Rappel du premier message :




- MAIS LÂCHE MOI SALE CHOSE !

La voix d'Arior montait dans les aigues alors que les lianes piquantes s'enroulaient autour de ses chevilles. Il était seul au milieu de cette foutue forêt et s'adressait à la plante semi-consciente qui avait décidé d'en faire son repas (ou quelque chose de semblable). L'elfe noir n'avait voulu que traverser ce bois et il était en bonne voie de le faire. Avant que cette chose ne s'attache à sa cheville et refuse de le lâcher comme si elle avait trouvée son âme-sœur !

- Brûle en enfer !

Lança t-il en même temps qu'une gerbe de feu sur la plante, qui non contente de ne pas bruler, se trouvait ragaillardie par l'attaque et s'enroulait autour de lui de plus belle. Clairement, cette chose puait la magie. Mais s'il devait bruler 50 hectares de foret pour qu'elle lui lâche la grappe, parole d'Arior, ce ne serait pas ça qui l'arrêterait !

"Tout doux" c'est ce qu'on dit à un chien, pas à un orc. L'orc grogna (euh... comme un chien), pas très heureux d'être pris pour un toutou, mais le sorcier lui fit oublier sa colère en lui donnant une nouvelle tâche. BÂTON. Colère temporairement oublié, même si le pourcentage de chance de hache-contre-tête avait augmenté depuis leur première rencontre.

ZEN TROUVER BÂTON ! Il partit en courant.

- Fais donc ça...

Grommela le sorcier. Il savait ce qu'il allait faire de tout ça, mais ça n'éteignait pas sa curiosité pour cette bête insolite qu'il voyait dans le nuage qui s'estompait. Il faut dire que ça sentait la créature magique. Et Arior aimait les créatures magiques. Pour leur potentiel énergétique, évidemment.

L'image fini par se dissiper totalement et il attendit que Zen réapparaisse armé du bâton demandé.

Tel un bon chien-chien, Zenkûga retourna avec les bras rempli de bâtons. Ils n'avaient pas tous la forme demandée, mais certains bâtons avaient l'air tellement utiles pour assommer quelqu'un qu'il n'avait pu s'empêcher de les emmener. Il semblait également armé d'une citrouille et ce qui ressemblait à un chou. POUR ZEN JARDIN, expliqua-t-il, comme si ça allait avoir du sens pour le sorcier.

Arior regarda l'Orc, estomaqué. Il eut un instant dans l'idée d'essayer de comprendre, mais laissa finalement tomber. Ce serait une perte de temps. Comprendre un Orc ? Non. Vraiment, non.

Il fouilla dans le fatras ramené et chois un bâton en forme de Y suffisamment imposant pour être proportionné à la taille de Zen. La plante magique avait presque rendue l'âme mais il lui restait suffisamment de jus pour un petit enchantement.

Le sorcier posa la plume sur le batôn et se mit à psalmodier avec un air concentré. Le bâton tressauta plusieurs fois puis s'immobilisa. Il le prit et le tendit à Zen.

- Prend le, il t'indiquera la direction.

Le bâton.... lui indiquera.... la direction... ? Il y avait un manuelle qui accompagna la chose ou... ? L'orc prit la chose entre ses gros doigts, l'examina de tous les côtés, puis se gratta la tête. BÂTON MONTRER ZEN OÙ ÊTRE POULET ! cria-t-il à la branche, comme si elle allait lui répondre par terreur. (Si ça marche avec les plantes et les légumes, pourquoi pas les bâtons après tout !)

La stupéfaction devait se voir sur les traits d’Arior. Stupide. Orc.

- Mais ça ne marche pas comme ça enfin !

S’exclama t-il comme s’il parlait à un demeuré -ce qui était passablement le cas-. Il sauta pour lui arracher le bâton des mains.

- Regarde ! Il faut le tenir comme ça, par les deux bouts. Et ensuite attendre un peu… et… Magie !

Le manche du bâton tremblota et se souleva, tirant doucement l’elfe dans une direction. Il lui rendit le bâton.

- Essaie, tu n’a qu’a te laisser guider !

Même un orc saurait le faire. Non ?

Hein. Comment un faible petit bâton pourrait-il le propulser dans une direction comme ça ? Ca marchait peut-être pour ces petits êtres fins comme les elfes noirs, mais pas pour les puissants guerriers comme Zen. Quand il tint la chose entre ses mains, il sentit une force surnaturel se battre contre sa poigne, mais l'orc prit ça comme un challenge de force. MOI PAS ÊTRE FAIBLE COMME BÂTON.

- Mais laisse toi faire cervelle de troll !

S’énerva le sorcier. Est ce que traiter un Orc de Troll était vraiment une insulte ? Il n’en avait aucune idée, les deux races étaient bête comme leur pieds !

- Suis le bâton ! Il va te mener au poulet ! D’accord ?! Si tu le casses, tant pis pour toi ! Je ne t’en ferais pas un second !

Arior planta ses poing sur ses hanche comme une ménagère en train de réprimander ses marmots.

Zenkûga ne se faisait pas assez gronder pour reconnaître la posture. Même en la reconnaissant, il n'aurait cependant pas été très impressionné par la crevette qui était plus mince que ses cuisses. Mais... il comprit ce qu'il avait voulu dire. S'il voulait trouver le Voleur de Carottes, il devait se laisser guider par cet objet inanimé. Comme... un instinct. Oui, voilà ! BÂTON ÊTRE INSTINCT DE ZEN. Il grogna, puis hocha rudement la tête. Sa poigne se desserra et le bâton put enfin faire ce qu'il avait été construit à faire : lui montrer le chemin.

- C'est ça !

Appuya Arior comme si l'orc venait d'avoir l'illumination du siècle !

- Le bâton est ton instinct et tu dois écouter ton instinct pour trouver le poulet !

Il soupira de soulagement. Il allait être enfin débarrassé et quitte de ce monstre vert aussi idiot que ses pieds.

- Allez ! Bon vent ! Et bonne chasse au poulet !

OUI ! Il afficha encore ce grand sourire rempli de dents pointus. MOI EGORGER POULET, BRISER PATTES, DÉCORER MAISON AVEC ENTRAILLES PUIS REPRENDRE CAROTTES. Et il était bien fichu de lui donner un pouce en l'air. TOI FAIRE ATTENTION AUX PLANTES, SORCIER. PAS TOUJOURS ZEN ÊTRE DANS FORÊT. Et le voilà reparti. Le bâton lui indiqua d'aller à gauche donc l'orc disparut entre deux buissons en sifflotant.

- Je m’en souviendrais, oui.

Grogna t’il en jetant un regard foudroyant au reste de la plante magique. Arior n’aurait jamais pensé devoir sa vie -ou son intégrité- à une race aussi stupide, mais la vie était toujours surprenante. Il était libre de reprendre ses voyages et faire un petit crochet par une certaine maison, perdu au milieu d’un certain bois, habité par un certain mage humain ne serait sûrement pas une mauvaise idée.