Naja Mizuko (Meuh)Naja est un esprit de l’eau (aussi appelé "être de l’eau") capable de manipuler l’eau et la générer. Elle peut également prévoir la météo, la ressentir à l’avance. Elle a vécu toute sa vie dans l’océan, soit des siècles, et ne vit parmi les humains que depuis moins d'un an.
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Open World à la volonté de donner à ses membres la possibilité de jouer dans les univers qu'ils souhaitent et ce, sur une seule et unique plateforme. En somme, on peut faire à peu près tout ce qu'on veut dans quatre mondes permanents : Vardenberg, Divinadell, Montréal et la Station 42. Il est également possible de se plonger dans d'autres univers lors de semestriels.
Pour cette épreuve, je jouerai Naja Mizuko qui évolue dans le monde de Divinadell, ville fictive située près de la forêt de Brocéliande en France. C’est un univers citylife fantastique dont la particularité est que parmi les humains, se cachent des êtres surnaturels appelés “Autres”. Ce groupe particulier est composé de loup-garous, de sirènes, de vampires, de sorciers et d’esprits de la nature (comme Naja).
Comme tous les vendredis, Naja se rendit dans le café de son ami Michel, tôt dans la matinée. Ils se voyaient ainsi avant chaque ouverture, afin de l’aider tranquillement à apprendre la lecture, dans ce café-librairie qu’il possédait. Vivant depuis maintenant un an parmi les humains, mais sous couverture d’une vie recluse, elle avait gardé ce prétexte pour lui demander son aide. Mais cette fois, après plusieurs mois de séances avisées, elle comptait lui rendre la pareille d’une façon simple au premier abord, mais qui lui demandait pourtant beaucoup d’efforts.
Pour te remercier Michel, cette fois c’est moi qui ait une histoire à te raconter. Installe-toi bien confortablement. Je ne sais pas si tu as entendu parler de cette légende, alors tu me diras ce que tu en penses quand j’aurai terminé.
Naja alla s’asseoir à côté de son ami, imprégnée de toute la candeur qu’elle dégageait. Elle s’installa en tailleur sur le fauteuil et son regard fixa un point dans la pièce, se perdant peu à peu alors qu’elle se plongeait dans son récit.
Il était une fois, il y a fort fort longtemps, un esprit de l’eau qui vivait dans les mers d’Asie. Cet être de l’eau avait une silhouette presque humaine, mais était complètement composée d’eau, ce qui la rendait indiscernable sous la surface. Elle vivait ainsi sous la mer, entourée par les poissons et autres créatures qui la peuplaient.
Elle s'amusa longtemps avec eux, alors qu’elle développait ses pouvoirs de manipulations aquatiques pour les impressionner. Parfois, c'était en faisant des paris sur la météo qu’ils occupaient leur journées, bien qu’elle leur cachait son talent de prédiction météorologique et qu’elle en abusait. Cependant, après quelques dizaines d’années, elle commença à errer sans but et se laissa porter par les courants, s’étant lassée malgré elle des conversations avec ses amis aquatiques.
Un beau matin, à l’aube, alors que la mer était calme et silencieuse, elle se réveilla avec sa solitude désormais bien installée. Prise d’un besoin de changer d’air, c’est en remontant à la surface, ce jour-là, qu’elle se rendit compte à quel point elle avait dérivé et à quel point le monde du dessus avait changé. D’étranges objets en bois se construisaient à la surface, créés par les mains de créatures qu’elle n’avait jamais vues. Des humains.
Alors intriguée, sa curiosité la poussa à se rapprocher. Elle roda toute la matinée dans le port, dans la plus grande des discrétions et pourtant, avec les yeux bien fixés sur ces êtres qui l'attirait. Elle les observa dans leur quotidien, s’habituant rapidement à leur langage peu différent du sien tout compte fait, et devint peu à peu lassée de sa solitude.
Lorsque le soleil atteint son zénith, la demoiselle composée d’eau eut une idée. Envieuse de les rejoindre, elle tenterait une sortie sur la terre ferme. Cependant, elle se rendit rapidement compte que la mer dans laquelle elle vivait ne la laisserait pas la quitter, lui rappelant aussitôt à quel monde elle appartenait.
Frustrée, elle rôdait dans le port tout au long de l’après-midi. Les hommes allaient et venaient, parlaient entre eux, construisaient… Quand soudain, lorsque le soleil amorça sa descente, l’un d’entre eux mit les pieds dans l’eau et s’y engouffra jusqu’au torse. Surprise, elle se fit là encore des idées. Peut-être qu’eux aussi, savaient nager. Peut-être qu’ils pourraient devenir amis et, ainsi, ils n’auraient plus jamais à se quitter.
Le soleil continuait de descendre peu à peu dans le ciel, tant et si bien que l’homme retourna vers la plage. Dans un élan désespéré, l’esprit sortit la tête de l’eau et l’interpella : “Ne m’abandonne pas”. Elle se cacha aussitôt sous la surface et, comme attiré, l’homme s’avança sans réfléchir, peut-être persuadé qu’une personne se noyait.
Naja continua son récit, le regard toujours perdu dans le vague et à la fois emprunt d’une lueur de tristesse. C’était là que tout se compliquait. Bien qu’elle ne se désignait pas elle-même dans le récit, et que Michel ne savait rien de ce qu’elle était réellement, elle craignait son avis une fois qu’elle aurait terminé. Pourtant, elle avait besoin de l’entendre, de savoir ce qu’il en penserait, et si un homme aussi appréciable que lui serait apte à lui accorder le pardon.
Bien vite, la magie qui entourait cet être de l’eau et son appel rendit l’homme totalement sous son influence. Il se laissa guider vers elle, s’éloignant peu à peu de la plage sans détourner le regard. Cette magie, aucun d’eux n’en avait conscience. Elle pensait tout simplement qu’il répondait à son appel de son propre gré et, heureuse, elle rompit la distance qui les séparait pour lui tendre la main.
Lorsque l’eau de son corps entra en contact avec la main de cet homme, l’être sentit sa chaleur se diffuser dans son corps. Une chaleur douce, réconfortante, une présence qu’elle vit aussitôt comme rassurante. Soulagée, elle lui intima de la suivre, pour lui faire découvrir son habitat. Elle nagea légèrement devant lui, allant vers le fond et celui-ci la suivit mais, bien rapidement, elle ne le vit plus à ses côtés.
Au moment où elle tourna la tête, elle s’aperçut que l’homme, six pieds sous la surface, était en train de s’agiter. Ne comprenant pas ce qu’il se passait, elle l’attrapa par la main et l’attira un peu plus vers le fond, lui garantissant que c’était bien par là qu’ils devaient aller. Mais ce qui devait arriver arriva et, après de longues secondes, le regard de l’homme s’éteignit.
Confuse, l’être de l’eau se figea et toucha son visage du bout du doigt. Elle crut à une farce, comme faisait ses amis poissons parfois en se tournant sur le dos, et se mit à rire en lui disant d’arrêter. Mais l’homme ne bougea pas. Prise peu à peu de panique, perdue, elle le tira de nouveau mais, cette fois, vers la surface. Elle le secoua quelque peu, lui demanda de parler, mais... en vain.
A peu près dans le même temps, sur la plage, d’autres humains arrivèrent et commencèrent à crier. “Il s’est noyé ! Il faut aller le chercher !”. Désorientée et affolée, elle ressentit l’atmosphère se charger et la tension grimper en flèche. Terrée sous la surface, elle les observa venir récupérer leur camarade, tremblante devant ce qui se passait sous ses yeux.
Le crépuscule s’installait. Son for intérieur était complètement perturbé, autant que la mer qui l’entourait. Les vagues devenaient tumultueuses tandis que l’être était rongée par l’incompréhension, frustrée, et la colère qui la gagnait s’en ressentait. Toute la tension qui s’était accumulée à la surface l’affectait et, lorsque l’orage qu’elle craignait arriva… Elle aussi, elle craqua.
Tiraillée entre la culpabilité et la rage, elle s’enfonça dans les profondeurs aussi sombre que le ciel l’était. En cette nuit de tempête, tout en elle bouillonnait. Déboussolée, elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Rien n’expliquait ce qui avait tout fait déraper. Pendant des heures, elle erra parmi ces contrées obscures, ne retrouvant le calme qu’à l’aube d’une nouvelle journée, une fois le ciel apaisé.
Il est dit dans la légende que, rongée par la solitude, l’esprit de l’eau a tant bien que mal essayé de réitérer l’expérience et que les échecs se sont accumulés. Ce jusqu’au jour où un autre esprit de la nature l’a rencontrée, lui expliquant la dualité entre ses intentions et ce qui s’était passé. Depuis, la légende raconte qu’il l’a prise sous son aile et la guide sur le chemin de la repentance. Qu’ils ont trouvé un moyen de la faire venir sur la terre ferme pour chercher le pardon, tout en atteignant le but de sa vie : se mêler aux humains…
Sur ces derniers mots, Naja était émue. Un léger sourire triste et nostalgique aux lèvres, elle eut une pensée pour Lif, qui l’avait recueillie après une tentative ratée de l’emmener, lui aussi. Depuis, une amitié forte, un lien indissociable s’était formé.
La demoiselle tourna la tête et releva timidement les yeux vers Michel, attendant que le silence soit brisé. Depuis, la dualité et la culpabilité la rongeaient. Elle avait même guidé les marins de nombreuses fois pour éviter les tempêtes, pour les sauver, mais est-ce que cela permettait de tout effacer ? A ses yeux, aux yeux de n’importe qui d’autre, passerait-elle pour une meurtrière, ou pour un être esseulé, aveuglé par la solitude ? Serait-il apte à la comprendre, à lui laisser une chance de se faire pardonner ?
Alors, dis-moi cette légende… Qu’en as-tu pensé ?
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