Rappel du premier message :



Le prêtre avait pris sa journée en prétextant une virée en forêt dédiée au gribalka. Il comptait de toute façon revenir à l'église avec suffisamment de champignons pour les distribuer aux plus démunis de sa paroisse. Ses années en campagne lui avait donné une sacrée expérience en chasse aux champignons !

Mais ce qu'il avait omis de dévoiler, c'était qu'il ne comptait pas les chercher en tant que Père Mikhaïl Azarov mais en tant... qu'un banal hibou harfang. C'était la première sortie sous sa forme animale qu'il se permettait depuis son retour à Moscou et il devait avouer que les sensations lui avaient manqué. Cette liberté ! Cette simplicité ! Cette exultation ! Que Dieu lui pardonne d'avoir ainsi laissé de côté sa prudence...

Micha avait donc laissé ses vêtements soigneusement pliés dans le panier à champignons, le tout habilement caché dans un buisson, et il s'était envolé dans son habit de neige et de nuage pour aller virevolter dans la douceur d'un ciel sans l'une ni l'autre.

Haut dans le ciel, dans les branches ou survolant les toits, l'oiseau perdait régulièrement le prêtre de vue. Suffisamment pour qu'on ne puisse pas les relier, trop peu pour ne pas le retrouver. Il voletait ça et là pour se nourrir, attrapant nombre d'insectes au vol. Le moment était idéal pour chasser.
Puis il perçut la destination de son lointain compagnon. Alors il réalisa un dernier ballet autour des lanternes qui venaient d'être allumées. La panse pleine, il mêla sa voix flûté aux chants du crépuscule. Une nouvelle fois, il s'envola. Il y avait non loin une fenêtre ouverte qui n'attendait plus que lui pour se fermer.

Micha sourit en coin en entendant les dernières trilles de l'oiseau qui s'éloignaient et s'engouffra dans la cage d'escalier menant à son appartement. Il avait une soupe de champignons à préparer pour les miséreux du quartier. Peut-être reverrait-il un jour le zoothrope drongo. Ses prières allaient l'accompagner en attendant.