Histoire (courte)

Mon récit commence il y a 777, alors que je venais de naitre. J’étais le second à être sorti de mon œuf, après mon frère. À peine né, et j’avais déjà perdu quelque chose… Cependant, je comptais bien me rattraper pour la suite ! Quelques minutes plus tard, alors qu’il ne restait plus qu’un jeune dragonneau qui n’était pas encore sorti de sa coquille, notre génitrice nous apporta un énorme morceau de viande. Je me jetai alors dessus pour être sûr d’en avoir la plus grosse part et ce fut certainement avec succès.
Les années qui suivirent furent toutes remplies de concourent de ce genre, selon moi en tout cas. À qui aurait une crinière en premier. Qui pourrait voler en premier. Qui aurait les plus grandes cornes ou les plus belles écailles. Et cetera, et cetera. Je gagnais des fois, mais il m’arrivait de perdre bien entendu. Ce n’était clairement pas les meilleurs moments de mon enfance, mais je faisais avec. Cela arrivait à tout le monde, même aux meilleurs.

Heureusement, ce n’était que le début de ma longue vie et la suite se montrerait plus prometteuse. Ou presque… Surtout que j'avais encore gagné sur un point : j’étais le premier à avoir quitter le nid définitivement. Mais peu de temps après, alors que je cherchais toujours un endroit où m'établir, un incident se produisit. La Crevette à Corne se rebella. Il décida qu’il était temps qu’on arrête de le charrier sur sa petite taille et sa faible constitution et il utilisa sa magie pour nous le faire regretter. Chacun à notre tour, il nous retrouva et nous le fit regretter. Je ne me souviens pas exactement ce qu’il m’avait fait, ni même ce qu’il a fait aux autres, mais une chose est certaine : c’était très désagréable et humiliant. Je me souviens très bien m’être pris pour une poule, ce qui est très dégradant pour un dragon comme moi, et qu’il m’a empêché de cracher du feu. Je me souviens surtout que pendant cette expérience, mon corps ne m’appartenait plus. Il pouvait faire pratiquement ce qu’il voulait avec ! Heureusement, il s'arrêta de lui même au bout d'un certains temps. Peut-être était-il fatigué ? Ou il en avait marre ? Dans tous les cas, je n'en avais rien à faire et je partis sans me retourner une seule fois. Je ne voulais plus le voir.

Par après, je trouvai la montagne qui allait être mon chez moi pour les siècles à venir : le Pic d’Obsidienne. C’était une montagne aussi effilée qu’une aiguille à son sommet et dont les entrailles renfermaient une grotte aussi grande qu’une ville humaine. C’était parfait ! Je pouvais ainsi m’y aventurer et en plus, y stocker les trésors que je comptais accumuler dans l’avenir. C’était juste ce que je voulais. En plus la faune et la flore étaient plutôt abondante dans les environs et je pourrai assez facilement me nourrir. Sauf que je n’avais pas pensé à un détail : comment allais-je amasser ces trésors ? Il n’allait certainement pas venir à moi tout seul… Je passai plusieurs semaines à y réfléchir, mais rien ne vint. Pas la moindre petite idée. Je ne me voyais pas faire du commerce, et j’aurais vendu quoi et à qui déjà, et encore moins commencer à creuser la terre pour trouver directement de l’or.

Je commençais à désespérer de ne rien trouver, quand la solution vint jusqu’à moi. C’était un autre Dragon qui m’avait vu quelques semaines auparavant et il avait besoin de mon aide. Il était même prêt à me payer en or pour que je lui offre mon assistance. Je compris alors que j’avais trouvé la méthode qu’il me correspondait : j’allais devenir un mercenaire comme disait les Humains. On viendrait me trouver pour que je tue ou protège quelqu’un, selon l’envie du client, et ce dernier me payerait en or pour mes services. C’était parfait ! Encore une fois, mon génie avait frappé.

Je suivis alors le jeune dragon, qui devait avoir mon âge environ, tandis qu’il m’expliquait son plan. Il avait découvert qu’un trésor était gardé par un autre dragon et qu’un grimoire de magie en faisait partie. Tout l’or pouvait être à moi si je le voulais. Et bien sûr que je le voulais ! Je n’allais pas faire ça gratuitement… Au bout d’une demi-journée de vol, nous finîmes par arriver sur les lieux et je compris mieux pourquoi il avait besoin de mon aide. Le dragon en question n’habitait pas une montagne, mais un complexe de grottes dont l’entrée était sous-marine. Il avait besoin que je distraie notre cible pendant qu’il passait derrière lui. Je réfléchis quelques minutes à mon plan d’action et acceptai de faire ce qu’il me demandait. Ce n’était pas un peu d’eau qui allait m’effrayer.

Sans une once d’hésitation, je plongeai dans l’eau salée après avoir retenu mon souffle et je partis à l’assaut de la grotte principale. À peine, avais-je émergé de l’eau qu’un tir à haute pression fonça droit sur moi. J’eus tout juste le temps de l’esquiver qu’un second fonçait droit sur moi. Mais j’étais préparé. Je crachai alors les flammes les plus chaudes que j’eus jamais produites et l’eau s’évapora immédiatement à son contact. Il ne pouvait plus rien faire contre moi. Je tins comme ça pendant de longues minutes jusqu’à ce que je voie mon adversaire s’écrouler face à moi : mon allié avait fait sa part. J’arrêtai alors mon torrent de flamme et me dirigeai vers mon trésor. Il y avait des milliers de pièces d’or et je n’avais aucune idée de comment un si jeune dragon pouvait avoir un aussi gros butin. Mais ce n’était plus mon problème, alors je chassai cette idée de ma tête.

De son côté, l’autre dragon s’était rué sur le grimoire qui posait fièrement sur un piédestal. Je l’entendis alors parler pour lui-même. Il voulait se venger d’un puceron à l’aide de la magie qui était contenue dans le livre. D’un puceron qui faisait de la magie avec des mots. Je compris alors de qui il parlait, il n’y avait qu’une Crevette qui faisait de la magie qui pouvait être aussi énervante. C’était mon frère… Pendant quelques secondes, j’hésitai à lui reprendre le livre des pattes mais ce qu’il avait fait me revint en mémoire et je ravisai immédiatement. Il le méritait bien. Je n’avais pas envie de me venger par moi-même, je n’avais pas de temps à lui consacrer, mais si quelqu’un le faisait je pouvais toujours m’en réjouir ! Je rassemblai alors mon trésor, souhaitai bonne chance dans sa vengeance au dragon et m’envolai. Ce soir-là, je dormis comme un dragonneau sur mes pièces d’or. Je me demandais bien ce qu’il lui réservait comme vengeance…