Rappel du premier message :

Maksim Andréiévitch entre en soupirant dans l'écurie de la Milice. Sa journée a été rude, devoirs de caporal en pagaille, tournée qui l'oblige à attendre allongé dans la boue pendant presque une heure sous la neige, galère dans les vestiaires pour choper l'eau chaude et repas décevant à la cantine. Une rude journée comme un autre mais que la vie paraît longue et fade sans amis. Il devrait être heureux, ses ambitions semblent pouvoir être assouvies à long terme, il se doit de continuer à faire des efforts. Ne pas lâcher.

Mais pour l'instant, il n'a qu'une hâte c'est de passer du temps avec sa monture. L'étalon noir du nom de Fumée est calme, doux et Maksim croit comprendre en certains de ses gestes une sincère considération. Il repense au premier ami dont il se souvenait, Slava. Celui-ci est parti depuis longtemps. Ils se sont connus à l'école mais ce n'était visiblement rien pour lui. Puis ses pensées se dirigent vers Klasya. Il ne s'est pas disputé avec le jeune homme à proprement parlé mais quand le jeune milicien a rencontré son le frère adoptif de Klyde, Pasha, celui-ci l'a énervé et il semblerait que ce soit lui en tord. Misère… Y a-t-il un problème avec lui pour ne pas pouvoir conserver le peu d'amis qu'il a ? Bah, il a toujours Fumée.

L'animal hennit en l'entendant arriver.

Inhabituel.

La lampée de bière lui paru plus amère à ces mots, le faisant soupirer. "Je connais..." avoua le brun en se levant à son tour papouiller le cheval. "Au prieuré, j'avais aussi ce genre de soucis avec les autres enfants. Seuls Nika et Pavel m'ont pleinement accepté sans jamais me faire de remarque, ni regardé bizarrement. Les prêtres avaient bien sûr vérifié mes yeux et n'avaient rien constaté de démoniaque mais ça n'empêchait pas les rumeurs."

Maksim, lui, n'a pas beaucoup lapé sa bière, la discussion l'intéresse trop. Et il n'a plus besoin d'alcool pour se sentir bien. Il est avec un ami.
"Tes yeux n'ont rien de spéciaux ! Ils sont gris, c'est normal ! lâche Maksim avec un peu d'énervement. Ceux qui t'ont dit qu'ils étaient bizarres ou moches sont des idiots !"
Il reprend plus calmement tout en caressant le poil noir de Fumée :
"Les prêtres t'ont jugé ? J'ai dû passer un test sanguin pour le prouver."

Ils étaient plus morts qu'idiots désormais mais... Donc même la science avait - apparemment- désinculpé Max d'être un démon ? Une preuve de plus que Dieu était bon de le lui avoir présenté. "Ils brillent. J'ai entendu parler de ces tests. Les prêtres ne voulaient que le mieux pour nous, j'ai confiance."

Maksim ne doutait pas de la sincérité de Klyde. Tout le monde s'illusionne sur quelque chose.
"Rien à voir mais… Ça te dirait d'aller au bania avec moi un de ces quatre ?"
Klyde pouvait tout à fait ne pas vouloir se dévêtir devant un prêtre mais devant un ami aussi dénudé que lui, en parfaite égalité, là ça signifierait qu'il cache quelque chose sur son corps, comme des blessures dues à des sévices corporelles trop importants. Hypothèse que Max ne lâchait pas.

Le joli ange qui passa..... "..... au quoi ?" Pour une fois, ce fut lui qui fut complètement décontenancé par le changement de sujet.

"Le Bania, c'est très bon pour la santé. Il y a de l'eau chaude, du savon, on se purifie le corps et le sauna enlève toutes les impuretés du corps. À long terme, tu peux même améliorer ta résistance aux changements de température," vend Maksim en se servant une gorgée de bière (pour la forme).

"Mais j'ai déjà une baignoire chez moi, pas besoin de m'emmener au... bania ?" répliqua Klyde sans saisir la logique. Max pensait qu'il n'avait pas de savon chez lui ? D'accord il évitait les odeurs trop fleuries pour ne pas alerter les démons mais son hygiène restait irréprochable. Quand à la résistance au changement de température, son corps était rôdé depuis longtemps.

"Mais c'est spacieux et il y a le sauna, c'est une pièce chauffée avec un poêle et plein de vapeur, ça aide à détendre les muscles et se relaxer. C'est un des rares plaisirs de la vie, confie-t-il. On n'est pas un vrai russe si on n'est jamais allé au bania !"
Est-ce que cet argument va marcher à nouveau ? Klyde semble parfois plus enclin à faire comme ça lui chante, et tant pis pour sa réputation de marginal.

La manœuvre de l'albinos semblait moins fonctionner cette fois car le Guide ne voyait pas en quoi prendre un bain était plus culturel que d'avoir goûté de la vodka : il y avait bien plus de probabilité qu'il se retrouve avec un verre à la main en mission que dans une baignoire avec quelqu'un d'autr... minute. "Tu veux qu'on prenne un bain ensemble ?!!" tilta le brun.

Le cheval suit "Oui, ce sont des bains publiques, c'est traditionnel. Pour discuter et prendre du bon temps, comme jouer à la paume ou regarder une pièce de théâtre."
Mais nu.
"C'est une tradition ancestrale. Les amis qui ont fait ça ensemble sont de vrais amis après ça."
Maksim exagère un petit peu, les gens peuvent aller au bania sans devenir amis mais c'est tout de même une chouette activité !

"Mais..." tritura-t-il sa bouteille avec nervosité. "Je... c'est que, je ne suis pas très à l'aise avec... heu... cette idée. Tu es mon ami oui mais c'est... et bien..." Il se perdait de plus en plus, ses pensées rebondissant comme une balle de jeu de paume. Il ne voulait pas perdre Max, il l'appréciait et un lien avec la Milice lui serait toujours utile, mais il ne voulait pas non plus qu'il en devine trop sur ses activités rien qu'en voyant les blessures sur son corps.

Maksim décide de se la jouer plus tactile car il sait que Klyde réagit bien à ce genre de chose. Le jeune homme pose sa main sur l'épaule du garçon d'une façon qui se veut rassurante.
"Tu sais, tu n'as pas besoin de le cacher. Je sais pour tes cicatrices."
Je ne suis pas idiot.

La balle disparut brutalement dans les limbes de son esprit alors que ses pupilles n'étaient plus que deux billes givrées sous la surprise. {Méfit-toi toujours Trésor, il est loin d'être sot.} Certes mais que pensait-il avoir deviné exactement ? "C-comment ça ?" balbutia Klyde.

"Tu n'as pas de cicatrices partout ? Dans le dos, sur les bras, les jambes ? C'était qui qui te faisait cela ?" insiste Maksim, décidé à ne pas laisser Klyde profiter d'une excuse facile.

Oh Seigneur, qu'il aimerait pourtant, se défiler. "La main c'était un accident ! Et p-pourquoi je serais blessé là ?" Il fallait qu'il sache où Maksim voulait en venir et transformer la vérité dans son sens.

Klyde n'avait pas démenti !
"Ton comportement le prouve. Tu t'excuses beaucoup trop souvent, tu fuis le regard et tu marches sur le côté, comme un chien fréquemment rossé qui cherche à voir venir la prochaine bastonnade. Mais moi, ça ne me dérange pas les cicatrices, j'en ai moi-même et puis je ne te veux aucun mal puisque nous sommes amis."

"Rossé..." murmura le garçon perdu et sans l'ange pour le soutenir, il aurait sûrement compris les choses de travers. Encore. "Tu penses que... je... on... que quelqu'un me bastonnait ? Au.. au point d'être blessé ?" Klyde eut un faux hoquet de rire nerveux. "Non, c'est absurde, c'est..." Mais le sourire qu'il essaye de nouveau de vint pas et il baissa la tête, fixant les sabots de Fumée.

Maksim n'a plus eu beaucoup de contact physique une fois sorti de l'enfance, vers ses quatorze ans. Hormis les câlins non-consentis de sa sœur. Mais il sent que Klyde en a encore besoin alors il enlace le petit caneton dans ses bras pour le réconforter en silence, le temps que les paroles imprègnent son cerveau.
Jamais le père de Maksim n'avait posé la main sur lui mais ses paroles ne le blessaient pas moins.

La main blanche et celle gantée aggripèrent le manteau du milicien alors que le Guide se blotissait dans cette étreinte. Le visage enfoui dans le col de Maksim, Klyde ferma les yeux et se laissa aller à cet instant, au chaud et dans une sécurité relative. Pourquoi Pasha ne le prenait jamais dans ses bras comme ça ? Est-ce encore un concept obscur lié à l'amitié ? "Le dos surtout..." murmura-t-il, le son à moitié étouffé. "Et je ne veux pas les montrer, à personne."

Maksim tapote les cheveux de Klyde. Les paroles de ce dernier lui parviennent aux oreilles.
"Oui, je me doute mais ce n'est pas à toi d'en avoir honte. Sache que tu peux m'en parler si tu le souhaites. Ou à Fumée."
L'étalon hennit en entendant son nom et balaye l'épaule de Max avec sa lèvre.

"Je n'ai pas grand chose à dire sur ça, c'est passé" reprit Klyde en bougeant seulement la tête pour parler plus clairement. Le souffle du cheval au-dessus de lui était incroyablement chaud également. "Je n'aime pas parler de ma vie au prieuré Max, je ne souhaite pas être pris en pitié ou qu'on pense à mal. J'étais un enfant terriblement indiscipliné et c'est Pavel qui m'a aidé à... aller mieux, il me protégeait et m'expliquait ce que je ne comprenais pas. Je lui dois beaucoup, à lui et notre Père."

Pavel revient sur la tapis, celui-ci aidait Klyde, probablement. Peut-être.
"Toi, indiscipliné ? J'en doute fort. Je pense que c'est ce qu'ils t'ont mis dans la tête. On ne devrait jamais battre les enfants, surtout quand ils ne comprennent pas ce qu'ils ont fait de mal."

"Pourquoi tu ne me crois pas ? Quand j'étais vraiment petit, je n'écoutais pas toujours les adultes et j'étais très mauvais en classe." Puis y'a eu Sveta et Pavel. Après Nika et la pièce noire.

Maksim se recule pour regarder Klyde dans les yeux, acier contre émeraude, naturel contre artificiel, céleste contre démoniaque. Dans la chaleur de l'étable, personne n'est pas là pour les écouter.
"Très bien, cite-moi des bêtises que tu aies fait volontairement. As-tu négligé tes leçons, menti par objectif ou empoissonné un camarade par exemple ?"

Ses erreurs n'étaient pas de cette ordre-là ; c'était plus subtil et rien qu'il pouvait détailler. "Non rien d'aussi terrible. Enfin... si, mes leçons, peut-être. Je n'arrivais jamais à retenir comme il fallait, trop tête en l'air." Il simplifiait mais globalement, le message était là. "Tu étais comment enfant ?"