Tout commençait bien à l'école des shamans : Cruz s'était tout de suite fait connaître comme le bout-en-train de la classe et les filles trouvaient ses cochons d'Inde trop mignons. Mais au bout de quelques semaines après son arrivée à Bruxia, des grands d'au moins un an de plus que lui se mettaient à l'embêter. Il ne savait pas ce qu'ils lui voulaient mais ils le traitaient de "chochotte", "crétin" ou de "niais". Le jeune shaman aurait voulu trouver Tanis pour lui demander une explication mais celle-ci était un esprit en quarantaine sur l'Île des Esprits pour l'instant.

Toujours était-il que les garçons dont il ignorait les noms le malmenèrent mais pas de façon à interpeller les professeurs, cela ne durait que deux secondes par jour, pas plus et ils n'en étaient pas encore venus aux mains. Mais Cruz voulait devenir ami avec tout le monde, pourquoi n'était-ce pas possible ?!

"Toujours là, le gaga aux hamsters ?
- Bonjour ! Ce ne sont pas des hamsters, ce sont des cocho--
- On s'en fiche, tu sais ? Tu crains !"

Le petit garçon de onze ans restait là sans comprendre. À l'image de ses cochons d'Inde, il était dénué d'agressivité.

« Halte là ! »

Une voix tonitruante et débordante de masculinité résonne dans les couloirs. La silhouette imposante d'un Esprit approche et se lance aussitôt dans un sermon :

« Il est normal que vous les jeunes ayez des différends, mais si vous êtes vraiment des hommes, ne vous faites pas honte. Seuls les lâches ont recours au harcèlement ! »

Vir se penche vers la victime, tout autant remonté.

« Et toi, petit. Tu comptes te laisser faire pendant longtemps ? »

Les autres élèves se sentirent mal et tentèrent de s'enfuir tandis que le nouvel esprit parlait à Cruz. Ce dernier les interpella avant de répondre à son interlocuteur.
"Eh, attendez, revenez !"

" Humpf. Être aussi lâche à cet âge, c'est une honte. " maugrée Vir, qui regarde la bande de gamins s'enfuir en croisant les bras.
Il se penche sur le petit qui est resté. Ses biceps semblent aussi chétifs que son esprit.
" Il va y avoir du travail... Mais tu as peut-être plus de potentiel qu'eux. "

Cruz jaugea l'esprit qui était plus baraqué que son père. Il ressemblait à une figure paternelle idéalisée et cela lui faisait penser à son papa qui lui manquait. Une correspondance par lettres ne remplace pas un main sur l'épaule et des conseils avisés.
"Merci, m'sieur l'esprit. Je m'appelle Cruz, et vous, quel est votre nom ?"