Rappel du premier message :



Les rayons de soleil perçaient entre les arbres de Central Park. Pendant ce milieu d'après-midi de semaine, le parc d'habitude si remplit, paraissait calme. Quelques joggeurs par-ci par-là, quelques maîtres promenant leurs chiens, des étudiants qui séchaient les cours pour aller se bécoter dans l'herbe...

Dans ce calme plutôt relatif, Lyli foulait les graviers à grands pas. Une enjambée après l'autre habillée de son sweat, "Proud to Be Mutant" et d'un legging de sport. C'était son petit rituel de s'entraîner au moins une fois par semaine dans le parc, avec ses écouteurs dans les oreilles.

Déjà, bien essoufflée, elle s'arrêta près d'une fontaine, sortant sa gourde de son sac a dos pour la remplir et faire une petite pause hydratation.

"Oui, toujours avec Mr Tuxedo, il suffit de bien l'accrocher. Comment vous protégez avec votre don si je puis poser la question ?"
Sa mutation est celui de la marionnettiste, non ? Donc comment fait-elle ? Il y a bien des moyens pour se protéger face à des situations spécifiques mais ce n'est pas un pouvoir défensif de prime abord. Elle doit être très intelligente pour avoir trouver le coup imparable.

- Hum... Je fais un cocon, on va dire ? Je peux produire des fils, du coup en assez grande qualité, je peux me faire couche protectrice. Par contre, c'est super fatiguant !

Pour illustrer ses propos, Lily ouvre sa main pour montrer une multitude de fils dedans comme si une araignée y avait tissé sa toile.

Aaron admire l'ingéniosité de la mutante, il ne manque pas de l'exprimer à voix haute.
"C'est formidable ! Comment l'idée vous est-elle venue ?!"

Les fils se rétractent doucement dans la peau. Lyli continue d'afficher un sourire mais ce coup-là, un peu plus mélancolique.

- C'est un peu comme ça que ça s'est manifesté au début. J'étais dans ma chambre et paff ! Un matin, il y avait des fils partout. Ca a été un sacré flippe pour moi et mes parents.

Aaron a conscience d'entrer dans la sphère intime de son interlocutrice. Il n'a pas l'intention d'écrire à ce sujet.
"Y a pas à dire, c.est plus spectaculaire que d'avoir ses règles, j'imagine."
Comment sa petite puce vivra-t-elle les siennes ? Aaron ne pourra pas aider.
"Quel genre de choses vous a aidé ?"

Lyli met un petit temps à réfléchir. Euh... Comment bien formuler ça ?

- Mes parents étaient très ouverts sur le sujet. Du coup, ils m'ont mis à l'aise assez rapidement. Après, il y a eut toute une période assez difficiles et plutôt stigmatisante.

Être mutant voulait dire ne pas trouver de "nouvelle famille".

- Mais c'est à ce moment-là que j'ai rencontré deux personnes que je considère maintenant comme mes frères qui m'ont beaucoup aidé à m'assumer.

Aaron ne voit pas du tout de quoi la jeune femme parle. Stigmatisant de quelle manière ? Et par qui ? Heureusement pour Aaron, les brimades glissent sur sa peau comme l'eau sur les plumes d'un manchot.
"Et la peluche visiblement !." dit-il avec bonne humeur.

- Oui ! C'est mon frère qui l'a faite ! Il a une mutation de frimeur qui lui permet de modifier la structure moléculaire des choses... Du coup, il peut faire ça !

Elle sourit tout en montrant la marionnette. La poupée de bois semblait avoir pas mal vécu avec des endroits plus lisses que d'autres et des rayures dans le bois.

Lyli fut décontenancée par la réponse. Un rire franc sortit de ses lèvres avant qu'elle ne se calme un petit peu.

- Je ne me moque pas hein ! C'est juste que l'idée de voir mon frère coudre est super marrant ! Nan, il peut modifier la matière. Transformer de l'eau en diamant par exemple...

Aaron n'est absolument pas physicien mais il sait qu'une molécule d'eau est simple tandis qu'un diamant est très dense.
"Cela doit lui filer un sacré mal de tête !"

- Ouais... Il était assez insupportable au début pour apprivoiser sa mutation.

Lyli marqua une pause tout en réfléchissant.

- Qu'est-ce qui vous a poussé à faire journaliste ?

Le regard de Aaron s'éclaire.
"J'aime m'intéresser aux choses et aux évènements, cela me permet de me renseigner et de savoir quelles informations sont vraies et lesquelles ne le sont pas. Je couvre parfois les grandes agitations mais ce que je préfère ce sont les héros du quotidien et les tranches de vie."

- D'accord... C'est vrai qu'a l'ère d'Internet, c'est tout de suite plus compliqué de démêler le vrai du faux... Vous travaillez pour quel journal si ce n'est pas indiscret ?

Peut-être qu'elle l'achèterait en rentrant pour voir ce qu'il faisait un peu. Après, elle n'était pas très papier, mais plus numériques et réseaux sociaux pour ce genre de choses.

"Je travaille pour le Cri de l'oie, rien que le titre m'a fait comprendre qu'ils avaient le sens de l'humour. Et oui, il faut se méfier des informations sur Internet, c'est Beethoven Carles, le batteur des Beetles qui l'a dit."
Aaron sait très bien que le batteur des Beetles ne s'appelle pas comme ça.

Le Cri de l'oie... Ok, elle s'en rappellerait peut-être.. Ou pas. Lyli eut une moue interrogative à la phrase du journaliste. Il déraillait ? Non, sûrement une blague sur les fakes news. Elle eu un petit sourire avant d'enchaîner.

- Et vous êtes ici pour écrire des news sur le parc ou bien, c'est juste un jour off ?

- Oh... Je vois... Vous n'êtes pas du genre à rester enfermer dans un bureau ! C'est vrai que de pouvoir avoir un cadre de travail comme celui-là, ça doit être top ! Vous venez ici tous les jours ?

Lyli sourit, supporter un collègue de travail ronchon... Ouais, elle avait son frère pour ça !

"Oui, quand il fait beau. Je suis trop maladroit pour tenir à la fois mon ordinateur et mon parapluie. Une fois, j'ai eu un accident… Si un sujet vous tient à cœur, vous pouvez m'en parler, je pourrais bien écrire un article sur le sujet. Hum… et sinon je comptais parler des mutants à l'école. Si vous avez des anecdotes à raconter, je pourrais étoffer mon article… pour sensibiliser les non-mutants au sujet."
Aaron ne pouvait pas parler des rumeurs qu'il avait entendu sur une loi.

- Aïe aïe... Je ne suis pas vraiment la bonne personne pour vous parler des mutants a l'école. J'étais plutôt cancre vous voyez !

Lyli se mit à rire a nouveau, le seul qui était bon a l'école et aimait ca c'était l'cureuil. Elle était plutôt préoccupée au deuil de ses parents et donc de se rebeller contre tout ce qui bougeait.

"C'est dommage. L'opinion publique des mutants est très bas en ce moment. Il s'agit surtout de méfiance et de méconnaissance. Si vous avez envie de parler d'un autre sujet, je peux toujours recueillir votre témoignage. Est-ce que je peux vous laisser ma carte ?"
Aaron avait entendu parlé d'un projet de loi et il n'aimait pas cette idée. Imaginez que sa fille se révèle être mutante ? Elle pourrait vivre fichée ou pire… marqué un signe qui la désigne pour cible.

- Elle a toujours été très basse pour les mutants, vous savez.

Elle récupéra la carte avec un petit sourire et la tourna dans tous les sens pour l'examiner.

- Je ne sais pas trop... Je ne pense pas avoir grand chose à dire, vous savez. Je pense que mon frère serait vachement plus intéressé par cet exercice que moi !

Aaron voit une nuance entre "très bas" et "bas", au moins a-t-il tenté de la prévenir.
"Ne doutez pas de l'intérêt de votre discours. Les imbéciles ne se gênent pas pour parler, ce serait dommage de les laisser prendre le pas sur la raison. Réfléchissez-y sérieusement."
Blanc.
"Enfin, je ne traite pas votre frère d'imbécile ! Je parle surtout des racistes. Enfin, bref, au revoir jeune joggeuse marionnettiste ! Euh… Avant que je ne parte, quel est votre nom ?"

Lyli eut un grand sourire. C'est vrai que l'erreur aurait pu être faite, mais de comparer son frère a un imbécile ne la gênait pas plus que ça.

- Lyli Fabian ! Et vous ? Au revoir journaliste amateur de Manchot !

Après que Aaron De Pietri ait donné son nom, la jeune femme s'en retourne à son jogging. Le journaliste trouve alors l'inspiration pour son prochain article sur les différents types de marionnettistes et leur signification profonde.