrit comme des êtres humanoïdes, très puissants. Apparemment, les Héros les auraient transformés en monstres pour diminuer leurs pouvoirs. Imaginez à quel point ils devaient être impressionnants, fascinants … Personnellement, j’aurais tout donné pour pouvoir les étudier.

La passion faisait à présent briller ses iris dorés. L’inconnu était ce qui l’attirait le plus. Ou plutôt, élucider ce qui était encore un mystère, découvrir ce qui était encore caché aux yeux du monde, expliquer ce que tout le monde considérait comme trop compliqué. C’était ça qui la faisait se lever le matin.

- J’ai aussi appris, poursuivit-elle, qu’autrefois, notre monde ne portait pas tout à fait le même nom.

- Comment s’appelait-il, mademoiselle ? demanda la fillette qui avait pris la parole la première.

Avec un sourire mystérieux, Adamarys répondit :

- Elysion.
Anonymous
Loutre
OnlineEn ligne
Re: Épreuve 3 - Ezylone & ElysionDim 18 Avr 2021, 13:52
Odéline
Odeline

Tombée du ciel un jour, elle n’a aucun souvenir de qui elle était avant, mais a des pouvoirs à part. Parmi eux, elle est dotée d’une connaissance encyclopédique sur le monde entier, y compris l’avant Elysion, lui valant par ses amis le surnom de “Future Déesse du Savoir”. Après avoir construit de rien une vie de famille, elle décide de fonder un orphelinat pour recueillir tous les enfants, et particulièrement ceux dont les parents sont morts à la guerre qui déchire son monde.


Elysion


Elysion en quelques mots, si ça vous intéresse:

L’air était saturé de l’odeur d’un monde en train de s’éteindre. Loin, très loin, se déroulait encore un combat qui changerait la face du monde.
Tout contre elle, Odéline tenait un enfant, trop jeune encore pour avoir conscience de l’effondrement qui les entourait. Elle lui caressait la tête, en chuchotant, doucement, tendrement, une berceuse, pour lui comme pour les autres orphelins qui peuplaient cette pièce protégée par tant de magie qu’elle en devenait inaltérable.
Chacun savait que si quoique ce soit d’Elysion devait survivre, c’était ici qu’il fallait le cacher. Alors, c’est ce qu’ils avaient fait. Les quelques grands mages toujours vivants s’étaient associés aux légendaires maîtres forge-runes qui peuplaient encore leur monde, et ils avaient créé une capsule inaccessible, protégée. Ils y avaient entreposé du savoir, des livres, et elle, avec les enfants qu'elle recueillait et chérissait depuis des années. Elle devait les protéger. Ils devaient rester vivants.
Lorsque, des décennies plus tôt, elle avait créé cet orphelinat, elle n’aurait jamais cru devenir gardienne de son monde, mémoire de la vie. Ainsi donc, on ne s’était pas trompé en l’appelant “Future Déesse du Savoir”. Un sourire sur les lèvres à cette pensée, elle attrapa près d’elle le livre et la plume. Elle devait écrire, encore, encore, pour que, si jamais elle aussi venait à disparaître, jamais on n’oublie. Là était sa mission: Odéline devait être la mémoire.

C’est lorsque s’ouvrit la porte qu’elle comprit que tout allait basculer, que ce serait bientôt la fin. Une jeune femme entra. Elle paraissait avoir environ son âge, vêtue d’une robe blanche et d’un chaperon rouge . Son regard bleu, absent, balaya la pièce, jusqu’à la trouver, elle, qui venait de se lever.

Douceline.

Oh, évidemment, elle la connaissait. Tout le monde la connaissait. Douceline était la sœur de l’Ombre. Elle était peut-être l’unique part d’humanité du monstre qui, depuis des années, menaçait ce monde. Elle avait permis aux armées des ténèbres de rester en vie alors qu'ils auraient dû mourir. Cent fois elle avait rebattu les cartes. Ses soldats ne périssaient jamais.
Pourtant, lorsqu’elle avait vu ce que son frère faisait subir au monde, elle avait décidé de partir.

Douceline avait trahi, et grâce à elle, l’obscur pourrait être éliminé. Grâce à elle, le monde s'éteindrait, mais ne sombrerait pas dans un chaos sans fin.

Douceline ouvrit la bouche, et Odéline recueillit son témoignage.

Je n'ai jamais voulu tout cela. Je n'ai jamais voulu être une Réprouvée. Je voulais juste protéger mon frère. Lui permettre de créer le meilleur des mondes. Mais un monde meilleur ne signifie pas qu’il sera meilleur pour tous: pour certains il sera pire. Il le savait, c’était ce qu’il voulait. Je ne l’avais pas compris.

Douceline avait livré aux mages le secret pour vaincre l’Ombre, pour faire tomber les Réprouvés, et c’était à des kilomètres de là que l’affrontement avait lieu. Partout le monde brûlait, tombait, s’effondrait. Des races entières avaient été décimées, mais Odéline était là, pour en maintenir la mémoire, pour que jamais on n’oublie.

Je ne peux pas sauver ce monde, mais je peux nous sauver. Mon frère n’aura pas Elysion, car d’Elysion il ne restera rien, sauf vous.

Douceline, elle aussi, à sa façon, venait d’empêcher le monde de disparaître. Ensemble et séparément, comme deux faces d’une seule pièce, elles avaient dansé sur un étroit listel afin que jamais Elysion ne s’éteigne tout à fait.
Douceline avait rempli sa mission. Jusqu’au bout, elle avait porté le monde et lui permettait de renaître. A présent, elle pouvait partir, et alors qu’Odéline fermait la porte derrière, elle s'évanouit dans le néant.

Vaincue.

La pièce entière trembla. L’enfançon toujours dans les bras, elle courut à une fenêtre. Autour, c’était comme s’il n’y avait plus rien. Un champ entier de ruines, de débris. Plus aucune maison n’était là.
Le Palais, au loin, avait perdu son toit, ses tours, et était entièrement léché de flammes. La Reine qui, quelques instant auparavant encore regardait son monde disparaître gisait, désarticulée, loin du regard du monde.
Là où auparavant il y avait la ville puis les plaines, il y avait aujourd’hui un trou béant, une faille immense. Le reste de son continent s’éloignait coupé en deux par la magie de l’obscur.

Odéline le savait: ils avaient vaincu. Les Réprouvés, un à un, avaient été emprisonnés, scellés de nouveau, éparpillés sur la planète. On espérait que jamais ils ne puissent renaître, on espérait briser la permanence du Mal, son retour sans fin, sa corruption inarrêtable.
On avait utilisé le pouvoir de Belphégor pour le tuer, et Belphégor avait succombé.
On avait poussé Lucifer dans ses ultimes retranchements, et Lucifer s’était détruit.
On avait donné à Leviathan plus qu’elle ne pouvait recevoir, et Leviathan avait explosé.
On avait démantelé Satan, et, éparpillé, brisé, Satan avait été vaincu.
On avait réduit Mammon au silence,et Mammon s’était tu à jamais.
On avait contré la puissance d’Asmodée, et Asmodée n’était plus.
On avait convaincu Douceline, et Douceline s’était rendue les sauvant tous.
Alors, et uniquement alors, on avait pu attaquer l’Ombre. Alors, et uniquement alors, l’Ombre était vulnérable. Alors, et uniquement alors, tous avaient uni leurs forces dans un dernier élan et ils avaient anéanti les Ténèbres qui rampaient depuis si longtemps. Puis, eux aussi, ils avaient disparu.

Il n’y avait plus d’obscurité sur Elysion. Il n’y avait plus rien, sur Elysion, et les larmes qui désséchaient ses joues étaient celles que tous les elysionniens n’avaient pu verser avant leur fin. Tous ceux qu’elle avait aimés n’étaient plus. Sa maison n’existait plus, et aucun des lieux dans lesquels elle avait bâti tant de souvenirs ne subsistait. Elle n'aurait même plus le droit à la nostalgie.
La guerre avait tout rasé, tout détruit, tout changé. Même les continents n’étaient plus, l’Ombre avait tout bouleversé alors que sa puissance insondable déferlait sur leur monde.
Il ne lui restait que cette pièce, ces livres, ces enfants. Devant elle, il s’étendait un long futur, une route vide, une page vierge. Elle savait tout, elle connaissait tout du passé, de tous les passés, de toutes les ères. Elle était la seule mémoire qui existait encore, et ce récit, elle devrait le transmettre aux enfants qui près d’elle dormaient.
Elle savait que pour qu'une histoire commence, il fallait qu’une autre s’achève, et que la fin du monde était loin encore, mais c’était son monde qui venait d’arriver à son terme. Sa douleur était immense et infinie, mais elle se relèverait, et elle transmettrait.
Elle savait que l’explosion qui venait de tout raser permettrait à une nouvelle civilisation de jaillir, de construire à son tour. Elle savait aussi que cette civilisation reverrait l’Ombre et ses Réprouvés. On ne se débarrassait jamais d’une telle menace, jamais complètement. Douceline avait été claire: elle avait fini par sauver son frère, par les sauver tous. Odéline n’avait aucun doute, ils reviendraient. Evidemment, ils auraient une autre forme, évidemment, ils seraient différents. Leur soeur qui avait fait le choix de disparaître, leur soeur qui avait fait le choix de se rendre à ceux qui préféraient mourir plutôt que voir leur monde envahi par l'obscurité les avait peut-être sauvés. Celle qui s’était présentée à Odéline, celle qui lui avait livré son récit, avait un incroyable pouvoir. Elle était seconde chance. Peut-être que cette puissance bienfaitrice permettrait aux Réprouvés de devenir meilleurs, sous une autre forme.

Penchée sur son livre, Odéline écrivait. Elle avait posé le tout-petit dans un berceau, et à présent, elle écrivait ce qu’il s'était passé, ce qu’on lui avait dit, ce qu’elle avait vu, afin que jamais ce savoir ne se perde, afin que jamais on n’oublie Elysion et ses luttes, lorsque soudain, près d’elle elle entendit une petite voix hésitante, la voix d’un enfant qui apprenait encore à lire et qui, à grand peine, déchiffrait les caractères sous ses yeux. La voix d’un enfant qui zozotait encore, la voix d’un enfant qui ne savait pas, ne pouvait pas mettre les lettres et les sons dans l’ordre.

E - zy - lon ?

Elle faillit le corriger, mais sourit en lui caressant les cheveux. Il était le futur. Il pouvait bien appeler son monde comme il le souhaitait.
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