Il a pris sa retraite du mercenariat il y a deux ans avec l'intention de vraiment se poser. Genre vraiment... pour de vrai. S'il devait sortir de sa petite cabane de retraite, ce serait seulement par nécessité. Pour vendre ses légumes, par exemple, ou pour refaire ses provisions.

Jamais aurait-il imaginé devoir remettre son armure pour partir en chasse. Et certainement pas à cause d'une poule géante. Le crime qui a initié tout ça peut paraître inoffensif pour les créatures sans code d'honneur, mais Zenkûga le prend très au sérieux. Le fait que son retour en tenue de combat est dû à quelques vulgaires carottes importe peu. La conclusion de sa logique d'orc veut tout simplement de la vengeance et s'il ne trouve pas le voleur de carottes, Zen restera sur sa soif.

Et voilà qui nous emmène à aujourd'hui.

Bien qu'il est parti tôt ce matin, Zen n'a pas encore trouvé de piste. C'est difficile quand ta proie est une poule. De mémoire ces bestioles ne savent pas voler, mais visiblement les poules géantes ont des talents différents. La pleine lune commence déjà à lui faire coucou parmi les feuillages mais l'orc n'est pas encore fatigué. Vieux, oui, certainement. Mais en forme !

Il fallait que je fasse à nouveau le plein de provisions. Après une journée de chasse je n'ai attrapé que deux lapins maigres. Il est déjà tard et je suis sur le chemin du retour. D'un coup Minou s'arrête et regarde dans une direction. J'attrape silencieusement mon arc. Une proie ? Si je pouvais avoir quelque chose de plus gros, ce serait parfait ! Je bande mon arc, visant dans la direction où Minou regarde.

Dans l'obscurité il peut tout à fait ressembler à une grosse bête. Il sifflote pas, mache lentement, casse les branches sous ses gros pieds, sans peur d'attirer l'attention d'animaux, bestioles magiques ou créatures. Zenkûga est un vétéran. Il a tué des dragons et a porté leurs dents autour de son cou en guise de trophée. Les animaux de la forêt ne le font pas peur.

Les poils de Minou se hérissent. J'entends les bruits de pas, les branches qui se cassent. C'est vraiment gros. Mon familier n'a pas l'air tranquille. Un prédateur ? Un loup ? Ou bien un Orc ? Même s'ils sont rares ici, il n'est pas impossible d'en croiser un. J'entrevois une silhouette entre le feuillage. Je vise et la flèche part.

HRP:

C'est un bruit familier. Le son de quelqu'un qui relâche une flèche, puis le FFFFIIIII à côté de l'oreille. Zen a tout juste le bon réflexe. Il se baisse rapidement et la flèche manque sa cible. Ca ne peut être une attaque du poulet géant. Zen a du mal à visualiser comment une poule pourrait tenir un arc. Un paladin alors ? Il retire la hache qu'est attaché à sa ceinture et attend.

La flèche semble avoir raté. Plus rien ne bouge d'un coup. Ce n'est définitivement pas un animal, sinon il se serait enfuit. Alors un Orc ? Ou un Troll ? Si j'ai tiré sur quelqu'un, je risque de m'attirer des ennuis. Pire, on risque de m'attaquer. Un regard vers Minou et il comprend. Il se dirige vers la zone où l'on a entendu les pas, il s'approche discrètement et furtivement. Moi, j'attends.

Il y a les bruitages habituels autour de lui. Buissons, animaux de la forêt, vent dans les arbres... Rien qui ne pourrait lui tirer une flèche. Quelqu'un se veut très discret. L'orc renifle. Son sens de l'odorat n'est pas encore complètement inutile. Les elfes ça pue toujours le shampoing. Les trolls ça pue le... ça pue. Rien de tout ça. Tant pis. Tentons une autre stratégie. QUI VOULOIR TUER ZENKÛGA ?

Ah ça s'énerve. Que faire ? Minou regarde dans ma direction l'air interrogateur. Est-ce qu'il continue ou il me laisse répondre ? Je me gratte un peu la tête. Essayons peut être la politesse. Peut être, je dis bien "peut être" que cet homme ne me tuera pas. Je ne le vois pas encore bien, je reste sur mon hypothèse d'un troll ou d'un orc. Je me relève en rageant mon arc.

Je pensais plutôt avoir tiré sur un ours. Je me suis trompée.

Révélation du coupable ! C'est une humaine qui sort des buissons. Armé d'un arc (il n'aime pas cet arme) et d'un... c'est quoi ça ? Un chat ? Heureusement, elle l'avait comparé à un ours. Grands monstres des bois. Zen aimait bien les ours. Moi pas être si poilu !